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Les étals d'Oran se parent déjà pour l'Aïd

par Rachid Boutlélis

Spontanément et comme par enchantement, les marchés de la cité éponyme de Sidi El Houari ont commencé, ces dernière vingt-quatre heures, à se parer aux couleurs chatoyantes, annonçant l'Aïd. Ces couleurs s'identifient, en fait, à travers un grand éventail de variétés d'ingrédients et autres substances ornementales nécessaires dans la préparation des pâtisseries orientales et occidentales également, exposés sur les étals des marchés. Des produits locaux et d'importation aux senteurs enivrantes, ornent, judicieusement, les étalages des revendeurs, offrant ainsi l'embarras du choix à la ménagère. L'odorat est agréablement taquiné par ces odeurs, sur la rue commerçante des Aurès (ex-La Bastille), au même titre que le marché de fruits et légumes, communément appelé «Jean Kraft», dans le quartier ?Miramar', tous deux situés en plein cœur de la ville d'Oran.

Le constat est encore beaucoup plus évident dans le grand souk populaire de Médina Djedida, qui connait une certaine frénésie depuis le début de la semaine, notamment autour des étalages achalandés des commerces versés dans la vente des épices et autres divers composants utilisés dans la préparation des gâteaux traditionnels.

«Chaque année, à l'occasion de l'Aïd, nous préparons une certaine quantité de gâteaux pour tenter de perpétuer la tradition héritée de nos ancêtres. Nous déplorons, cependant, à ce propos, le délaissement de nos us et coutumes de la part de certaines familles, qui ont tendance malheureusement à s'imprégner à d'autres cultures importées », a commenté, avec une pointe d'amertume, une sexagénaire, assidue du marché de Médina Djedida. Un autre son de cloche s'est fait entendre à titre d'argument à ce sujet, chez une autre jeune ménagère de la rue commerçante des Aurès. «Je commande mes gâteaux chez le pâtissier. Mon emploi du temps ne me permet pas de les préparer moi-même en raison de mes horaires de travail», a invoqué notre interlocutrice, fonctionnaire dans une entreprise installée dans la banlieue d'Oran. Toujours est-il que les gérants des établissements de commerces semblent, a priori, prendre en considération ce brassage d'usages. En effet, ils sont nombreux, à Oran, à procéder à la reconversion de leurs magasins en pâtisseries à quelques jours de l'Aïd. Les plateaux de variétés de gâteaux traditionnels et autres pâtisseries occidentales viennent enjoliver, occasionnellement, les vitrines et les comptoirs de ces établissements commerciaux. «Chaque année, à la même période, nous répondons exceptionnellement à la demande de notre clientèle. Nous avons des engagements qui se traduisent à travers des commandes et nous devons les honorer pour préserver notre réputation», a expliqué, sans ambages, le gérant d'un commerce, installé depuis plus de trois décennies, sous la voute séculaire des Arcades, longeant partiellement le boulevard Larbi Ben M'hidi, au centre- ville d'Oran. Des déclarations presque similaires ont été formulées par d'autres exploitants de commerce de la place d'Oran et de ses localités limitrophes, reconvertis pour cette circonstance. Cet état de faits semble, en toute vraisemblance, susciter à l'unanimité l'approbation de la ménagère, qui redoute d'être prise au dépourvu à la veille de cette fête. «Un Aïd ne peut être célébrer sans gâteaux comme la rupture du jeûne ne peut se faire sans h'rira», a ironisé une riveraine de la rue Lamartine, sise dans le quartier ?Michelet', au sein de la ville d'Oran. Du coup, c'est toute la capitale de l'Ouest qui se pare et s'embaume pour célébrer l'Aïd, synonyme de la fin du mois de ramadhan qui, du reste, n'a pas encore bouclé sa deuxième semaine.