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La participation électorale dont les six candidats rêvent

par Kharroubi Habib

Le seul point de convergence qu'ont eu les candidats en lice en allant au contact des électeurs fut celui de l'exhortation en faveur d'une grande participation populaire au scrutin du 17 avril. Tous ont plaidé la nécessité de cette participation à laquelle ils ont toutefois attribué un sens et des enjeux qui ont différé d'un camp à un autre, plus précisément et plus nettement entre celui du président candidat et ceux de ses cinq compétiteurs.

Les représentants du candidat Bouteflika n'ont eu cesse de marteler dans leurs meetings de campagne que la participation électorale plus elle sera massive plus fort apparaîtra le message dont il la crédite, celui que l'Algérie «va bien » et que ses citoyens se sentent concernés par les enjeux de l'élection présidentielle. Bien entendu, en prétendant que l'Algérie «va bien», ils en ont accordé tout le mérite à la gouvernance de leur candidat auquel ils ont convié les électeurs à lui renouveler massivement son mandat présidentiel. Les cinq autres candidats ont avancé de tout autres arguments pour convaincre de la nécessité pour les électeurs d'aller voter en masse. D'abord celui qu'il est primordial que le mécontentement populaire qui se serait accumulé dans le pays contre le système et le pouvoir de Bouteflika s'exprime dans les urnes de la façon la plus probante. Pour les cinq, l'argument toutefois déterminant pour eux a été que les électeurs en se rendant massivement aux urnes mettront en échec la tentative de fraude électorale que le camp du président candidat envisagerait de réaliser le 17 avril.

On le voit donc, les six candidats ont eu intérêt à inciter les Algériens à ne pas déserter les urnes. Mais tous ont fait l'impasse sur le véritable argument respectif qui a sous-tendu leurs appels récurrents et insistants à la participation citoyenne massive au scrutin. Pour les cinq, c'était celui que cette participation serve de réfutation aux accusations dont ils ont été la cible de la part du front des opposants prônant le boycott d'une élection présidentielle à leurs yeux inutile puisque «jouée d'avance ». Les cinq sont en effet présentés par ces milieux comme ayant fait le jeu du pouvoir en se portant candidat alors que le résultat du scrutin serait d'avance connu. Quant au camp Bouteflika, le sien était que cette participation massive concrétiserait un «plébiscite » pour le quatrième mandat de leur candidat dont ils ont clamé sur tous les tons qu'il a la faveur de l'écrasante majorité de la population.

Il ne semble pas à s'en tenir à la désaffection qu'ont manifestée les citoyens aux joutes électorales que les exhortations à aller voter, ressassées par les candidats et leurs représentants, auront lors du scrutin l'effet escompté par ces derniers. La dramatisation du climat électoral à laquelle se sont adonnés les deux camps les plus en vue dans la compétition, sous la forme d'échange de graves accusations, n'est pas pour pousser les électeurs tentés par l'abstention à se départir de cette attitude. Si tel serait le cas le 17 avril alors tous les candidats seront d'une manière ou d'une autre sanctionnés négativement par une désertion massive des bureaux de vote par ces électeurs qu'ils auront vainement tenté d'impliquer dans une élection présidentielle qui pour eux n'apportera aucune solution à la crise nationale dont ils pâtissent des néfastes conséquences.