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Lancement de la phase initiale du dialogue inter-Malien

par R. N.

La phase initiale du dialogue inter-malien sera lancée, officiellement, aujourd'hui, mercredi, à Alger, en présence d'une forte délégation du gouvernement malien et des représentants de six mouvements armés concernés par la crise du Nord Mali, a-t-on indiqué, mardi, de source diplomatique.

La cérémonie d'ouverture de ce dialogue se déroulera en présence de représentants de l'ONU, de l'Union africaine (UA), de la CEDEAO et de l'Union européenne (UE), a-t-on précisé de même source. Les six mouvements concernés sont le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA), la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR), le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (dissident). Les trois premiers mouvements avaient signé, en juin dernier, à Alger, une plate-forme préliminaire d'entente visant à trouver une solution définitive à la crise malienne et à travers laquelle ils ont réaffirmé le plein respect de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale du Mali, rappelle-t-on.

Les trois autres mouvements avaient signé, de leur côté la «Déclaration d'Alger», en juin dernier, affirmant leur volonté d'œuvrer à la consolidation de la dynamique d'apaisement, en cours, et de s'engager dans le dialogue inter-malien inclusif et réitéré leur acceptation de la nécessité de préserver l'intégrité territoriale du Mali.

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keita avait, à plusieurs reprises, signifié qu'il y avait des lignes rouges à ne pas franchir, à savoir : l'intégrité territoriale du Mali, l'unité du peuple malien, la souveraineté du Mali et le caractère républicain de l'Etat malien. Toutefois, le chef d'Etat malien s'était, également, dit «ouvert» à toutes négociations et prêt à examiner les aspirations et revendications de tous les mouvements, de façon à permettre une meilleure prise en charge de leurs doléances. Le processus de facilitation du dialogue inter-malien, engagé par l'Algérie, a abouti à des avancées sur le fond du dossier, à travers l'harmonisation des points de vue des mouvements à même d'assurer une plus grande cohérence, dans leurs négociations avec le gouvernement malien, relève-t-on, à Alger.

Ainsi des questions comme une meilleure représentation des populations, une nouvelle architecture institutionnelle des organes de gestion de la région, la prise en charge des questions de sécurité, le déploiement de l'administration et de l'armée, peuvent faire l'objet de négociations entre les deux parties, souligne la même source qui estime que le rôle de l'Algérie était de faire rapprocher les points de vue. Récemment, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait déclaré que la phase initiale du dialogue inter-malien, qui se tiendra à Alger, était la «seule voie existant, aujourd'hui, pour avancer», soulignant qu'elle constituait une «fenêtre d'opportunité» pour la résolution de la crise malienne. Il avait relevé l'existence d'un «large consensus» auprès des partenaires du Mali, notamment la Cedeao, l'Onu et l'Union africaine, autour de la nécessité de conforter les avancées enregistrées en Algérie.

SITUATION ENCORE INSTABLE

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait souligné que l'Algérie avait conduit des efforts «soutenus, persévérants et méritoires», en vue du lancement du dialogue inter-malien inclusif. «Il n'y a, dans l'esprit de tout un chacun, ici, aucune contradiction entre les efforts déployés par la Cedeao, à travers son médiateur le président burkinabé, Blaise Compaoré et les efforts du président malien Ibrahim Boubacar Keita qui a demandé, personnellement, au Président Abdelaziz Bouteflika, le soutien de l'Algérie, le 18 juin dernier», avait-il ajouté.

Sur le terrain, la situation sécuritaire est encore instable. Un légionnaire français a été tué, lundi, et six blessés dans une attaque suicide dans le nord du Mali, portant à neuf, le nombre de militaires français tués depuis le lancement, en janvier 2013, de l'opération militaire ?Serval', ont annoncé, mardi, les autorités françaises. Selon le ministère français de la Défense, le «véhicule suicide» a été lancé par un kamikaze contre des «véhicules blindés installés en surveillance dans le secteur d'Al Moustarat». Sept militaires ont été blessés par l'explosion, dont trois grièvement, et l'un d'eux est décédé dans la soirée, a précisé le ministère de la Défense. Le militaire décédé était un légionnaire de 45 ans, Dejvid Nikolic, né en Serbie et naturalisé français, servant dans le 1er régiment étranger du génie. Si des attaques ou tentatives d'attaques suicide ont déjà eu lieu, dans le nord du pays, contre des casernes où étaient stationnés des soldats français et africains, c'est la première fois qu'un militaire français est tué au cours d'une opération de ce type. La dernière perte française au Mali remonte au 8 mai.