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Le mouvement «Barakat» ne soutient aucun candidat

par Zahir Mehdaoui

A quelques heures du scrutin présidentiel, le mouvement Barakat se démarque de ces élections et affiche clairement sa position.

« Nous ne soutenons aucun candidat», a répondu hier l'un des animateurs de ce mouvement né il y a à peine un peu plus d'un mois et qui a pris de l'ampleur du fait de la sympathie qu'il a suscitée au sein de la société à cause de la répression de ses manifestations par les pouvoirs publics. Dans une conférence de presse organisée hier au siège du journal Algérie News à Alger, les animateurs du mouvement ont tenu à rejeter dans la forme et le fond ce scrutin pour la simple raison, affirment-ils, que les résultats sont connus d'avance et que cela va permettre au régime de se maintenir encore une fois en place.

«Le 17 avril ne fait pas partie de notre agenda», soutient Barakat, en précisant que le mouvement s'inscrit au-delà de cette date et dans la perspective de se battre pour l'édification d'un Etat démocratique loin du népotisme et du régionalisme, érigés en règle par les tenants actuels du pouvoir. Les animateurs de ce mouvement ne sont pas des «monstres» ou des hydres avec plusieurs têtes comme tentent de les présenter certains médias, mais simplement des jeunes pour la plupart engagés depuis longtemps dans des luttes pacifiques pour le changement du système. A l'intérieur du mouvement, qui fait peur aux pouvoirs publics et même à une certaine classe politique, on y retrouve des étudiants, des journalistes, des médecins, des écrivains et des chômeurs.

En fait, Barakat est constitué de simples citoyens armés d'idéaux démocratiques et républicains. Ils sont convaincus, par ailleurs, que s'ils sont devenus en un laps de temps très réduit un «abcès de fixation» de ceux qui font campagne pour Bouteflika, c'est qu'ils sont dans le droit chemin. «Nous sommes des bénévoles de la politique et nous allons continuer à lutter pacifiquement et sans violence», a déclaré Sid Ali, l'un des animateurs de ce mouvement qui affirme que Barakat a ressuscité l'espoir et a pu se réapproprier les espaces publics.

«Le mouvement Barakat œuvre pour l'instauration d'un Etat de droit avec des institutions fortes de leur légitimité, une justice indépendante, des contre-pouvoirs politiques efficaces, des syndicats autonomes, un service public de qualité, une vie politique démocratique réglée par contrat national, social et politique qui garantisse les libertés individuelles et collectives au même titre qu'il se porte garant d'une transparence sans faille dans la gestion des affaires du pays», est-il écrit dans «l'avant-projet politique» de ce mouvement divulgué hier à l'occasion de sa première conférence de presse depuis son apparition sur la scène.

Amira Bouraoui, la gynécologue, rendue célèbre pour avoir été embarquée par la police le 22 février dernier devant l'université de Bouzaréah à Alger lors de la première manifestation du mouvement Barakat, affirme que le combat qu'elle mène avec ses camarades est noble et juste et qu'elle reste déterminée à poursuivre le combat «contre ceux qui ont violé la Constitution algérienne».

L'écrivain et journaliste, Lazhari Labter, a fait savoir de son côté que les animateurs du mouvement vont déposer plainte auprès des juridictions compétentes contre les médias notamment qui ont accusé les membres de Barakat de rouler pour des parties étrangères. A ce sujet, les membres du mouvement étaient hier très clairs. «Nous n'avons de relation ni avec des parties ni avec des Etats étrangers», ont déclaré tour à tour les conférenciers qui soulignent que ce sont les partisans du 4e mandat qui traitent avec des parties étrangères, en rappelant en ce sens les visites de John Kerry, l'Emir du Qatar et plus récemment le ministre des Affaires étrangères espagnol.

A noter que le mouvement Barakat compte organiser, demain mercredi, un autre rassemblement devant la Fac centrale d'Alger à 16 heures. Les animateurs ont soutenu qu'ils n'ont jamais appelé la population à sortir dans la rue mais simplement inviter les gens à adhérer à une démarche pacifique qui consiste à mettre fin à 52 années de mascarade.