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Gaza : Trêve de trois jours et négociations indirectes

par Yazid Alilat

La trêve de trois jours semblait être respectée par l'armée israélienne, hier mercredi, au lendemain d'un retrait total des blindés et troupes déployés à Gaza, alors que le bilan de l'agression contre la population palestinienne est lourd.

Quelque 1.875 Palestiniens ont été tués et plusieurs milliers d'autres ont été blessés et soignés sommairement dans des hôpitaux soumis à des raids aériens. Hier mercredi, le calme semblait revenir dans l'enclave de Gaza, complètement dévastée, en ruine après un mois d'intenses bombardements. Le calme et le silence des armes sont en fait le résultat d'un ras le bol généralisé et des dénonciations devenues virulentes des ONG de défense des droits de l'homme, relayées fatalement par les gouvernements occidentaux. Après le silence complice des deux premières semaines de bombardements, la réaction face à ce que la commission des Nations unies pour les droits de l'homme avait qualifié de ?'crimes de guerre à Gaza'', a été plus efficace au cours des 72 dernières heures, en particulier après le tollé général qui avait dénoncé les bombardements d'écoles de l'ONU. En France, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, un vaste mouvement de colère et d'indignation, vite repris par la classe politique, avait suivi les bombardements dans la bande de Gaza, dont des écoles, des mosquées et des maisons. Lundi soir, Israël et le Hamas avaient annoncé leur accord à une proposition de trêve formulée par l'Egypte. «De plus amples négociations» doivent à présent avoir lieu, a annoncé un responsable égyptien. Le cabinet de sécurité israélien s'est réuni mardi soir pendant près de six heures, selon les médias, pour évoquer les négociations en cours en vue d'une trêve durable. Pour l'instant, l'accord de cessez-le-feu «ne prévoit que le retour au calme», a rappelé Yigal Palmor, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, saluant la trêve, a pressé les belligérants de la respecter. Les Etats-Unis, une des parties prenantes de ce conflit, ont indiqué qu'ils participeraient «probablement» aux négociations entre Israéliens et Palestiniens au Caire, le secrétaire d'Etat John Kerry appelant à aborder à cette occasion «les questions cruciales à plus long terme». A Londres, des députés ont appelé le gouvernement à accentuer la pression sur Israël pour lever les restrictions de circulation imposées aux habitants de Gaza qu'ils ont qualifiées de «disproportionnées» et contraires au droit international, dans un rapport publié mercredi. Ce rapport de la commission parlementaire pour le développement international sort au lendemain de la démission surprise de la secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangères, Sayeeda Warsi, disant ne plus pouvoir «soutenir la politique du gouvernement sur Gaza» qu'elle a qualifiée de «moralement indéfendable». «Le cessez-le-feu est maintenant en vigueur, espérons-le, d'une manière qui permette aux parties de venir à la table pour non seulement discuter d'un cessez-le-feu durable, mais aussi de questions cruciales à plus long terme sur la manière dont nous allons faire la paix», a souligné John Kerry à la BBC World News.

Dans la capitale égyptienne, les négociations pour la fin de l'agression israélienne et l'ouverture d'un dialogue ouvrant la voie à une normalisation de la situation à Gaza, avec notamment l'ouverture des points de passage, ont débuté sous les auspices de l'Egypte. Des médiateurs égyptiens ont relayé mercredi auprès des négociateurs palestiniens les exigences des Israéliens dans le cadre de ces pourparlers en vue d'une trêve durable à Gaza, au-delà du cessez-le-feu de 72 heures entamé mardi. Pour autant, les conditions des deux parties restent impossibles, sinon difficiles à satisfaire. Comme cette exigence d'Israël et des Etats-Unis de démilitarisation des groupes de la résistance palestinienne, ce qui est une exigence impossible.

NEGOCIATIONS AU CAIRE

Un des responsables du Hamas et membre de la délégation de négociateurs palestiniens a catégoriquement rejeté cette condition, la principale posée par les Israéliens pour une trêve prolongée. «Nous tuerons quiconque tente de prendre nos armes», a juré Ezzat al-Rishq. Il a précisé que le Hamas ne tiendrait même pas compte de la demande israélienne de déposer les armes, en particulier les roquettes. Les Palestiniens exigent en outre la fin de huit années d'un blocus qui a tué l'économie de Gaza et appauvri sa population, ainsi que l'élargissement de la zone de pêche pour les bateaux palestiniens. Dans la nuit de mardi, les médiateurs égyptiens, de hauts responsables du renseignement, avaient rencontré les négociateurs israéliens. L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, émissaire du Quartette (ONU, Union européenne, Etats-Unis, Russie) pour le Proche-Orient, était attendu hier mercredi au Caire en compagnie du coordinateur de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry où ils devaient s'entretenir dans la soirée avec les médiateurs égyptiens. La guerre totale décrétée par Israël depuis le 8 juillet dernier pour venger trois israéliens tués par un groupe inconnu, contre la population de Gaza au cours de l'opération ?'Bordure Protectrice'' que beaucoup d'observateurs ont assimilée à une seconde colonisation de l'enclave, a tué 1.875 Palestiniens, dont 430 enfants et adolescents et 243 femmes. La résistance palestinienne a réussi à tuer 64 soldats israéliens et fait plus d'une centaine de blessés. Et, à la faveur de la trêve, les Gazaouis ont commencé à quitter les abris des Nations unies pour tenter de regagner leurs quartiers malgré les dévastations de quatre semaines de bombardements.