Les âmes sensibles vomiront leurs entrailles avant de monter dans les bus
ou les taxis. La gare routière «Est» souffre de tous les maux, et ne peut plus
offrir jusqu'au plus élémentaire des services aux voyageurs.
La saleté repoussante vous prend à la gorge dès que vous pénétrez à
l'intérieur de la bâtisse qui sert de lieu d'attente des voyageurs. C'est une
honte pour toute la ville de Constantine. Le parterre est recouvert d'une
épaisse couche de crasse, les vitres sont toutes cassées, des ordures
s'amoncellent partout, plusieurs coins sont transformés carrément en urinoirs
publics, tout pousse à l'indignation, à la révolte, contre ce laisser-aller qui
ne peut être que synonyme de manque de respect à l'égard du citoyen, de la part
des responsables qui devraient normalement se charger de la gestion de cet
endroit. Mais, y a-t-il vraiment une structure à laquelle se trouve confiée la
gestion des lieux, du moins sur le plan de l'hygiène et l'assainissement ? «On
n'a pas fini de dénoncer la dégradation alarmante de ce lieu, par où passent au
quotidien des centaines, voire des milliers de personnes par ces temps de
départs massifs en vacances, sans qu'on daigne bouger le petit doigt pour
débarrasser la poussière», se plaignent des taxieurs inter-wilayas en activité
depuis des années. Ces derniers ne manqueront pas de signaler un autre problème
qui vient se greffer à la calamité environnementale, les réfugiés subsahariens,
en l'occurrence, qui ont élu domicile à la gare routière, accentuant davantage
la désolation et la dépravation des lieux. «Les Subsahariens font désormais
partie intégrante des lieux», indiquent nos interlocuteurs, ils sont là en
camping, avec des feux de bois, des habits lavés et placés à sécher au soleil
sur les clôtures, et des va-et-vient qui créent tout un mouvement cacophonique
dans une gare à l'agonie. On se complaît dans cette situation du côté de la
municipalité. On ose même pas parler d'une «prochaine opération de
réhabilitation de la gare routière», à coups de milliards de centimes, alors
qu'on n'a pas pensé au plus urgent, à nettoyer cette gare de toute la crasse
qui l'étouffe à travers des actions à mener chaque jour, selon un planning
régulier. «Laissons de côté les études et les esquisses d'une gare rénovée avec
des escaliers roulants, des salles d'attente confortables, des services
adéquats, des cafétérias avec des tables et des tasses en verre, et accédons
seulement au minima de la revendication des citoyens, celle de garder au lieu
sa «propreté», voilà où en est arrivé l'exigence des milliers de voyageurs qui
passent par cette gare. Enfin, pas uniquement au niveau de cette gare, celle
située à Boussouf souffre des mêmes tares, ainsi que tous les lieux qui servent
de transit aux voyageurs. Et l'on craint que le laxisme ne soit une seconde
nature, et entacher de ses médiocrités une autre structure ?'flambant neuf»
qu'on s'apprête à réceptionner à Ali Mendjeli.