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Exporter la stabilité c'est bien, mais la consolider chez soi c'est mieux

par Kharroubi Habib

L'on ne peut que saluer et approuver la démarche diplomatique algérienne au plan régional consistant à offrir l'aide de l'Algérie pour la recherche de solutions aux crises auxquelles les pays voisins sont confrontés devenant des foyers de tension dont elle redoute légitimement la contagion à son propre territoire.

En agissant dans ce sens, l'Algérie est effectivement « exportatrice de stabilité » comme affirmé par son ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et reconnu par les parties à qui elle offre son aide et l'ensemble de ses partenaires internationaux. L'Algérie a tout intérêt bien évidemment à apporter sa contribution à la résolution par ses voisins des conflits et crises dont ils sont le théâtre. Elle leur prêche dans ce but le dialogue et la négociation seule voie susceptible de construire le consensus national sans lequel ils ne surmonteraient pas les situations déstabilisatrices qu'ils vivent.

Il y a cependant que l'Algérie elle-même est confrontée à des tensions internes qui sans revêtir l'intensité de celles auxquelles l'on assiste chez ses voisins, sont de potentiels déclencheurs d'explosions pouvant porter atteinte à sa souveraineté nationale et à son intégrité territoriale. Elle se doit elle aussi de veiller à construire un consensus national sur lequel s'appuyer pour mettre en échec les velléités qui visent à lui créer une situation de ce genre. De cet impératif en apparence, tant le pouvoir que l'ensemble de la classe politique en sont conscients de la nécessité de le réaliser. Sauf qu'ils divergent sur la voie à suivre pour y parvenir, comme démontré pas les visions qu'ils expriment sur le sujet.

Le dialogue que les autorités algériennes préconisent aux voisins ne serait-il pas d'actualité chez elles au vu de la crise politico-sociale qui y couve ? Assurément qu'il l'est. Mais autant ces autorités trouvent des vertus au dialogue qu'elles préconisent aux voisins de l'Algérie, autant elles le refusent dans le cas de la situation du pays. Des forces de l'opposition ont pourtant fait la proposition d'ouverture d'un dialogue national que le pouvoir a rejeté dans le « global et le détail » en arguant qu'il n'a pas lieu d'être car l'Algérie ne connaît pas de crise qui justifierait qu'on l'organise. Sa fin de non-recevoir est pourtant porteuse d'aggravation de la crise en Algérie qui existe bel et bien en dépit des dénégations du pouvoir.

L'autisme dont fait montre chez lui le pouvoir algérien pour ce qui est des propositions de dialogue national inclusif en vue de construire un consensus national démontre que s'il est prompt à le conseiller aux autres, il en récuse l'idée pour son propre compte. Ce que faisant il nourrit le pourrissement de la crise politico-sociale dont il ne veut pas en reconnaître la réalité.

Que l'Algérie soit exportatrice de stabilité chez les pays voisins est œuvre louable. Elle doit néanmoins avant tout s'assurer de sa propre stabilité et un dialogue national y contribuerait irrécusablement tant la préservation de cette stabilité est conditionnée par l'émergence d'un consensus sur ce qu'il y a lieu d'entreprendre de changements et de ruptures pour l'assurer. Des initiatives prises par le pouvoir pour censément construire un consensus national, il ressort qu'il est dans la persistance de son cavalier seul qui est totalement et absolument négateur du principe de consensus.