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Coopération : L'Algérie et l'Ethiopie veulent mieux faire

par Ghania Oukazi

Les ministres des Affaires étrangères algérien et éthiopien ont paraphé, hier, conjointement «une déclaration de partenariat stratégique» à la faveur des entretiens qu'ils ont eus, hier, entre eux au siège du ministère.

La déclaration en question est, selon le MAE algérien, qui a animé, hier, avec son homologue éthiopien, une conférence de presse au siège de son ministère, destinée à «relancer la coopération entre les deux pays dans le domaine économique, à diligenter le commerce bilatéral et à donner un élan aux investissements, particulièrement dans les secteurs de l'énergie, l'industrie, l'agroalimentaire et l'agriculture, en général, où les deux pays ont des complémentarités». Mourad Medelci soulignera à cet effet, que «ce sont les deux ministères des Affaires étrangères des deux pays qui auront à veiller à la bonne mise en œuvre de cette déclaration et à faire fonctionner les mécanismes de coopération déjà en place». La déclaration sera en outre, complétée par, dit-il, «la redynamisation de la commission mixte qui devra se réunir, avant la fin de l'année en cours.» Les deux pays ont convenu aussi, de mettre sur pied un conseil d'hommes d'affaires, d'ici à la fin de l'année en cours. Autre complément à la déclaration «aider les entreprises, de part et d'autre, à développer un partenariat stratégique entre elles, leur faciliter la fiscalité, l'investissement et l'accès au foncier.» Ce qui exige, selon Medelci, «l'élaboration d'un cadre juridique approprié pour concrétiser, sur le terrain, le contenu de la déclaration.» Medelci déclare s'être entretenu avec son homologue éthiopien sur la lutte contre le terrorisme et la résolution sanctionnant la réunion sur la réconciliation nationale abritée, par Alger, sous l'égide de la commission africaine de paix et de sécurité. Les situations du Mali et de la Somalie ont aussi été abordées parce que, dit Medelci «ce sont deux pays qui ont besoin d'un accompagnement continental, international et tout naturellement des pays voisins.» Il a souligné, par ailleurs, qu'« il y a des convergences entre nous pour ce qui est du dossier syrien.»

UNE AMBASSADE ET UNE LIGNE AERIENNE EN PREVISION

Invité à participer à la réunion de la Commission africaine de paix et de sécurité, le ministre des Affaires étrangères éthiopien a ainsi saisi sa venue à Alger «pour la première fois», pour conclure la déclaration de partenariat stratégique en vue, a-t-il déclaré de «renforcer les relations commerciales et les investissements en Algérie et en Ethiopie où le secteur privé aura d'importants projets.» Déclaration, qui, selon lui, couvre les aspects politiques, économiques et sociaux des relations entre les deux pays.

 Le MAE éthiopien fait part de la décision des deux pays d'ouvrir une ligne aérienne entre Alger et Addis Abdeba qui sera desservie «soit par les lignes algériennes ou éthiopiennes.» Il est aussi question pour les Ethiopiens de construire un siège à leur ambassade à Alger.» Nous devons choisir un terrain sur les deux qu'on nous propose, une équipe viendra ces jours-ci pour le faire et lancer les travaux,» a-t-il fait savoir. Interrogé sur une éventuelle médiation de l'Algérie entre l'Ethiopie et l'Egypte, en vue d'un règlement du conflit qui les opposent et qui concerne l'exploitation des eaux du Nil, Medelci a avoué, en premier, que «je ne crois pas que la réunion d'Alger ait comme objectif de traiter de cette question». Cependant, a-t-il affirmé «compte tenu de son importance, nous en avons parlé avec l'un et l'autre des MAE des deux pays, mais l'Algérie n'a pas été sollicitée pour jouer un rôle de médiation à cet effet (?) ». Le MAE éthiopien enchaînera sur le sujet pour souligner que «la question de l'exploitation des eaux du Nil est d'une importance capitale, il faudrait avoir une coopération gagnant-gagnant, il n'y a pas de raison pour qu'il n'y ait pas un accord, dans ce sens, entre les deux pays.» Il rappelle que «nous avons des relations durables avec l'Egypte, j'ai reçu ces derniers jours, la visite de Kamel Amr, le MAE égyptien et on est tombé d'accord sur les principes.» Pour plus de précisions, il a déclaré qu' «on s'est dit qu'on doit ou nager ensemble ou couler ensemble dans ces eaux, bien sûr, on a choisi de nager ensemble.» Le MAE éthiopien devra se rendre au Caire «très prochainement,» dit-il.

ACCORD ETHIOPIE- EGYPTE EN GESTATION

A propos du refus des autorités égyptiennes de la construction par l'Ethiopie d'un barrage, le MAE éthiopien estime que «sa construction ne présente que des avantages, le barrage ne sera pas destiné à l'irrigation mais à produire de l'électricité, sa construction en altitude va éviter l'évaporation des eaux, donc, on aura plus d'eau à partager ensemble, il contrôlera en même temps le niveau d'envasement et régulera, en plus, les inondations qui sont devenues très fréquentes.» Il dira même plus que «l'électricité que le barrage va générer sera partagée entre l'Ethiopie, l'Egypte et le Soudan.» Il pense, par ailleurs, que «sa livraison, clés en main, permettra d'avoir une marge de manœuvre pour apporter des aménagements dans le schéma de sa construction. Donc, rien n'est définitif.» En plus du Soudan qui, selon lui, soutient le projet, «il y a des experts internationaux qui y travaillent en concertation avec les deux pays (Ethiopie et Egypte).» En cas de désaccords entre eux, le MAE éthiopien compte pour leur règlement, en premier sur «les mécanismes internationaux» et pourquoi pas «les pays amis.» Mais, a-t-il affirmé «je pense et je souhaite que ça ne sortira pas du cadre du dialogue.» Medelci répondra, en outre, sur une question relative aux nouvelles approches de lutte contre la pauvreté sur lesquelles réfléchissent les gouvernants africains à Addis Abeba. «L'Afrique doit initier des programmes à cet effet mais elle a besoin d'expertise et de financements, le Nepad a fait bouger les choses en Afrique à cet effet, et a joué un rôle pour faire de la problématique de la pauvreté, une question centrale, elle attend toujours des solutions,» indique-t-il. Il juge «nécessaire» la coopération entre les pays africains pour sa prise en charge. D'autant que, ajoute-il «les mécanismes mis en place à cette effet, obligent à coopérer.» Le MAE éthiopien affirme pour sa part que son pays compte sur le développement de l'Agriculture pour éradiquer la pauvreté. «Nous devons améliorer les technologies et faire en sorte d'en couvrir tous les villages.» Des centres de formation ont été créés, selon lui, pour «assurer la formation aux paysans et leur apporter des conseils.» L'Ethiopie est, dit-il «à 85% un pays rural.» Le développement de l'industrie par la création de PME et de micro-entreprises est aussi évoqué par le ministre éthiopien. Il estime aussi que «la lutte contre la corruption devra être sérieusement menée mais exige la mise en place de tout un système au niveau du Nepad».