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Les patients de l'Ouest pénalisés : Même le cancer n'échappe pas à la bureaucratie

par Mokhtaria Bensaâd

De la sonnette d'alarme tirée à chaque fois au sujet de la situation des malades cancéreux, les médecins spécialistes sont passés à une vitesse supérieure en dénonçant les problèmes bureaucratiques qui pénalisent les patients de toute la région Ouest. C'est lors du séminaire national sur «The first Best of Chicago 2013-West Algérie (Post ASCO) national», organisé samedi à l'hôtel Sheraton d'Oran par les laboratoires du groupe pharmaceutique allemand «Merck Sereno» en collaboration avec le Pr Djillali Louafi, chef de service d'oncologie du CHUO, que ces professionnels de la santé ont tenu à déballer tous les maux qui gangrènent les services d'oncologie. Problème de radiothérapie pour les malades en traitement, lenteur dans la réalisation des 20 centres anti-cancer prévus depuis 2007 dans le programme présidentiel et problèmes bureaucratiques, tel a été le diagnostic établi par les spécialistes. Une situation devant laquelle ils se sentent impuissants. Le président du conseil scientifique M. Berrabah, ainsi que le Pr Djillali Louafi ont saisi l'occasion pour interpeller les pouvoirs publics sur les conséquences de tous ces problèmes qui peuvent être réglés. M. Berrabah a déclaré: «Je sais qu'il y a un problème de radiothérapie et j'en suis désolé. Il y aussi le problème de diagnostic du cancer. La plupart des malades arrivent chez le médecin à un stade très avancé. Il y a aussi le problème des malades des autres wilayas qui se déplacent jusqu'à Oran pour une prise en charge, sans parler de l'absence de dépistage pour cette maladie». Un cumul de problèmes pour lesquels le président du conseil scientifique n'a pu résumer que par le mot «désolé». Ensuite, ce fut au tour du Pr Djillali Louafi de tracer un tableau noir de la santé à Oran et spécialement pour le traitement du cancer. «Tout ce que je dénonce aujourd'hui, je l'ai fait par écrit. Il y a un retard depuis 2007 dans la réalisation des centres anti-cancer et nous ne comprenons pas pourquoi. Le programme de lutte contre le cancer a été initié par le président de la République. C'est planifié. L'argent existe. Il a été lancé mais bloqué ensuite au niveau du ministère. Le résultat, en 2011, on devait avoir 20 centres anti-cancer. Sur les 20, un seulement a été réalisé à Misserghine». Poursuivant son intervention, il souligne: «Notre plus grand problème est la bureaucratie dans le secteur de la santé, un secteur stratégique pourtant. Les centres de Tlemcen et de Sidi Bel-Abbès étaient prévus pour 2007/2009. Ils devaient ouvrir en 2010. Le centre de Tiaret n'a pas été lancé, idem pour la wilaya de Béchar, Adrar et Chlef». Il explique par ailleurs que «la radiothérapie pose un véritable problème. Des pannes répétées à cause de la surcharge d'exploitation. Les radiothérapeutes existent. Il y a une vingtaine. Ils se roulent les pouces. Ils sont affectés dans des services. Ils sont payés pour ne rien faire. D'autres radiothérapeutes fraîchement diplômés n'ont pas trouvé de postes. Ce n'est donc pas un problème de potentiel humain». Sur le problème de dépistage, le même professeur contredit ses collègues. «Je ne suis pas d'accord pour le dépistage. Pourquoi ? Il y a les malades symptomatiques et les malades non symptomatiques. Les premiers sont porteurs de la maladie du cancer. Il faut donc les prendre en charge. Les opérer, faire une chimiothérapie et une radiothérapie. Les symptomatiques ne sont pas encore pris en charge. Comment voulez-vous qu'on prenne d'autres patients. Vous dépistez un malade de Tiaret ou de Relizane. Qu'est-ce que vous en faites après. Vous allez le stresser, lui dire que vous avez un cancer mais je ne fais rien pour vous. Il n'y a pas le suivi», argumente-t-il.