Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Des espaces verts à l'abandon

par J. Boukraâ

A Oran, même s'il reste encore beaucoup à faire pour une ville qui aspire à un avenir plus vert, les efforts fournis, ces deux dernières années, pour la protection de l'environnement et l'amélioration du cadre de vie méritent d'être soulignés. Des efforts ont été déployés par les autorités locales pour réhabiliter et créer de nouveaux espaces verts. Toutefois, une virée au niveau de ces sites renseigne sur le peu d'intérêt accordé à la sauvegarde de ces nouveaux aménagements, car les sites se trouvent dépourvus de gardiens et, donc, livrés à l'incivisme de certains citoyens peu soucieux de l'environnement. Cette situation est aussi observée du coté de la cité des 1.118 logements de Maraval. Un jardin avec des jeux pour enfants, réceptionné depuis plusieurs années, est fermé sans raison apparente. Les mauvaises herbes sont tellement denses qu'on s'y perdrait. Le soir, cette aire de jeu et de détente est transformée par certains individus en un bar sous les étoiles. Des parents et des riverains de ces lieux, censés être de détente et de bien-être, souhaiteraient vivement que les responsables locaux s'en occupent un peu plus. Pour eux, l'idéal serait de changer les jeux cassés par de nouveaux, qui seraient plus résistants et plus agréables, ainsi qu'une équipe de nettoyage et d'entretien et de gardiennage soit affectée en permanence pour éviter toute dégradation ou mauvaise utilisation des ces aires. Ce cas n'est pas isolé puisque d'autres espaces connaissent le même sort. Plusieurs espaces publics ont été aménagés pour recevoir des familles et autres citoyens en quête de quiétude. Malheureusement, ces joyaux de verdure sont squattés par des SDF, des délinquants, voire des ivrognes, à longueur de journée. C'est le cas de l'espace vert situé à hauteur du pont Henri Huc, non loin de l'hôtel Houna. Devenu un lieu de regroupement de SDF, d'alcooliques et autres délinquants, qui s'adonnent librement et pleinement même durant la journée à la boisson, créant ainsi un climat d'insécurité et d'insalubrité, puisque ces délinquants alcooliques n'éprouvent aucune gêne ni honte à jeter des bouteilles et des canettes de bière et autres spiritueux au milieu de ces espaces verts et ce, au vu et au su de tout le monde. La place Jeanne d'Arc, à proximité de la médiathèque, est devenue, aujourd'hui, un «dortoir» pour les SDF et les clochards de la ville, offrant un spectacle des plus désolants.

Parmi ces aires de détente qui ont besoin de réhabilitation, il y a lieu de citer aussi celui de Sidi Senouci. Véritable joyau de par son emplacement quasi féerique et de surcroît dans un quartier où il fait bon vivre, il est en totale déperdition. Ses différents jeux sont à la limite de la dégradation qui mène à la casse. Les toboggans sont cassés et troués. Il est impossible pour les enfants de faire des glissades. Les balançoires sont soit sans selles pour que les chérubins s'assoient ou détachées de leurs supports. Aucune fleur ou gazon n'y poussent. Des mégots de cigarettes et des cannettes vides jonchent les lieux. On y trouve même des tessons de bouteilles, qui risquent de causer de graves blessures aux enfants. Et pourtant, cela ne fait pas longtemps que l'espace a été rénové. En 2007, une loi sur la définition des règles de gestion, de protection et de développement des espaces verts, avec pour objectif l'amélioration du cadre de vie urbain, l'entretien, l'amélioration et le développement de la qualité des espaces verts a été adoptée. Cette loi de 42 articles catégorise les espaces verts, identifie les obligations de leur classement et les autorités de gestion et fixe les descriptions de préservation. Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Pire encore, avec la prolifération des constructions en béton et des zones industrielles, le ratio en espaces verts par habitant à Oran ne dépasse pas 1,6 mètre carré, ce qui est loin des normes reconnues par les organisations internationales et qui sont de l'ordre de 10 m² par habitant.