Des habitants de Mekhatria, dans la wilaya de Aïn Defla, ont procédé, ce week-end, à une «inauguration forcée» de la nouvelle route qui relie leur village au chef-lieu de wilaya, sur une distance de trois kilomètres. La nouvelle route permet de rallier Mekhatria à Aïn Defla en moins de cinq minutes, avec un pont qui enjambe l'oued Chéliff, contre une vingtaine de minutes par l'ancienne route, qui contraint les automobilistes à un long détour d'une quinzaine de kilomètres, avec un passage forcé par le marché sauvage de Oued Ebda, et une quinzaine de ralentisseurs érigés tout le long du trajet.

Le gros des travaux de la nouvelle route a été achevé, mais il reste encore des finitions, avec notamment des barrières de protection, en cours de réalisation, l'aménagement des trottoirs sur une partie du trajet, ainsi que les travaux d'éclairage. La route est toujours dépourvue de signalisation.

Des rumeurs avaient circulé sur une inauguration de cette route, très attendue, à l'occasion du 5 Juillet, mais il n'en fut rien. Les habitants, impatients, ont tenté une première fois de négocier le passage avec les dirigeants de l'entreprise qui réalise les travaux. Ceux-ci ont refusé, faisant valoir des questions de procédure et arguant que le chantier n'a pas encore été réceptionné. Ce dernier week-end, une rumeur a circulé selon laquelle des habitants auraient contacté de nouveau les dirigeants de l'entreprise pour leur signaler que des gens en colère étaient sur le point de forcer le passage, quitte à détruire les engins de l'entreprise si celle-ci maintient son refus d'ouvrir le passage.

Finalement, le patron de l'entreprise qui a réalisé les travaux, soucieux d'éviter tout incident, a préféré recourir à un compromis, en décidant d'ouvrir partiellement le passage. Il a en effet dégagé une partie du pont enjambant le Chéliff, aménageant un étroit passage pour permettre aux automobilistes de passer, mais il a fait disposer des blocs de béton sur le pont, pour réduire la vitesse.

D'autre part, les habitants de l'entrée de Mekhatria ont décidé de barrer la route avec de gros blocs de pierre, disposés sous forme de ralentisseurs, pour contraindre les automobilistes à rouler lentement. Ceux-ci sont contraints de slalomer à travers les blocs de pierre, ce qui ralentit d'autant la traversée du village, alors que la réalisation de la nouvelle route vise précisément à permettre de gagner du temps. Les autorités locales ont laissé faire, en l'absence de services de sécurité: la commune de Mekhatria ne comprend ni commissariat de police ni brigade de gendarmerie.