Quand on perd la raison, la vie ressemble étrangement à une lugubre
prison, où même le printemps n'est plus cette gaie saison. En effet, la raison
demeure l'élément primordial pour la réussite de tout projet. Elle est la sève
nourricière du cerveau et c'est encore elle qui procure la joie et la
jouissance du cœur et de l'âme. La raison est ce parfum suave qui berce
l'esprit et qui embaume le corps.
C 'est elle qui guérit les blessures et c'est encore elle, qui ôte le
voile de la rancune en purifiant le sang e en tuant les idées noires. La raison
est ce beau sourire qui erre sur toutes lèvres. Elle est ce repos d'une sieste
et cette satisfaction après une réussite. La raison est cette tiédeur qui se
dégage des paisibles maisons, où les disputes n'ont pas avec elles des
liaisons. La raison est la reine des cervelles qui se rappellent souvent les
oraisons. Celles qui pensent au grand départ et qui savent que cette vie n'est
qu'une courte saison. Et oui, la raison est la mère qui protège contre le feu
de la colère et c'est encore elle, qui sauve les nations contre les guerres.
C'est elle qui conduit à la gloire et c'est encore elle, qui fait descendre les
imprudents aux enfers. C'est la raison qui stabilise les ménages et c'est
toujours elle qui peut rendre la vie douce et agréable tel un tour de manège.
Et oui, la raison est ce soleil qui dissipe les brouillards et qui sème la
liesse dans les regards. La raison est tout ce qui est beau et sincère. C'est
elle la naïveté et l'innocence. C'est elle le fond et l'essence de l'existence.
La raison n'est qu'une bougie qui aide celui qui agit. En effet, les autres
nations ont su accorder une grande importance à la raison et c'est grâce à elle
qu'ils ont pu atteindre ce niveau de vie et toute cette technologie. Ils ont actuellement
un mode de vie plus sophistiqué que le notre. Ils ont le savoir et le savoir
vivre. Ils ont l'éducation, le respect de l'autre, de la vie, l'ouverture
d'esprit, la tolérance, le pardon, l'honnêteté, l'amour du travail et tant
d'autres vertus que nous avions nous aussi, mais que nous avons égaré. Ils ont
tous les principes de notre religion, et nous par contre on tente de piquer
tous leurs défauts. Beaucoup de nos jeunes imitent leurs coupes de cheveux,
leurs vêtements, sans évoquer les piercings et les tatouages qui sont à la
mode. On ne tente jamais d'imiter leur soif du savoir, ni leur volonté à être
toujours les meilleurs. On ne tentera jamais à leur voler la sagesse et cette
gentillesse débordante. On essayera jamais à vénérer la lecture qui demeure la
seule voie possible pour accéder aux technologies. On ne tentera jamais
l'expérience qui hissera au pouvoir des individus intègres qui feraient de
leurs pays des Etats prospères et réellement indépendants. On ne tentera jamais
l'expérience qui va ouvrir les portes aux cervelles qui œuvrent pour des pays
occidentaux. On ne tentera jamais l'aventure qui donnera naissance à cette
chose qu'on nomme: la raison. Et oui, dans les pays arabes on a peur du nouveau
et de tous les penseurs. Dans les pays arabes, les régimes ont la phobie du
changement et du nouveau. On aime voir les pénuries de pain et de lait. On aime
voir les jeunes se bagarrer avec les ennuis. On aime voir les deuils, les vols
les kidnappings et les viols. On aime voir les larmes et le langage des lames.
On aime voir les cris, les soupirs, les prières, les insultes mais jamais les
écrits qui dérangent. On aime voir les gens dans la gadoue et les mendiants
partout. Les gouverneurs arabes ont la peur du renversement. Ils ont peur de
tout perdre et ne font que du bricolage, car ils savent qu'un réel décollage
exige le départ de tout ce monde qui a vidé les sols et qui a chassé tous les
trésors. Ils savent pertinemment, qu'ils n'ont pas su gérer leurs indépendances
et qu'ils n'ont pas de vraies armées, mais juste une cruelle police. Ils savent
que la corruption est dans toutes les institutions et que le mal de la discorde
menace toutes ces nations. Les gouverneurs arabes savent qu'ils ont échoué,
mais ils préfèrent temporiser, au lieu de faire appelle à la raison. Nos amis
aiment les titres et les honneurs. Ils aiment les suites et les sorties avec
escortes. Ils aiment les soirées arrosées et les promenades à Londres, New-York
et Paris. Ils aiment les jeux, les défis et les paris. Nos amis sont capables
de mettre tout leur peuple en prison, car c'est eux qui ont toujours raison.
