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Connivence internationale sur la fin qui justifie le moyen

par Kharroubi Habib

Le massacre à huis clos à Ghaza se poursuit et s'intensifie. Mais hormis leurs hypocrites appels à l'arrêt des frappes israéliennes, les chancelleries occidentales en mesure d'exercer des pressions sur l'Etat sioniste pour qu'il cesse sa barbare agression, ne se hâtent que lentement à engager des initiatives diplomatiques visant à instaurer un cessez-le-feu. Le Conseil de sécurité qui aurait pu faire cette exigence à l'Etat agresseur est comme il en est coutumier paralysé par l'opposition de ses membres occidentaux à la prise de toute résolution contraignante pour cet Etat.

La difficulté que ces chancelleries déclarent rencontrer pour hâter la conclusion d'un cessez-le-feu est qu'elles ne trouvent pas le facilitateur susceptible de négocier avec les deux parties les termes d'un accord dans ce sens. Ce rôle, c'est l'Egypte qui l'a assumé lors des précédentes situations du même genre. Le Caire ne manifeste cette fois-ci aucun empressement à le jouer. Certes, les autorités égyptiennes se sont fendues d'une déclaration officielle condamnant l'agression israélienne qu'elles ont qualifiée de « punition collective » violant les lois internationales humanitaires, mais ne semblent pas désireuses d'offrir leurs bons offices pour y mettre terme.

Il apparaît manifeste que le pouvoir égyptien ne désapprouve nullement l'intention affichée par Benyamin Netanyahu et son cabinet d'en finir avec le Hamas, même au prix d'un carnage dont est victime la population ghazaouie. La neutralisation de ce dernier sera tout bénéfice pour Al Sissi dont le régime est confronté à une vague de violence terroriste dont il l'accuse d'en soutenir les auteurs.

Peut-être que pour ne pas s'exposer au reproche de rester passif devant la terrible situation dans laquelle se trouve la population de Ghaza, Al Sissi finira par entremettre l'Egypte en vue d'obtenir des deux parties qu'elles négocient l'arrêt de l'agression. Il ne le fera pourtant qu'après qu'Israël aura eu le temps d'infliger au Hamas des pertes qui l'affaibliront significativement au point de réduire ses capacités de nuisance qu'il a mises au service des islamistes djihadistes en guerre contre le régime égyptien.

La volonté de neutraliser le Hamas palestinien n'est pas qu'israélienne. Les puissances occidentales alliées de l'Etat sioniste la partagent. De même que les Etats arabes de la région ayant tous rompu leurs relations avec lui, au constat qu'il a noué des alliances dirigées contre leurs intérêts respectifs. Mais cette considération ne justifie pas que l'on laisse faire l'Etat sioniste qui plus que de s'en prendre au Hamas a décidé de faire de la bande de Ghaza un cimetière et un champ de ruines.

Si donc la diplomatie internationale s'active si lentement et mollement à entreprendre une initiative pour arrêter le carnage, c'est que ses acteurs agissants sont dans cette connivence qui leur fait temporiser avec l'espoir inavoué d'accorder à Israël le temps nécessaire d'en finir avec le Hamas. Les centaines de morts civils que cela entraîne sont classés dans la rubrique des « pertes et profits » car pour eux seule compte la fin qu'ils attendent de l'agression israélienne.