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Dialogue inter-malien: un optimisme mesuré

par Kharroubi Habib

Les négociations inter-maliennes pour une sortie de crise au Mali ont débuté mercredi à Alger précédées par un geste de bonne volonté auquel les deux parties allant y prendre part ont consenti la veille de l'ouverture de la rencontre à la demande de l'Algérie, pays hôte et médiateur accepté par elles. Il s'est agi d'une opération humanitaire qui a consisté en un échange de prisonniers entre le gouvernement malien et les mouvements politico-militaires du Nord-Mali. Ce geste de leur part qualifié par Ramtane Lamamra de «geste de construction de confiance» augura que les deux parties maliennes sont animées de la volonté d'engager le dialogue malgré le climat de tension provoqué au Mali peu avant l'ouverture de la rencontre d'Alger suite à la reprise des affrontements au Nord-Mali entre l'armée malienne et les combattants des mouvements rebelles.

Intervenant à l'ouverture de la rencontre d'Alger, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop qui dirige la délégation officielle de son pays a déclaré être venu à Alger avec un esprit de «grande ouverture et de détermination pour explorer avec nos frères du Nord-Mali toutes les voies possibles pour arriver à un accord global et définitif de la crise malienne», non sans préciser que pour aller aussi loin que possible il faut que soit tenu compte des «lignes rouges» qui ont été tracées et sont pour le gouvernement de Bamako de trois ordres: le respect de l'unité du peuple du Mali, celle de son unité territoriale et enfin de la forme républicaine de l'Etat malien.

Apparemment même si les négociations entamées ne manqueront pas d'être ardues, la conclusion d'un accord semble possible car les mouvements politico-militaires du Nord-Mali participant à la conférence d'Alger ont sous le patronage de l'Algérie signé en juin dernier à Alger une plateforme d'entente dans laquelle ils ont réaffirmé le plein respect par eux de ces lignes rouges. Il resterait donc que les deux parties parviennent à s'entendre sur la nature du statut politico-administratif qui devrait être celui du Nord-Mali dans le cadre de la République du Mali. L'obstacle à surmonter donc est celui de la définition de l'autonomie en matière de « self-government » à octroyer à cette région du pays. Ce qui suppose qu'elles trouvent un terrain d'entente sur le sujet qui ne soulèverait pas à Bamako de levée de boucliers au prétexte qu'il entérinerait une partition déguisée du Mali et au Nord pour celui qu'il reconduirait la souveraineté de l'Etat malien sur cette région avec toutes les conséquences néfastes dont ont pâti ses populations. Le gouvernement malien et les mouvements du Nord-Mali ont conscience que l'échec de leurs négociations conduira la crise malienne à l'impasse. Il en résultera pour eux la poursuite d'une confrontation sans issue. Le premier sait en effet qu'il ne peut en dehors de cette solution imposer son autorité au Nord-Mali par l'intervention militaire, les seconds que la revendication indépendantiste n'aura pas l'aval international. L'Algérie n'a pas ménagé ses efforts pour les convaincre de cette réalité ce dont tous les observateurs attestent. Parviendra-t-elle à rapprocher les parties maliennes au point de leur faire signer un accord historique dont elle sait que les retombées en seront déterminantes pour la paix dans un pays qui est sa profondeur géostratégique et permettrait une évolution positive de la situation sécuritaire de l'ensemble de la région du Sahel ? Elle semble avoir entrepris la bonne démarche pour peu que n'ait pas été laissé place aux interférences intéressées au maintien de l'état de crise dans lequel se débat le Mali.