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Crimes contre l'humanité à Gaza et en Irak mais une indignation sélective

par Kharroubi Habib

Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé jeudi son soutien au gouvernement irakien face à l'avancée de «l'Etat islamique» et s'est déclaré scandalisé par le sort des centaines de milliers de civils issus de minorités chassés par les djihadistes dans le nord de l'Irak et souligne que les persécutions contre ces minorités peuvent constituer des crimes contre l'humanité.

La célérité dont a fait preuve en la circonstance le Conseil de sécurité est bien ce qui est attendu de lui quand partout dans le monde se commettent des crimes de cette nature. Ce que «l'Etat islamique» fait subir en Irak aux minorités tombées sous sa coupe est incontestablement de l'ordre du crime contre l'humanité sous sa forme la plus barbare, celle de l'épuration et du génocide visant à éteindre leur présence dans le pays. Le Conseil de sécurité et la communauté internationale se doivent d'aller plus loin que la condamnation de ce qui se déroule en Irak en engageant des opérations de protection et de secours qui empêcheraient «l'Etat islamique» de réaliser son sinistre projet.

Mais il n'est pas de crime contre l'humanité moins condamnable qu'un autre. Et c'est pourtant ce que semble considérer le Conseil de sécurité qui se fait silencieux alors qu'à Gaza se commet par Israël un crime contre l'humanité d'amplitude dans la barbarie aussi grande que celui qu'il a dénoncé pour l'Irak. Depuis plus d'un mois que la population gazaouie est soumise au carnage, qu'elle est confrontée à une catastrophe humanitaire indicible, cela d'autant que cette population n'a même la possibilité de fuir la bande de gaza avec l'espoir d'échapper aux bombardements incessants dont elle est la cible, l'on n'a pas entendu durant tout ce temps ce Conseil de sécurité dont certains membres ont ouvertement pris fait et cause pour ceux qui commettent le crime de guerre, sauf pour leur demander d'observer de la «retenue».

Comment ne pas voir dans le comportement du Conseil de sécurité à l'égard de ce qui se passe à Gaza et en Irak qu'il a opté paralysé par d'inacceptables raisons pour la politique des deux poids deux mesures. Laisser faire dans le premier cas, réagir fermement et donner son aval à des interventions internationales dans le second. Les milliers de morts palestiniens et le massacre qui se poursuit à Gaza pèsent à l'évidence moins sur la conscience du Conseil de sécurité que la menace qui plane sur les minorités en Irak. Le silence et l'inertie du Conseil de sécurité devant la tragédie qui se déroule à Gaza sont un crime aussi inexpugnable que celui dont Israël est coupable.

Le traitement inhumain que «l'Etat islamique» inflige aux minorités en Irak et en Syrie est une barbarie intégrale, génocidaire, celui qu'Israël inflige à la population gazaouie l'est tout autant. Seul le Conseil de sécurité semble faire une distinction de nature entre les deux. Dans leur malheur et leur épreuve, les minorités en Irak ont une lueur d'espoir, celle que la communauté internationale instruite par le Conseil de sécurité se mobilise pour leur porter secours. Dans les leurs, les Palestiniens à Gaza sont terriblement seuls, abandonnés par ce Conseil de sécurité qui regarde ailleurs et décourage toute initiative visant à l'implication internationale sous l'égide de l'ONU autrement que par les palabres diplomatiques qui mettent sur un plan d'égalité les exigences des génocidaires et les revendications de leurs victimes.