Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Gare routière Est: L'agonie

par Abdelkrim Zerzouri

Les âmes sensibles vomiront leurs entrailles avant de monter dans les bus ou les taxis. La gare routière «Est» souffre de tous les maux, et ne peut plus offrir jusqu'au plus élémentaire des services aux voyageurs.

La saleté repoussante vous prend à la gorge dès que vous pénétrez à l'intérieur de la bâtisse qui sert de lieu d'attente des voyageurs. C'est une honte pour toute la ville de Constantine. Le parterre est recouvert d'une épaisse couche de crasse, les vitres sont toutes cassées, des ordures s'amoncellent partout, plusieurs coins sont transformés carrément en urinoirs publics, tout pousse à l'indignation, à la révolte, contre ce laisser-aller qui ne peut être que synonyme de manque de respect à l'égard du citoyen, de la part des responsables qui devraient normalement se charger de la gestion de cet endroit. Mais, y a-t-il vraiment une structure à laquelle se trouve confiée la gestion des lieux, du moins sur le plan de l'hygiène et l'assainissement ? «On n'a pas fini de dénoncer la dégradation alarmante de ce lieu, par où passent au quotidien des centaines, voire des milliers de personnes par ces temps de départs massifs en vacances, sans qu'on daigne bouger le petit doigt pour débarrasser la poussière», se plaignent des taxieurs inter-wilayas en activité depuis des années. Ces derniers ne manqueront pas de signaler un autre problème qui vient se greffer à la calamité environnementale, les réfugiés subsahariens, en l'occurrence, qui ont élu domicile à la gare routière, accentuant davantage la désolation et la dépravation des lieux. «Les Subsahariens font désormais partie intégrante des lieux», indiquent nos interlocuteurs, ils sont là en camping, avec des feux de bois, des habits lavés et placés à sécher au soleil sur les clôtures, et des va-et-vient qui créent tout un mouvement cacophonique dans une gare à l'agonie. On se complaît dans cette situation du côté de la municipalité. On ose même pas parler d'une «prochaine opération de réhabilitation de la gare routière», à coups de milliards de centimes, alors qu'on n'a pas pensé au plus urgent, à nettoyer cette gare de toute la crasse qui l'étouffe à travers des actions à mener chaque jour, selon un planning régulier. «Laissons de côté les études et les esquisses d'une gare rénovée avec des escaliers roulants, des salles d'attente confortables, des services adéquats, des cafétérias avec des tables et des tasses en verre, et accédons seulement au minima de la revendication des citoyens, celle de garder au lieu sa «propreté», voilà où en est arrivé l'exigence des milliers de voyageurs qui passent par cette gare. Enfin, pas uniquement au niveau de cette gare, celle située à Boussouf souffre des mêmes tares, ainsi que tous les lieux qui servent de transit aux voyageurs. Et l'on craint que le laxisme ne soit une seconde nature, et entacher de ses médiocrités une autre structure ?'flambant neuf» qu'on s'apprête à réceptionner à Ali Mendjeli.