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L'administration fait son autocritique : L'état civil entre progrès et défections

par Houari Saaïdia

« Ne me parlez plus de badge, d'uniforme et d'agent d'accueil. De tels aspects sont à ranger dans le chapitre des banalités. L'actualité pour le service public, en général, et l'état civil en particulier, c'est la modernisation, l'interconnexion, l'usage des TIC, l'allègement effectif des dossiers et des démarches? Délivrer une carte grise dans 10 minutes n'est plus un évènement. Beaucoup reste à faire.»

Tout en brossant un tableau «globalement positif» quant à l'application des directives centrales relatives à l'amélioration du service public dans la wilaya d'Oran, le directeur de la réglementation et des affaires générales (DRAG), M. Aït Ahcen Rabah, a mis en garde contre les revers de l'orgueil, la vanité et l'autosatisfaction. Jeudi après-midi, la salle hémicycle paraissait exiguë vu le nombre des participants -plus de 300- à la réunion convoquée par le DRAG et dont l'ordre du jour s'articulait autour de deux pivots : l'état civil et les préparations des élections présidentielles. Toutes les daïras et les communes étaient représentées, de la petite antenne administrative jusqu'au siège central du chef-lieu, en passant par les secteurs urbains et leurs dépendances administratives. «Il ne faut pas s'illusionner. Certes, Oran a indéniablement fait un gigantesque bond en matière d'état civil et de prestations administratives. Mais gardons les pieds sur terre, car, ce faisant, nous n'avons fait que rattraper un gros retard, en ce sens que nous pouvons dire maintenant qu'Oran se positionne sur le même niveau que les autres wilayas. C'est le cas, en particulier, de la commune d'Oran. Aujourd'hui, si nous pouvons légitimement tirer satisfaction de notre progrès, il ne faut pas perdre de vue que nous sommes encore loin des normes. Il faut sans cesse s'améliorer, c'est la seule solution», a conclu M. Aït Ahcen. Après l'allocution d'introduction où il a passé en revue les dernières dispositions entrées en vigueur pour «débureaucratiser» les services administratifs à destination des citoyens, ainsi que les dispositifs à venir, le DRAG a fait une synthèse des visites d'inspection qu'il a eu à effectuer à travers les 9 daïras et les 26 communes, à la tête d'une commission de wilaya, aux côtés du directeur de l'administration locale (DAL), le directeur des transmissions nationales (DTN) et l'inspecteur général de wilaya. «Grosso modo, le constat fait par nos soins est satisfaisant, à quelques rares cas près. Nous avons été subjugués par certaines communes quant à l'organisation mise en place, qui n'a rien à envier à celle des pays développés. Je citerai le cas d'Oued Tlélat, et je vous inviterai par la même occasion à vous y rendre pour vous en inspirer, car j'encourage l'esprit compétitif, concurrentiel et le sens d'initiative. Il y a des mairies moins bonnes, mais pas mauvaises non plus ; disons, «normales», plutôt. Des carences, des manquements, facilement remédiables, du reste, ont été relevées ça et là. Nous ferons des contrevisites et les concernés n'auront plus d'excuses en cas de non-rétablissement de la situation», a averti le même responsable. La parole a été donnée par la suite à tour de rôle aux gestionnaires (SG de daïras, SG de communes, présidents d'APC, directeurs et délégués de secteurs urbains, chefs de services, directeurs ou délégués auprès d'annexes administratives, etc.) pour faire le point sur la situation dans chaque municipalité, chaque structure, chaque segment, en focalisant sur les problèmes qui persistent. Il ressort des nombreuses interventions que le problème n°1 dans le registre services publics dans la wilaya d'Oran est lié à l'infrastructure. Il y a un déficit évident en équipements administratifs. Le parc immobilier (sièges de daïra, de communes, d'annexes) est, malgré les nouveaux équipements réceptionnés ces dernières années, reste disproportionné avec les besoins, face à une croissance démographique et une extension urbaine accélérées, sans compter la vétusté et l'incompatibilité d'une bonne partie de ce patrimoine immobilier. On peut citer dans la foulée l'annexe de Haï Khemisti à Oran-est casée dans un local F1 (d'où cette «boutade» aussi amusante qu'exaspérante, consistant en l'appellation donnée par ses pairs au responsable de cette antenne, en l'occurrence le «kiosquier»), mais aussi l'exemple criard de l'agglomération de 90 âmes de Haï Nedjma (ex-Chteïbo), relevant de la commune de Sidi Chahmi, dotée de seulement deux petites annexes aussi étroites qu'obsolètes.

OUVERTURE OFFICIELLE DU NOUVEAU SIEGE DE DAÏRA D'ORAN EN JANVIER

La plus grande commune du pays, Oran, n'est pas mieux lotie. C'est le provisoire qui dure : le recasement du siège central de l'état civil dans les anciens locaux de l'EMEC, jouxtant la foire de M'dina Djdida, a de beaux jours devant lui, puisque le projet du nouveau siège R+9 avance à la vitesse de tortue, alors qu'il y a urgence. Heureusement que pour l'autre plaie d'Oran, la daïra, le nouveau siège sera fin prêt d'ici très peu. En effet, le DRAG a annoncé que l'ouverture de ce siège -qui n'a que trop tardé- se fera «avant fin janvier, au plus tard», précisant que «nous avons commencé le transfert des archives dès mercredi dernier». Dans un autre chapitre, le DRAG a fait savoir que la mise en service du réseau communes-annexes au niveau des 12 secteurs urbains se fera dimanche (demain), en attendant l'achèvement du raccordement via fibre optique de l'ensemble des antennes administratives avant le 31 décembre. D'autre part, le même responsable a annoncé la disparition, à court terme, du pré-emploi des guichets de l'état civil, expliquant que l'intégration de ce corps se fera progressivement et à un rythme accéléré. Sans doute, cette forme «précaire» de ce personnel préposé au contact direct avec les citoyens, accentué par un manque de formation, est-elle à l'origine de beaucoup de maux, dont on peut citer le phénomène le plus apparent, et le plus grave en même temps: 15.000 rectifications de filiation par voie de justice, selon un bilan dressé par le directeur du siège central de l'état civil.

Ceci a amené le DRAG à répliquer au SG de la commune de Mers El-Kébir qu'«au lieu de se soucier quant au devenir de la tenue des registres d'état civil suite à un éventuel redéploiement qui s'étendrait au personnel chevronné et bien rôdé à cette tâche névralgique, il serait plus intelligent de songer à la formation des jeunes agents pour assurer la relève, d'autant plus que la polyvalence est appelée à remplacer la spécialisation, et le collectif au lieu et place de l'individualisme.»