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Ghaza : Le génocide continue

par Yazid Alilat

Les bombardements de l'aviation et la marine israéliennes contre l'enclave palestinienne de Ghaza ont fait au 7ème jour de cette agression 172 morts et au moins 1.130 blessés, une attaque qui ne semble pas faiblir, en dépit du branle-bas de combat diplomatique pour un cessez-le-feu. Il y a d'abord l'offre américaine de bons offices pour un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, qui utilise des moyens disproportionnés dans cette agression, qui a tourné au massacre des Palestiniens. Les Etats-Unis se sont dits prêts à aider pour instaurer une trêve dans la bande de Gaza, alors que les chefs de la diplomatie allemande et italienne, Frank-Walter Steinmeier et Federica Mogherini, sont attendus au Proche-Orient dans les prochaines heures. Ils devraient rencontrer des responsables israéliens à Al Qods et palestiniens dans les territoires occupés.

De son côté, la Ligue arabe, qui a tenu tard dans la soirée une réunion d'urgence sur cette agression, a exhorté, dans un communiqué rendu public dans la journée, la communauté internationale à protéger la bande de Gaza. Les ministres des Affaires étrangères des pays arabes doivent notamment «définir une position arabe commune» face aux bombardements israéliens contre Ghaza, qui n'ont pas faibli d'intensité depuis le début, lundi dernier, de cette attaque militaire. L'offensive terrestre, qui devrait mobiliser plusieurs dizaines de milliers de soldats, avec le rappel de 40.000 réservistes, n'a toujours pas commencé, en dépit des affirmations des responsables militaires israéliens et le déplacement de matériel de guerre près de la frontière avec l'enclave palestinienne. Son armée intensifie les préparatifs pour une opération terrestre de grande envergure. Mais, selon les médias israéliens, la réunion du cabinet de sécurité présidée dimanche par Benjamin Netanyahu s'est achevée tard sans prendre de décision sur une offensive au sol.

«Le gouvernement israélien ne répond pas pour le moment aux efforts de cessez-le-feu parce que nous voulons d'abord être sûrs d'avoir coupé l'envie au Hamas de recommencer dans six mois ou un an», a affirmé à la radio le ministre des Finances, Yaïr Lapid. «Ce n'est pas encore le cas. Quand ça le sera, on parlera», a-t-il ajouté. L'ex-chef des renseignements militaires israéliens Amos Yadlin, qui chiffre à environ 50 le nombre des tués dans les rangs du Hamas durant cette énième agression contre les Palestiniens, confirme la poursuite des bombardements. «On se dirige vers une autre étape: l'armée va s'efforcer de faire payer un lourd tribut au bras militaire du Hamas afin de consolider notre position en cas de négociations de cessez-le-feu et notre pouvoir de dissuasion. Elle va aussi faire en sorte d'annihiler la capacité du Hamas à sortir renforcé de l'opération», explique Amos Yadlin.

LUEUR D'ESPOIR

Pour autant, en dépit des affirmations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant le Conseil des ministres dimanche qu'aucune trêve ni répit aux bombardements contre la ville de Ghaza ne sont envisagés pour le moment, une petite lueur d'espoir pointe avec une intervention de la radio militaire israélienne qui cite quatre pays pouvant être mandatés pour mener une médiation et ouvrir la voie à un cessez-le-feu. Hier lundi, la radio militaire israélienne a cité des sources de sécurité «au plus haut niveau» selon lesquelles il existe «quatre canaux pour tenter d'arriver à un cessez-le-feu: le Qatar, l'Autorité palestinienne, les Américains et les Egyptiens». «Selon ces sources, le canal égyptien est le plus fort, le plus significatif et celui qui unit tous ces canaux de communications», a estimé la radio israélienne. L'Egypte, gouverné par un général Al Sissi qui a déclaré la guerre aux Frères musulmans, serait-elle un cheval de Troie d'Israël pour compromettre les capacités militaires du Hamas ? Pour le moment, officiellement, Tel-Aviv reste sur sa première position, celle d'attaquer les positions supposées du Hamas à Ghaza et de poursuivre sa guerre contre le peuple palestinien.

BAN IMPUISSANT, L'OLP EXIGE LA PROTECTION DE L'ONU

«Trop de civils palestiniens ont été tués» à Ghaza et une offensive terrestre israélienne ne ferait qu'alourdir ce bilan, a averti par ailleurs le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, réitérant son appel à un cessez-le feu. Selon un communiqué de son porte-parole, M. Ban «se sent une responsabilité envers les Palestiniens qui, notamment dans la bande de Gaza, ont été longtemps empêchés de jouir de la liberté et de la dignité qu'ils méritent». Il a également déploré que la situation à Gaza «semble s'aggraver» et que l'appel samedi du Conseil de sécurité à un cessez-le-feu n'ait pas été entendu. Pour lui, «trop de civils palestiniens ont été tués et toute offensive terrestre israélienne aggravera sans aucun doute ce bilan et les souffrances (...) dans la bande de Gaza».

Si le SG de l'ONU a manifestement montré son impuissance et celle du Conseil de sécurité d'imposer le respect des lois internationales à l'entité sioniste, le président palestinien Mahmoud Abbas a demandé lui à l'ONU de placer l'Etat de Palestine sous la «protection internationale» des Nations unies. Le président Abbas a remis une lettre au coordinateur de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, adressée à Ban Ki-moon, afin de «placer officiellement l'Etat de Palestine sous le régime de protection internationale de l'ONU», a précisé l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Un porte-parole de l'ONU à New York Farhan Haq a confirmé avoir reçu cette lettre. «La direction palestinienne est déterminée à prendre des mesures concrètes pour faire face à la situation horrible à Gaza», a souligné Hanane Achraoui, membre du comité exécutif de l'OLP, dans ce texte.