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Effondrement du tunnel de Djebel Ouahch: Les délais allongés jusqu'à 2017

par Abdelkrim Zerzouri



Plus d'un mois est passé après l'effondrement survenu dans le tunnel de Djebel El Ouahch et aucun résultat de l'enquête initiée par le ministère des Travaux publics pour faire la lumière d'une part sur les causes de l'éboulement et d'autre part sur les parties qui doivent endosser la responsabilité de cette catastrophe n'a été rendu public. Doit-on se résigner à la conclusion qui mettrait cet effondrement sur le chapitre de la nature et croire que cela peut se produire n'importe où dans le monde ? Le ministre des Travaux publics avait déclaré avant-hier sur une chaîne de télévision privée qu'il y aurait probablement des sanctions contre la société en charge de la réalisation du tronçon en question, Cojaal en l'occurrence, si des preuves concluantes établissent leur implication technique dans ce qui s'est passé le 1er janvier dernier. Pour le moment, sans montrer aucun signe d'inquiétude, la société nippone s'affaire à dégager les 300 mètres cubes de terres végétales qui obstruent le tunnel en voie de réalisation (le second tunnel, celui ouvert à la circulation depuis un an a été endommagé), et cela devrait prendre de 3 à 4 mois si la cadence de travail est soutenue, estiment des travailleurs sur le chantier. Une sérénité qui en dit long sur la position de force de la société nippone. Selon le représentant des travailleurs, M. Hocine Nakib, les Japonais sont en possession de ce qui les disculpe totalement de l'incident. D'après notre interlocuteur, les responsables de Cojaal seraient en possession d'un PV signé par des contrôleurs nationaux attestant que le tunnel est bon, et ils utilisent ce document comme moyen de pression pour faire taire toutes les langues. Pour mieux comprendre ce qui s'est passé dans le tunnel de Djebel El Ouahch, il faut remonter à la livraison et l'ouverture du premier tube à la circulation, mais interdit pour les poids lourds ! Cette exception ou prudence, expliquée par les services de la Protection civile et d'autres services de sécurité comme une mesure de précaution vu la nature parfois dangereuse des matières transportées, laisse tout de même croire que dès le départ on avait des doutes sur la réception et l'ouverture du tunnel, «on l'a ouvert à la hâte tout juste pour des considérations politiciennes», estiment des avis de spécialistes. En tout cas, relève-t-on, après cet éboulement, on est revenu en arrière de plusieurs mois dans la réalisation de ce tronçon qui n'a pas encore été dompté par les techniques les plus avancées mises en pratique par la société nippone. Aujourd'hui, des techniciens proches du dossier affirment que la réouverture du tunnel fermé el 1er janvier dernier « par mesure de sécurité », dit-on, ne peut se faire avant le mois de juin prochain. Alors que pour ce qui a trait à la réception du tronçon en entier, long de 34 km avec un axe principal de 27 km, ainsi que ses ouvrages d'art (3 ponts, 3 viaducs et 2 tunnels), « il ne peut avoir lieu avant 2016 ! », souligne-t-on. Un retard énorme qui a gâché l'exploit de ce « projet du siècle ». En tout cas, on songe maintenant à plusieurs solutions dont la réalisation prendrait énormément de temps. A l'enseigne d'une action pour vider un lac naturel qui se trouve sur les hauteurs du Djebel, inscrit parmi les causes qui ont déstabilisé la terre argileuse et provoqué l'éboulement à l'intérieur du tunnel. «L'objectif tracé par la tutelle ne sera pas atteint», affirme M. Hocine Nakib, se basant sur les estimations des techniciens du chantier. Ces derniers affirment qu'il faut attendre jusqu'à 2017 pour en finir avec les complications de ce tronçon.