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Les salles des fêtes font le plein

par Abdelkrim Zerzouri

Coups de baroud, klaxons et youyous fusent de partout. C'est le mois des fêtes de mariage, un véritable boom à travers les cités.

Le «creux» imposé lors du mois de Ramadhan, qui a coïncidé avec tout le mois de juillet dernier, a automatiquement obligé les familles à reporter toutes les fêtes pour ce mois d'août, provoquant une pression considérable au niveau de «tout ce qui va avec» la fête. «J'ai remué ciel et terre pour trouver une robe de mariée à louer pour ma fille, hélas, tous les magasins qui exercent ce commerce n'ont plus aucune robe disponible pour tout le mois d'août», s'est lamentée une dame. Pareil pour les «m'naouliates» (cuisinières), les salles des fêtes, les disc-jockeys dont les programmes du mois d'août sont saturés. Et, pour être saturé, c'est tout le mois d'août qui l'est. Naguère, on célébrait les fêtes durant les week-ends, mais les temps ont radicalement changé et pas seulement sur ce plan. Aujourd'hui, on fait peu cas de cette considération des jours de repos pour organiser une fête, tous les jours de la semaine s'y prêtent. Parfois, la programmation du jour de la célébration d'un mariage obéit en premier lieu à l'accord de location de la salle des fêtes. «La bousculade est grande pour avoir un rendez-vous comme on le souhaite», nous dira un père qui marie son fils dans les prochains jours. Ajoutant à ce propos qu'il a dû courir longtemps pour dénicher une salle des fêtes libre durant ce mois d'août et ce, malgré les prix excessifs pratiqués qui vont jusqu'à 7 millions pour une soirée. Presque tout le monde déclare sa «contrariété» à propos de cette mode qui exige presque que les fêtes de mariage soient célébrées dans des salles louées, loin du domicile familial et de la chaleur conviviale qu'il donne à ce genre de rencontre. «Maintenant, on se rend dans des salles des fêtes louées pour la circonstance, juste pour manger, se faire exploser les tympans par les décibels forts d'un disc-jockey et se disperser sur les routes pour regagner chacun son chez soi, avec un ouf de soulagement pour conclure la soirée», dira un père de famille sur un air moqueur. Pourtant, la pression est si grande sur les salles des fêtes qu'on ne trouverait pas une seule qui affiche une journée libre en ce mois d'août. C'est qu'en parallèle à ces répugnances étalées vis-à-vis des salles des fêtes, les ménages finissent toujours par y recourir. «C'est pratique, spacieux et moins de tracas pour la gent féminine, les organisatrices de la fête, qui ne sont plus confinées dans les cuisines», entonnent ceux qui plaident en faveur des salles des fêtes. «Et puis, avec une location dans une salle des fêtes, on n'a plus besoin d'aller immanquablement déranger les voisins pour leur demander de nous prêter leurs appartements pour recevoir nos invités», soulignent d'autres avis favorables à cette mode qui s'est ancrée dans les mœurs locales ces dernières années. Sur un autre plan, la concentration des fêtes de mariage durant ce mois d'août provoque, aussi, une certaine pression chez les invités potentiels.

Car, certains se trouvent invités à deux, voire trois fêtes, en même temps, et d'autres sont contraints de reprogrammer leurs départs en vacances lorsqu'il s'agit d'une invitation (d'un proche) qu'on ne peut décliner. Ainsi va ce mois d'août, tourments caniculaires, menus soucis qui accompagnent généralement les départs en vacances, casse-tête pour honorer des invitations aux fêtes de mariage et autres angoisses pour les organisateurs de ces fêtes, qui ne veulent à aucun prix décevoir leur monde d'invités.