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Le conflit de Lafarge d'Oggaz s'enlise

par Ziad Salah

Au bout d'une entrevue de plus de vingt minutes avec le responsable de l'usine de ciment Lafarge à Oggaz, Rachid Neggaz, n'a pas caché sa déception. «Avec monsieur Eric, le champ de dialogue est extrêmement étroit», aurait déclaré Neggaz aux grévistes de la faim qui l'attendaient dans leur tente. L'entrevue a eu lieu dans l'après-midi de lundi.

Pourtant, la direction de l'usine, apprenant sa présence dans le campement des grévistes de la faim, a accepté de le recevoir et d'accepter ses bons offices. Dépité, il aurait déclaré à ses interlocuteurs «je vais demander aux grévistes d'arrêter leur mouvement mais de rester sur les lieux. Je suis prêt à prendre en charge leurs besoins et ceux de leurs familles deux ans durant». Avant de rencontrer les membres de la direction de Lafarge, R.Neggaz a eu des entretiens pendant deux heures avec les grévistes de la faim qui l'ont informé de tous les détails de ce conflit et notamment de leur mouvement de protestation qui va boucler un mois.

D'autre part, nous apprenons auprès des grévistes que leurs familles s'apprêtent à se rendre à Alger pour un sit-in devant le siège social de Lafarge. La date du sit-in est arrêtée pour la matinée de demain. Il intervient moins d'une semaine après l'action consistant à barrer la route menant à l'usine initiée mercredi dernier et qui a frôlé le dérapage. La LADDH qui suit de très près l'évolution de ce conflit a déjà annoncé sa participation à ce sit-in en tant qu'observateur. D'autres organisations, notamment des syndicats autonomes, vont se joindre au sit-in pour manifester leur solidarité avec les grévistes de la faim.

En outre, on indique que l'ambassade de France commence à manifester de l'intérêt, et même de l'irritation, à l'égard de ce conflit qui perdure et qui met en péril la vie de dix-sept personnes. Rappelons que les démarches entreprises par la wilaya au tout début de cette semaine n'ont pas abouti. La direction de Lafarge a refusé de consigner sur un écrit son engagement à permettre à quatorze grévistes de la faim l'intégration à leur poste de travail et l'octroi d'indemnités de départ volontaire à deux autres. De leur côté, les grévistes de la faim ont refusé d'arrêter leur mouvement de protestation, de lever le campement érigé pas loin de l'entrée de l'usine et de se retrouver en face des représentants de la direction de Lafarge à Oran pour entamer des pourparlers. Depuis, il semblerait que Lafarge a même fait marche arrière concernant la réintégration des quatorze éléments se trouvant sous la mesure de suspension.

Enfin, on nous indique que des démarches sont entreprises pour conférer à ce conflit une dimension internationale. Déjà des contacts sont entrepris avec les plus importants syndicats français pour les sensibiliser et pourquoi pas obtenir leur soutien.