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Les Arabes meurent à chaque instant

par Moncef Wafi

Ghaza, hier, aujourd'hui. L'actualité internationale à la couleur du sang et le poids de la compromission. Les images sont poignantes, insoutenables dans cette banalité meurtrière qui entoure les morts de Ghaza. Quatre enfants, dont le plus âgé a, avait plutôt 13 ans, jouant sur une plage de Ghaza en courant derrière un ballon de fortune. Une scène ordinaire dans un pseudo-pays. Si en France, chez Barack Obama, dans le jardin de Merkel ou dans les palais des bédouins customisés, les gamins finissent par rentrer chez eux et prendre une douche, les enfants de Ghaza ont pris, eux, un obus tiré par la marine israélienne. Une explosion, de la fumée et au bout quatre corps désarticulés. Bavure, erreur dans la cible, imprécision du tir, Tsahal se dédouane en se défaussant sur le Hamas, accusé de se cacher derrière les civils pour lancer leurs roquettes.

En face de cette surenchère de la violence bénie par les capitales occidentales, les Palestiniens continuent de mourir drapés dans le silence oppressant et complice des Arabes. Devant ces scènes d'un autre âge, célébrant un terrorisme d'Etat cynique, le seul sentiment qui est convoqué en la circonstance est celui de l'impuissance. Mais aussi de la colère contre ces tueurs déguisés, contre ces démocrates armés, mais aussi et surtout contre ces régimes arabes incapables de la moindre réaction autre que les communiqués indécents de dénonciation. Ils sont 265 Palestiniens à rompre le jeûne prématurément depuis le début de l'agression israélienne contre la bande de Ghaza et le nombre est appelé à être revu à la hausse avec l'offensive terrestre lancée par Tsahal, depuis la nuit de jeudi à vendredi. 24 Palestiniens, dont un bébé, et un soldat israélien ont perdu la vie dans cette opération militaire qui vise à détruire les tunnels du Hamas.

Alors pourquoi chercher à focaliser sur la mort de ces quatre enfants alors qu'hier encore trois adolescents palestiniens, âgés de 12 à 16 ans, ont été tués par des tirs de chars israéliens et que les trois quarts des linceuls sont des civils selon Ban Ki-moon ? Le poids des images est tel qu'il peut faire basculer les opinions publiques devant l'indifférence suscitée par les morts palestiniens. Mais là aussi l'hypocrisie de l'Occident est telle que même les corps des enfants ont été floutés, ne laissant en clair que les adultes qui courent dans tous les sens. On se rappelle des images des cibles israéliennes touchées par les roquettes arabes et les images en boucle de poupées d'enfants pour suggérer l'atrocité des «frappes» musulmanes sur les civils israéliens. Mais sur la plage, point de poupées.

C'est naïf d'avoir un tel raisonnement devant tant de cynisme craché à notre face vérolée d'Arabe inutile et de trois quarts musulman, pourtant on s'accroche comme on peut aux détails pour réveiller les consciences anesthésiées par des années de propagande contre l'islam et des millions d'heures médiatiques consacrées à rappeler la Deuxième Guerre mondiale et l'internement des Juifs. Ghaza, aujourd'hui, demain. Quoi écrire encore quand le massacre se poursuit et que les musulmans et les Arabes rompent le jeûne, la tête basse, en silence. Honteux de leur condition de sous-hommes.