Plus d'un mois est passé après l'effondrement survenu dans le tunnel de
Djebel El Ouahch et aucun résultat de l'enquête initiée par le ministère des
Travaux publics pour faire la lumière d'une part sur les causes de l'éboulement
et d'autre part sur les parties qui doivent endosser la responsabilité de cette
catastrophe n'a été rendu public. Doit-on se résigner à la conclusion qui
mettrait cet effondrement sur le chapitre de la nature et croire que cela peut
se produire n'importe où dans le monde ? Le ministre des Travaux publics avait
déclaré avant-hier sur une chaîne de télévision privée qu'il y aurait
probablement des sanctions contre la société en charge de la réalisation du tronçon
en question, Cojaal en l'occurrence, si des preuves concluantes établissent
leur implication technique dans ce qui s'est passé le 1er janvier dernier. Pour
le moment, sans montrer aucun signe d'inquiétude, la société nippone s'affaire
à dégager les 300 mètres cubes de terres végétales qui obstruent le tunnel en
voie de réalisation (le second tunnel, celui ouvert à la circulation depuis un
an a été endommagé), et cela devrait prendre de 3 à 4 mois si la cadence de
travail est soutenue, estiment des travailleurs sur le chantier. Une sérénité
qui en dit long sur la position de force de la société nippone. Selon le
représentant des travailleurs, M. Hocine Nakib, les Japonais sont en possession
de ce qui les disculpe totalement de l'incident. D'après notre interlocuteur,
les responsables de Cojaal seraient en possession d'un PV signé par des
contrôleurs nationaux attestant que le tunnel est bon, et ils utilisent ce
document comme moyen de pression pour faire taire toutes les langues. Pour
mieux comprendre ce qui s'est passé dans le tunnel de Djebel El Ouahch, il faut
remonter à la livraison et l'ouverture du premier tube à la circulation, mais
interdit pour les poids lourds ! Cette exception ou prudence, expliquée par les
services de la Protection civile et d'autres services de sécurité comme une
mesure de précaution vu la nature parfois dangereuse des matières transportées,
laisse tout de même croire que dès le départ on avait des doutes sur la
réception et l'ouverture du tunnel, «on l'a ouvert à la hâte tout juste pour
des considérations politiciennes», estiment des avis de spécialistes. En tout
cas, relève-t-on, après cet éboulement, on est revenu en arrière de plusieurs
mois dans la réalisation de ce tronçon qui n'a pas encore été dompté par les
techniques les plus avancées mises en pratique par la société nippone.
Aujourd'hui, des techniciens proches du dossier affirment que la réouverture du
tunnel fermé el 1er janvier dernier « par mesure de sécurité », dit-on, ne peut
se faire avant le mois de juin prochain. Alors que pour ce qui a trait à la
réception du tronçon en entier, long de 34 km avec un axe principal de 27 km,
ainsi que ses ouvrages d'art (3 ponts, 3 viaducs et 2 tunnels), « il ne peut
avoir lieu avant 2016 ! », souligne-t-on. Un retard énorme qui a gâché
l'exploit de ce « projet du siècle ». En tout cas, on songe maintenant à
plusieurs solutions dont la réalisation prendrait énormément de temps. A
l'enseigne d'une action pour vider un lac naturel qui se trouve sur les
hauteurs du Djebel, inscrit parmi les causes qui ont déstabilisé la terre
argileuse et provoqué l'éboulement à l'intérieur du tunnel. «L'objectif tracé
par la tutelle ne sera pas atteint», affirme M. Hocine Nakib, se basant sur les
estimations des techniciens du chantier. Ces derniers affirment qu'il faut
attendre jusqu'à 2017 pour en finir avec les complications de ce tronçon.