A Ain Zerga,
localité frontalière, distante d'une quarantaine de kilomètres, au nord de
Tébessa, l'heure est au souk quasi quotidien, un marché si particulier, puisque
l'espace est réservé, uniquement, à la vente de viandes rouges et autres abats,
une sorte de vaste boucherie, à ciel ouvert. Les tripiers viennent y étaler les
carcasses, des quartiers entiers de viande sont exposés, en plein air,
accrochés à des trépieds, alignés les uns, à côté des autres et le client a
l'embarras du choix ; peu importe les conditions d'hygiène, l'abattage se fait
sur place, devant tout le monde, une façon d'attester de la bonne foi du
boucher, sur la qualité de sa viande. Les clients viennent de toute la région
nord de la wilaya et même de Tébessa. De Ouenza, El Aouinet, on effectue le
déplacement pour acquérir quelques morceaux, la viande de chevreau est
parait-il très prisée et moins chère qu'ailleurs. Tout au long de la route à
Tébessa, les petits revendeurs occasionnels se pressent, durant ce mois de
Ramadhan, en vous proposant des légumes, des fruits de saison et même du lait
cru, préparation maison, des pastèques et melons, acheminés par des
camionnettes, attendent au bord de la route, l'arrivée de clients. Les
commerçants pullulent et chacun fait valoir son droit d'exercer ces activités
ne serait-ce que durant ce mois sacré. A Tébessa, le décor est tout autre et
ce, dès la rupture du jeûne. Finie la longue journée caniculaire, on se prépare
à se laisser aller, pendant les soirées ramadhanesques, les cafés sont pris
d'assaut, toutes sortes de nourritures sont ressorties sur les trottoirs, les
grillades, les briks et les confiseries attirent une clientèle nocturne ; la
consommation bat son plein et les discussions vont bon train, autour d'un café.
La nuit étant, encore, assez courte, il fallait, donc, en profiter et retourner
chez soi pour achever la soirée devant sa télévision. Plus tard, les rues
commencent à se vider, le shour, repas du soir, approche et les quelques
retardataires traînent encore le pas, histoire de faire durer ce moment de
délice, en pensant déjà à demain.