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Visite du 1er ministre : Des engagements pour Tizi Ouzou

par Notre Envoyée Spéciale A Tizi Ouzou : Ghania Oukazi

Le déplacement de Sellal à Tizi Ouzou a été le plus bref parmi tous ceux qu'il a effectués à travers le pays depuis sa nomination au poste de 1er ministre.

La proximité de la capitale et Ramadhan aidant, c'est en effet sa visite la plus courte même s'il a pris le temps d'inspecter les chantiers les plus en vue dans la région à l'image de la réalisation avec un montant de 60 milliards de dinars d'une pénétrante reliant la wilaya à l'autoroute Est-Ouest. Ce sont ainsi près de 7 chantiers qui ont été visités dont le plus important est celui de la réalisation du fameux stade. «Fameux» parce qu'il a fait beaucoup parlé de lui sans pour autant voir les travaux de sa réalisation lancés alors que sa projection a été faite en 2006. Le concepteur du projet explique ce retard par le fait de l'expropriation qui a pris beaucoup de temps.

 Conçu sous forme de complexe sportif avec toutes les infrastructures qu'il faut (stade d'athlétisme, piscine, hôtel?), le projet avait besoin à l'époque de 54 hectares alors qu'il n'en a eu que 21. Il fallait donc exproprier des personnes parmi eux des agriculteurs, pour commencer à réfléchir à l'étude de faisabilité. Hier, Sellal a vu que les travaux ont bien commencé. Les responsables de sa réalisation allaient lui exposer les problèmes qu'ils rencontraient et qui les empêchaient, selon eux, de « faire vite» mais il les a interrompus et les a exhortés à «dépasser tous vos problèmes parce que vous n'en avez aucun au niveau de l'administration». Il leur fixe septembre prochain comme date d'achèvement des travaux du stade qui, selon la maquette, abritera 50 000 places couvertes. Un ouvrier nous avait lancé dès notre arrivée sur le site que la fin des travaux se fera? Ramadhan 2020. Les experts en construction coupent la poire en deux et estiment que le complexe ne sera pas prêt avant 2016. La réalisation du complexe coûtera selon son concepteur 32 milliards de dinars.

Après son inauguration de la stèle «place des martyrs» au centre-ville de Tizi Ouzou, Sellal s'était dirigé vers un groupe de citoyens pour s'enquérir de leurs préoccupations. «Il faut prendre les citoyens au sérieux», lui lance un d'entre le groupe de jeunes. «Il ne faut pas être déconnecté de la société», a-t-il ajouté. Sellal l'écoutera avec une grande attention.

« NOUS AVONS BESOIN D'UN PLAN SELLAL»

Contrairement à son habitude de tenir ses réunions avec la société civile dans les après-midi, celle à la maison de la culture de Tizi Ouzou, il la commencera vers 11h, bien tôt. C'est dire que Ramadhan chamboule même les pratiques politiques officielles. C'est le P/APC qui a pris la parole le premier pour, entre autres, rappeler que Tizi Ouzou n'a pas reçu de visite officielle depuis très longtemps. L'on note que le dernier déplacement d'un officiel de haut rang dans la région, c'était celui en 1995 de Mokdad Sifi alors chef du gouvernement. L'élu FFS donne le ton à la discussion et souligne que la région «manque de tout».

Un député de la région renchérit la liste des problèmes exposés par le P/APC pour en ajouter d'autres à l'exemple du manque accru du foncier, le manque de programmes de développement socioéconomique et bien sûr de financements. Il lui fera part de l'existence de 10 000 artisans qui activent à travers la wilaya pour promouvoir le patrimoine de la région. Il appelle à la création de PME pour booster l'investissement qui manque tant dans ces contrées montagneuses où, selon leurs habitants, la sécurité reste précaire. Le député promet quand même que les projets lancés dans plusieurs domaines seront achevés d'ici à la fin 2014. Il ne manquera pas de lui faire la demande d'un programme complémentaire. Avant lui, le P/APC avait demandé à l'hôte de la Kabylie «un plan Sellal» pour reprendre la wilaya en main.

Dès ses premiers propos, le 1er ministre lancera une amabilité qui fera applaudir l'assistance. «A chaque fois que je viens à Tizi, je me sens bien, je me sens chez moi, je suis venu avec plusieurs ministres pour savoir ce qui a été réalisé et ce qui manque pour l'inscrire dans le prochain plan quinquennal». Il rendra hommage aux martyrs de la région. «Je ne suis pas venu vous donner une leçon de patriotisme, vous l'avez dans le sang».

«IL VA RENTRER»

Sellal citera les grands noms de la révolution natifs de la wilaya et rendra aussi hommage à Hocine Aït Ahmed « qu'on ne doit pas oublier», a-t-il tenu à préciser. «Tizi Ouzou est bien ancré dans l'histoire du pays, personne ne peut l'oublier et personne ne peut douter de son unité avec le pays», a-t-il encore souligné. Il explique que « la capitale ne peut survivre sans Blida ni sans Tizi Ouzou (la première pour sa base industrielle et la seconde pour son intelligence et son service». Il rendra hommage aux lycéens et jeunes de Tizi Ouzou pour avoir été classés premiers à l'échelle nationale pour ce qui est du taux de réussite au bac.

Le 1er ministre évoquera les corps de sécurité et leur rendra à eux aussi hommage pour affirmer que « rien ne peut se faire sans la sécurité». Il recommande qu' « on doit encore faire des efforts dans ce domaine» et promet que «l'Etat restera toujours présent et fera tout au profit du citoyen». Il tiendra à souligner que « l'Etat continuera d'investir dans cette région pour assurer la sécurité aux citoyens, je dis bien la sécurité pas la répression, ne confondons pas». Il lancera encore que «vous êtes rebelles mais toute l'Algérie est rebelle, vous l'êtes peut-être un peu plus, mais ça fait du bien pour faire bouger l'histoire ».

Il promet aussi que « je m'engagerais au nom de tout le gouvernement pour que l'Etat continue d'investir dans la wilaya ». Il s'inscrit dans l'idée des autorités locales de supprimer une des deux trémies de la ville pour en faire une piétonnière.

Il écoutera plusieurs intervenants, représentants de la société civile qui feront part du chômage élevé, du manque d'entreprises et d'investissements publics, des routes défoncées, des retards dans la réalisation des programmes socioéconomiques, les pronoms amazighs que les APC refusent d'inscrire dans l'état civil et même du retard pris par le Centre culturel? français pour être installé à Tizi Ouzou. Un intervenant indiquera que «50% des projets ne sont pas lancés ». Une jeune femme commencera, elle, son intervention par des prières pour que «notre président de la République guérisse et rentre au pays». Sellal lui répondra par un simple « il va rentrer ». Une réponse applaudie par l'assistance. Une jeune diplômée de l'ENA réclamera avec la gorge serrée « l'officialisation de Tamazight». Un handicapé moteur fera savoir au 1er ministre qu'« avec 4000 DA, on ne peut pas vivre dignement». Il pense que le manque de moyens et de prise en charge fait que «les handicapés se cachent pour mourir ». Les intervenants s'accorderont à souligner « la marginalisation de la région ».

«Mettons-nous au travail car la tâche est ardue», a affirmé la dernière intervenante non sans avoir affirmé que «les jeunes de la région ne sont pas formés intellectuellement ».