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Vision d'horreur de cadavres déchiquetés : Crime de guerre à Ghaza

par Yazid Alilat

L'agression israélienne contre la population palestinienne de la bande de Ghaza a gravi des degrés jamais atteints jusque-là dans l'horreur avec le massacre dimanche de la population du village de Chajaya au sud de Ghaza.

« Un crime de guerre», estime la Ligue arabe. Dimanche, plus de 80 Palestiniens sont morts dans les plus sanglants bombardements de l'armée israélienne contre ce quartier de l'enclave de Ghaza. Le gouvernement palestinien a dénoncé ?'un massacre atroce''. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé qu'Israël a surpassé ?'Hitler en barbarie''. «Ils maudissent Hitler jour et nuit, mais ils l'ont surpassé dans la barbarie... Ils n'ont ni humanité, ni conscience, ni honneur», a-t-il déclaré au cours d'un rassemblement de protestation contre le massacre des Palestiniens. Un déluge de feu, de bombes et d'obus de tous calibres pleuvaient sur les habitants de ce village depuis samedi soir, provoquant un exode massif des survivants. Des correspondants de presse ont vu des corps déchiquetés éparpillés dans les rues, un spectacle hallucinant. Selon les secours, un bilan non définitif faisait état de 80 victimes, parmi lesquelles 17 enfants, 14 femmes et 4 personnes âgées dans ces pilonnages des blindés israéliens. Chajaya est proche de la frontière avec Israël. Vers 13 heures, les secours sont entrés au village. Un convoi de 15 ambulances a pu accéder au village, et des images insoutenables ont montré des cadavres brûlés et déchiquetés, dont ceux d'enfants.

L'agression israélienne contre Ghaza se poursuivait dimanche, au lendemain d'une nuit sanglante avec 47 martyrs et plus de 300 blessés à la suite d'intenses bombardements. Parmi les nombreux morts figurent, le fils du dirigeant du Hamas, Khalil Al-Hiya, sa femme et ses deux filles tués dans un raid contre leur domicile à Chajaya. Les pires inquiétudes portent sur ce qui se passe à Chajaya, qualifié de massacre par les observateurs. L'armée israélienne avait demandé samedi aux habitants des quartiers d'Al-Boureij et Al-Maghazi (centre), Tourkman (nord), Al-Jadida et Chajaya d'évacuer leurs domiciles. Un appel qui sonne comme l'annonce d'intenses bombardements, comme celui de Chajaya de samedi et dimanche, l'entité sioniste ayant annoncé qu'elle allait intensifier ses bombardements. Fuyant ces exactions, ces massacres commis devant l'opinion internationale, près de 62.000 Palestiniens se sont réfugiés dans les établissements de l'ONU à Ghaza. Au moins 425 Palestiniens ont été tués à Ghaza depuis le début de l'agression sioniste lundi 8 juillet, en majorité des civils. Le chef des services de santé locaux, Youssef Abou Reesh a déclaré hier lors d'une conférence de presse à l'hôpital Chifa de la ville de Ghaza que plus de 210 personnes ont été également blessées à Chajaya depuis les premières heures de dimanche, mettant en garde contre «une catastrophe humanitaire» si les blessés et les morts encore sur place n'étaient évacués rapidement. De son côté, le ministre palestinien des Travaux publics et de l'Habitat Moufid El Hassania a indiqué que 1007 maisons ont été détruites par les bombardements israéliens, 915 autres et 17.460 appartements pareillement. Il a assuré que toutes les maisons détruites seront reconstruites. Selon l'observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme, l'aviation israélienne a également détruit depuis le début de l'agression 40 mosquées, et plus de six châteaux d'eau et stations de traitement des eaux desservant 600.000 habitants, et plus de 100 écoles

LA RESISTANCE S'ORGANISE

Pour autant, la résistance palestinienne a marqué de nombreux points. Au moins sept soldats israéliens on été tués depuis le début de l'opération terrestre contre Ghaza, selon la radio israélienne. L'armée israélienne a déclaré dimanche que deux nouveaux soldats avaient été tués dans des combats dans la bande Gaza, portant le total des Israéliens tués à sept. Les deux soldats ont été tués respectivement par un missile anti-char et dans un échange de tir à l'arme légère. La chaîne libanaise du Hezbollah El Manar rapporte de son côté qu'un combattant de la résistance palestinienne s'est fait exploser dans un char israélien le détruisant totalement, ce qui porte à huit le nombre de blindés militaires israéliens détruits.

Auparavant, l'armée israélienne avait annoncé avoir perdu deux soldats lors de combats pour repousser un commando palestinien qui s'était infiltré en «Israël» via un tunnel provenant du centre de la bande de Gaza. Un combattant a aussi été tué. La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a revendiqué de son côté deux opérations «derrière les lignes ennemies», en territoire israélien, affirmant avoir tué 11 soldats en tout. Elles ont diffusé une vidéo de deux fusils pris aux soldats israéliens.

DIPLOMATIE DES PETITS PAS

Sur le front diplomatique, d'intenses efforts sont par ailleurs déployés pour amener l'entité sioniste à mettre fin à son agression contre le peuple palestinien et stopper les bombardements contre les villages de la bande de Ghaza. Il s'agit particulièrement d'une énorme pression internationale sur le mouvement Hamas pour qu'il accepte en quelque sorte une ?'paix des braves'' où il est perdant d'avance devant l'intransigeance israélienne. Dimanche, il a remis ses conditions d'une trêve avec Israël à l'Egypte, au Qatar, à la Turquie, à la Ligue arabe et au président palestinien Mahmoud Abbas. «Le Hamas a donné les revendications de la Résistance palestinienne à toutes les parties intéressées, y compris le Qatar, la Turquie, la Ligue arabe ainsi que Mahmoud Abbas», a déclaré un porte-parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhoum. M. Barhoum a précisé que l'Egypte, précédemment médiatrice entre Israël et le Hamas, avait été aussi informée. De son côté, le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas devait rencontrer dimanche à Doha le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, pour discuter d'un cessez-le-feu à Ghaza. Selon un haut responsable du Hamas à Ghaza, les conditions nécessaires à un cessez-le-feu sont notamment ?'la fin de l'agression contre le peuple palestinien, la levée complète du blocus de Ghaza, en place depuis 2006, l'ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l'Egypte, la liberté de mouvement pour les habitants de Ghaza dans la zone frontalière avec Israël, la suppression de la zone tampon, interdite aux habitants de Ghaza, à la frontière, l'autorisation de pêcher jusqu'à 12 milles marins des côtes de Gaza, et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre de l'accord d'échange avec le soldat israélien Gilad Shalit en 2011. Khaled Mechaal devrait se rendre au Caire pour discuter avec les autorités égyptiennes de la mise en place de ce cessez-le-feu. A Ramallah, Yasser Abed Rabbo, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a entériné les demandes du Hamas au nom du programme national palestinien pour aboutir à un Etat souverain. «Si Ghaza est brisée, tous les Palestiniens seront brisés», a-t-il dit.