Il ne se passe pas
un jour depuis le début du mois sacré du ramadhan sans que l'on assiste à une
vague de protestataires venus prendre d'assaut le siège de l'APC, devenu pour
la circonstance le mur des lamentations. Pas moins de 45 présidents
d'associations de quartiers, épaulés par des chefs de familles démunies,
s'égosillent en interpellant le chef de l'exécutif communal qui a pris une
décision de ne remettre que 16 paniers à chacun des 45 quartiers de la ville,
au moment même où les nécessiteux de la zone rurale s'impatientent et observent
médusés des tonnes de produits de première nécessité exposés aux quatre vents
dans un hangar délabré à Ouled Amrane. Des produits de consommation très
sensibles en cette période de grandes chaleurs. L'opération de distribution de
ce couffin au maigre contenu, contrairement, nous dit-on, à ce qui a été
préconisé auparavant, traîne les pieds en dépit des multiples et incessants
rappels à l'ordre émis par le wali qui a instruit l'ensemble des 22 présidents
d'APC de la wilaya sur la nécessité de mener à bon port cette opération de
solidarité et dans les délais les plus courts, soit bien avant la fin de la
première semaine du ramadhan. Mais peine perdue, les élus locaux du chef-lieu
de wilaya font la sourde oreille. Des orientations qui n'ont eu aucun effet
concret immédiat puisque aucune âme sensible parmi les locataires de l'hôtel de
ville n'a daigné lever le petit doigt pour faire baisser ne serait-ce que d'un
iota le mécontentement des responsables de quartiers, venus en force demander
une équitable répartition des couffins et qui n'ont pas manqué de nous remettre
une lettre de protestation dûment signée par eux. Ces derniers, la rage au
ventre, n'ont pas été du tout satisfaits par les réponses évasives du maire et
c'est d'ailleurs ce qui a accentué leur colère sous un soleil de plomb devant
une mairie aux portes fermées à double tour. D'autre part, l'on a appris de la
bouche même de l'un de ces responsables de quartier, véritables ambassadeurs
des familles démunies, dénonçant à tue-tête le laxisme des élus communaux, que
la commune d'El-Bayadh dispose actuellement d'un lot de 1.800 couffins et
qu'elle accordera la priorité à des jeunes recrutés dans le cadre du préemploi
exerçant au sein de l'administration communale et en attente de percevoir leur
salaire depuis deux mois. Des lots de denrées qui seront certainement divisés
entre deux bénéficiaires, nous murmure-t-on à l'oreille. Pour l'heure, le maire
se cloître derrière un mur de silence et le directeur de la D.A.S de la wilaya
qui, de son côté, s'en lave les mains, sont jugés défaillants par ces centaines
de nécessiteux. Ces deux responsables locaux, rarement présents sur les lieux,
se rejettent la balle et il est fort probable qu'à ce rythme, le couffin de
ramadhan risque d'atterrir chez son bénéficiaire d'ici le début de l'hiver
prochain. Sauf s'il prendra son envol en ce début de la seconde quinzaine du
mois sacré, et c'est ce qu'on lui souhaite.