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GUELMA: L'habitat et l'urbanisme naviguent à vue

par Menani Mohamed

Le secteur de l'habitat et de l'urbanisme se caractérise par sa sensibilité compte tenu de son impact direct dans l'amélioration des conditions de la qualité de vie des citoyens.

En matière d'habitat, les pouvoirs publics poursuivent le processus de soutien à la cadence des réalisations des programmes pour garantir la livraison des logements dans les délais établis et la qualité requise. Les différents programmes initiés étaient destinés à accroître l'offre des logements en la diversifiant, à travers notamment, les segments aidés par l'Etat, confiée au potentiel national d'études et de réalisation dans une optique de réunir les conditions appropriées pour la création et le développement d'une industrie de la construction, fiable et performante aux paliers architectural, technique et esthétique. Au titre du programme quinquennal 2010/2014, la wilaya de Guelma avait obtenu une tranche de 1.480 LPA qui stagne encore dans la phase des études conceptuelles et non lancée à ce jour. En rétrospective sur le plan quinquennal 2005-2009, nous dénotons la notification de 6.029 logements socio-participatifs, dont 2.315 unités ont été achevées, 3.525 sont encore en cours de construction et 189 font du surplace à la phase des études. Le dangereux diktat des lenteurs fait le lit de la léthargie bien ostentatoire au niveau du vaste chantier du POS-Sud du chef-lieu de wilaya, qui avait absorbé la majeure partie du programme LSP avec 4.660 logements où seulement 1.557 unités ont été réceptionnées et 3.103 unités restent indéfiniment en phase de construction. Le lent cheminement entrepris dans la réalisation des ouvrages devient très exacerbant, ce qui a obligé le wali de Guelma à mettre en demeure les promoteurs défaillants en leur fixant un ultimatum au 30 juin 2013 pour assainir cette situation encombrante. Depuis 3 mois, un comité ad hoc a été institué pour suivre rigoureusement l'évolution des travaux du programme LSP et tout porte à croire que nous n'allons pas faire la fête aux festivités commémorant le 5 Juillet, avec des cérémonies de remises de clés aux souscripteurs qui ont tant attendu. Au département ministériel, l'ont suit avec attention la mise en branle par M. A. Tebboune d'un arsenal de nouvelles dispositions accompagnant le plan de restructuration organique interne en vue de délimiter, en amont et en aval, les prérogatives et les responsabilités de chacun. En envoyant des commissions vers ses structures déconcentrées à l'intérieur du pays et en organisant des conclaves régionaux pour vulgariser la bonne mise en œuvre de ces nouvelles orientations, c'est «pour expier la bureaucratie dira-t-il, source de retards qui grèvent la notion de performance et instaurer une nouvelle dynamique dans les programmes». Dans cette dimension, l'assimilation est loin d'être acquise à la DLEP de Guelma qui se noie dans une lourdeur sans précédent et croulant sous un climat délétère marqué par des cabales judiciaires sur des dossiers de faux et usage de faux documents administratifs, des poursuites pour infractions à la législation qui régit les marchés publics et même des actes de coups et blessures volontaires entre commis de l'Etat. Un vrai gâchis sur fond d'intrigues, de conflits d'intérêts où s'installent durablement la malfaisante suspicion, le préjudiciable tâtonnement et la démobilisation ambiante qui nuisent à l'image et la crédibilité d'une structure publique. Le 5 juin 2013, nous avons assisté à une cérémonie de remise de 150 logements sur le programme FNPOS à Héliopolis et El Fedjoudj. Sur un programme de 400 logements initié en 2003, 198 unités avaient été distribuées en février 2011 à Guelma, Oued Zenati et Hammam Debagh, alors qu'un reliquat de 52 logements est projeté à une distribution en novembre 2013. La décade semble trop longue pour 400 logements où rien ne justifie la piètre prestation du maître de l'ouvrage. Le compartiment de l'urbanisme et de la construction, qui véhicule la notion de «l'acte de bâtir dans la modernité», n'est pas épargné par le virus de la nonchalance et l'accumulation des retards qui altèrent le planning des performances escomptées, l'on doit crier haro sur l'insouciance qui sévit dans la mise en œuvre des actions structurantes du secteur. L'acte du permis pour construire, lotir, clôturer, démolir ou pour restaurer doit constituer l'instrument fondamental de la promotion et la régulation de l'urbanité qui immunise contre tout dépassement menaçant la visibilité dans l'environnement urbanistique. En matière d'investissement par le truchement du Calpiref, le wali de Guelma a été pragmatique en instituant localement un guichet unique en vue de formaliser un permis de construire en 15 jours, à l'adresse des nouveaux promoteurs.

La disposition semble produire l'effet inverse par la stagnation surprenante mettant en évidence des carences indues obligeant certains promoteurs à renoncer à leurs projets, avec toutes les conséquences qui en découlent en matière de création de richesses, d'emplois, de rentrées fiscales et autres facteurs de relance de la croissance économique de la collectivité. Si tous les violons sont synchronisés et si toutes les écritures laissent apparaître une traçabilité de la sueur humaine, alors on peut se targuer d'être en mesure de relever tous les défis. Aussi, l'on doit se définir entre ceux qui travaillent réellement et ceux qui se rendent simplement au travail.