Nos amis les gouverneurs aiment les louanges et les compliments et détestent
les opposants et toutes leurs critiques. Toutes ces fuites en avant ont fait
reculer les nations arabes au point de départ et la preuve de la défaillance de
ces systèmes demeure dans le mutisme suite à l'agression de cette Ourse sauvage
contre Ghaza. Aucun Etat arabe n'était en mesure de hausser le ton contre cette
bête sauvage qui avait frappé avec rage des femmes et des enfants en bas âges.
En effet, tous les Etats arabes sont sur le bord du gouffre de la guerre
civile. Presque tous les Etats arabes ont des problèmes sécuritaires et
alimentaires. Tous les jeunes arabes ont l'impression de vivre dans des
ghettos. Le travail est rare et le logement un rêve inaccessible pour les
pauvres démunis. Et c'est là, où investissent les âmes sans consciences. C'est
là, où commence le voyage vers l'enfer. C'est chez les morts vivants, où le
désordre commence. C'est là, où les ennemis de l'unité vont chercher des
cobayes pour les inciter à brûler leurs cités. C'est là, où les recrutements se
font et c'est avec des fatwas bidons qu'on arrive à enlever la raison à des
jeunes qui vont mourir en tuant leur frère. C'est toujours, la guerre civile
chez une nation qui ne veut pas revoir sa carte de route. Une nation qui accuse
les autres, mais qui ne fait rien pour arrêter sa course loufoque et
s'autocorriger. Une nation qui crie au loup, mais qui refuse de se soumettre aux
conseils des sages. Une nation qui aime le désordre et le repos. Une nation qui
triche et qui ne prépare rien sur ses fiches. Une nation qui dépense trop pour
les caprices de sa panse. Et oui, les pays arabes sont devenus les pays de la
frime, du repos et des clans. On cherche à paraître sage et généreux. On
cherche aussi le prix Nobel, alors que les pauvres visitent encore les
poubelles. Comment vaincre ce désordre et tout ce dérèglement? Comment peut-on
mettre en place de nouvelles habitudes et de nouveaux règlements? Il ne s'agit
pas d'une opération de distribution d'argent ou de logement, mais de
l'installation de nouvelles habitudes et de nouveaux comportements sociaux.
C'est le retour à nos valeurs et mœurs d'antan. C'est le retour à la source qui
demeure notre seule issue de secours. C'est la mise en place d'un système
éducatif qui revalorise le travail, la tolérance, l'amour des autres, de la
vie, du respect des grands et des voisins. C'est l'incitation au respect de la
loi et des droits des autres. C'est la valorisation du savoir et non pas
l'ouverture des universités pour juste absorber les colères des rues. C'est par
la récompense qu'on motive et qu'on crée l'émulation chez les élèves et les
étudiants. C'est par la mise en place d'une instruction de qualité que les
Etats arabes peuvent vaincre le spectre de la famine, de la drogue, de la
délinquance juvénile et surtout du terrorisme. C'est par une coopération dans
tous les domaines et où les Etats arabes riches peuvent venir en aide à leurs
frères de sang. C'est par l'ouverture des frontières que nous pourrons vaincre
les haines et les disputes anciennes. C'est par l'application d'une justice
équitable qui tranchera correctement entre un pauvre et un notable qu'on peut
chasser les incapables. Nous avons tout pour réussir et ce qui nous manque
demeure cette volonté de vaincre nos craintes et nos peurs. Cette volonté de
dire non aux anciennes pratiques qui ont fait de nous des tarés, des retardés
et des bons à rien. C'est le moment de nous unir sur un projet de société
moderne qui chassera le médiocre et qui ouvrira la porte d'une nouvelle époque.
Une ère qui verra la naissance de nouvelles républiques où nous seront les
héros et non pas des acteurs comiques. Et oui, quand une nation perd sa raison,
c'est aux sages que revient la tâche de lui procurer une guérison.