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Evacuation des parturientes: Rien ne va plus à l'hôpital El-Bir

par A. Mallem

Malgré les dispositions arrêtées au niveau régional pour limiter les transferts des parturientes vers la maternité du CHU de Constantine, et les instructions du ministre de la Santé, la situation ne s'est pas améliorée et ses retombées viennent de toucher maintenant d'autres structures gynécologiques de la ville, comme le prouve la situation vécue par les services des urgences de l'Etablissement public hospitalier (EPH ou hôpital) de la cité El-Bir et la maternité du CHU de Constantine durant la nuit du 14 au 15 juillet. La situation fut telle au niveau de la première structure sanitaire que nous venons de citer que le principal responsable de celle-ci, en l'occurrence le docteur Amine-Khdja Mohamed Yassine, médecin coordinateur des services des urgences de l'établissement, a été amené à lancer un véritable appel de détresse, affirmant que sa structure n'a pas les capacités matérielles et humaines pour faire face à l'afflux considérable des parturientes qu'elle reçoit chaque nuit. Contacté hier au téléphone, ce médecin, qui coiffe aussi les services de santé de l'hôpital, a raconté que son service de gynécologie a été assailli, durant cette nuit-là, par un nombre considérable de parturientes évacuées des wilayas limitrophes de Mila et Jijel et refoulées de la maternité du CHU. «La maternité du CHU étant saturée, tout le monde s'est rabattu sur l'EPH El-Bir qui dispose d'un seul gynécologue durant la nuit. Et hier soir, nous avons reçu 17 parturientes qui se sont présentées dans le même temps.

Ce qui fait que les travailleurs du service des urgences gynécologiques étaient vraiment dépassés. Nous avons vécu une nuit très mouvementée devant l'afflux terrible des parturientes venant de partout !». Et ce médecin de déplorer encore les évacuations qui continuent à se faire à partir des autres wilayas alors que leurs services hospitaliers ont été dotés de gynécologues. «Nous sommes limités par les moyens matériels et humains durant la vacation nocturne, de sorte que l'on avait peur d'intervenir sur des cas délicats. Nous sommes aussi limités par notre capacité d'accueil qui est de 20 lits et nous ne pouvons pas tolérer de mettre deux femmes par lit comme cela se fait ailleurs, parce que c'est contraire à la déontologie médicale».

Le Dr Amine-Khdja, qui a signalé le recrutement de deux nouveaux gynécologues pour renforcer le service, ce qui permet maintenant à son service d'effectuer jusqu'à 5 césariennes par jour, en plus du traitement des urgences, avouera tout de même que le personnel médical reste insuffisant pour faire face à la demande gynécologique qui augmente chaque jour.

Et puis, a-t-il signalé, nous avons remarqué que les cas évacués des autres wilayas ne présentaient pas vraiment des situations d'urgence extrême et ils pouvaient être traités aisément à l'intérieur de ces wilayas. Et de déplorer lui aussi qu'en dépit des instructions du ministre de la Santé affirmant que toutes les wilayas ont été dotées de gynécologues, ces wilayas s'obstinent toujours à orienter les malades vers le CHU de Constantine et les autres structures de santé de la ville. Allant aux informations auprès de la maternité du CHU de Constantine, nous avons appris que cette structure a vécu, durant la même nuit, une situation d'enfer par manque de personnel, notamment les sages-femmes dont plus de 20 d'entres elles avaient déposé des congés de maladie, et sont sorties en laissant le service gynécologie livré à lui-même et les parturientes dans une situation des plus déplorables. «Nous avons été contraints de solliciter l'aide des femmes de ménage pour les accouchements», nous a raconté hier un agent de cette structure qui a requis l'anonymat. Ce dernier a ajouté que la situation est telle à la maternité du CHU que le service gynécologique risque de fonctionner sans sages-femmes, surtout durant la permanence de nuit. Dans le même temps, les évacuations venant des autres wilayas continuent de plus belle, malgré les instructions du ministre et la récente réunion de tous les directeurs de la Santé de ces wilayas qui s'étaient engagés à limiter au strict minimum les évacuations vers Constantine. Nous avons à ce sujet tenté, hier, à plusieurs reprises de prendre attache avec le directeur général et le directeur de la communication, mais en vain.