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Il poursuivra une période de repos et de rééducation : Bouteflika rentre au pays

par Salem Ferdi



Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé depuis fin avril à Paris, à la suite d'un AVC est rentré, hier, en Algérie.

Un communiqué, on ne peut plus laconique, a été rendu public par la présidence de la République à cette occasion. «Ayant achevé la période de soins et de réadaptation fonctionnelle qu'il suivait en France, M. le président de la République a regagné Alger ce jour, mardi 16 juillet 2013, où il poursuivra une période de repos et de rééducation». Depuis son évacuation en France, le 27 avril dernier, à la suite d'un «AVC mineur», la question de l'aptitude du président à accomplir sa mission a été un sujet de polémique dans la presse. Certains hommes politiques ont également évoqué l'éventualité d'une mise en œuvre de l'article 88 de la Constitution prévoyant l'état «d'empêchement» du président pour cause de maladie «grave et durable» qui le met dans «l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions». Les rumeurs alarmistes persistantes et grandissantes ont été atténuées par l'apparition du président, le 12 juin dernier, avec la rencontre filmée - mais sans parole - aux Invalides, à Paris, avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Sans lever les incertitudes sur l'état de santé du président, ces images ont permis d'atténuer les rumeurs sur une grave détérioration de l'état de santé du président.  

L'ARTICLE 88 ET L'EMPECHEMENT

Les appels à la mise en œuvre de l'article 88, sans disparaître totalement, se sont tus. Il est vrai que le jour même où le président recevait aux Invalides le Premier ministre et le chef d'état-major, l'armée avait opposé un niet catégorique aux appels qui lui étaient adressés pour destituer le président. Le plus clair de ces appels était venu de Mohamed Mechati, membre du groupe des 22, qui a demandé à l'armée « d'agir vite » car il «il y va de la survie de notre pays». Les appels à l'armée n'étaient pas anodins, les constitutionnalistes faisant remarquer qu'il n'existait aucun mécanisme réel de mise en œuvre de l'article 88. L'armée a opposé une fin de non-recevoir en faisant valoir qu'elle était une «institution nationale républicaine aux missions clairement définies par la Constitution » dont la mission est la «sauvegarde de l'indépendance et de défense de la souveraineté nationale». Et pour marquer son légalisme et son refus de brusquer les choses, le communiqué de l'armée soulignait qu'elle était «pleinement dévouée à assumer sa noble mission dans le respect rigoureux de la Constitution et des textes de loi régissant le fonctionnement des institutions de l'Etat algérien sous la conduite de M. le président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale». Ces «mises au point» ont très largement réduit la polémique naissante sur la mise en œuvre de l'article 88, son application paraissant totalement impossible sans l'aval, au moins implicite, de l'armée. A l'image d'Abderrezak Makri qui a déclaré ne pas vouloir brusquer le calendrier de la présidentielle d'avril 2014 et ne pas demander l'application de la procédure d'empêchement. Mais, avait-il ajouté, «nous appelons le gouvernement à plus de transparence sur la santé du président».

PAS DE REPRISE IMMEDIATE DES ACTIVITES

Le communiqué laconique de la présidence indique que le président Bouteflika va poursuivre, en Algérie, une «période de repos et de rééducation». Cela signifie qu'après «avoir achevé la période de soins et de réadaptation fonctionnelle» en France, le président ne reprendra pas immédiatement ses activités. Une situation qui va probablement entretenir les questionnements sur la capacité du président à continuer à exercer ses fonctions. Les images, assez éloignées, ne permettent pas de se faire une idée de la mobilité du président qui paraît assis sur une chaise (roulante ?) alors que ses interlocuteurs sont installés dans des fauteuils. Les observateurs attendront les prochaines semaines après le «repos» pour voir comment le président va reprendre ses activités. Mais sans attendre et dans l'ombre, des candidats se préparent à une présidentielle en 2014. Sans Bouteflika.