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Mali: Décantation au Nord, tests ADN pour identifier les chefs d'Aqmi

par Yazid Alilat

La situation au nord du Mali, où près de 4.000 soldats français sont engagés, avec des forces maliennes et tchadiennes, contre les groupes terroristes du Mujao, d'Aqmi et d'Ansar Dine, reste encore confuse, même si les villes de Tombouctou, Gao et Kidal ont été, relativement, libérées.

Dans un point de presse vendredi, le ministère des Affaires étrangères français a souligné que «l'intégrité territoriale du Mali est d'abord en passe d'être pleinement rétablie». «Si des combats se poursuivent dans certaines zones du pays, où sont repliés les terroristes, la reprise rapide des grandes villes du Nord a constitué un véritable soulagement pour les populations locales, libérées du joug des groupes extrémistes», ajoute le ministère dans un communiqué. Il précise en outre que «parallèlement aux efforts de stabilisation menés au Mali, des discussions sont engagées au Conseil de sécurité, en concertation avec nos partenaires maliens et l'ensemble des pays africains, sur la transformation de la MISMA en opération de paix des Nations unies». Sur le terrain, pourtant, les choses ne sont pas si simples.

 Dans la nuit de jeudi à vendredi, quatre civils maliens ont été assassinés par des islamistes présumés dans la région de Tombouctou. Quatre habitants de Tonka (à 100 km au sud de Tombouctou) ont été tués par des hommes armés non loin de chez eux en brousse», selon Mamady Konipo, le maire de la localité. «Nous croyons que ce sont les islamistes qui ont fait ça pour voler la voiture des gens tués», a-t-il ajouté. L'information a été ensuite confirmée par des sources sécuritaires maliennes.

TESTS ADN POUR CHEFS TERRORISTES ANNONCES MORTS

 Par ailleurs, la mort d»'Abou Zeid n'est pas encore confirmée officiellement, encore moins de Mokhtar Belmokhtar. Une grande confusion règne à ce niveau et les services de sécurité des pays riverains, ainsi que ceux français et américains travaillent à l'identification des corps de plusieurs dizaines de terroristes tués dans des combats dans l'Adrar des Ifoghas. Les experts de l'identité judiciaire, algériens, français et américains, seraient actuellement en train de travailler pour identifier des corps de djihadistes pour déterminer l'identité de chacun d'entre eux, et éventuellement les chefs des groupes d'Aqmi. D'autant que les services de sécurité algériens auraient déjà des échantillons d'ADN de plusieurs chefs terroristes d'origine algérienne, notamment Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar. Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait souligné que «nous savons qu'il y a pas mal de chefs parmi les plusieurs centaines de terroristes qui ont été tués» au cours des derniers jours lors des combats dans le massif montagneux des Ifoghas. «Pour les précisions sur les identités, il faut faire des vérifications très précises avec l'ADN, c'est ce que les services de l'armée sont en train de faire», a-t-il ajouté.

LE DRIAN AU NORD-MALI

 Les combats sont dans leur «dernière phase, la plus difficile, mais on progresse tous les jours. Il faut aller jusqu'au terme», a par ailleurs indiqué, hier vendredi à Bamako, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, en déplacement dans la région. Il s'est rendu dans le nord du Mali où il a rencontré les soldats français et fait le point sur la situation des combats avec les groupes terroristes. Selon lui, à peu près «70% du chemin a été fait». Le ministre avait débuté jeudi sa visite au Mali par le massif des Ifoghas (Nord-Est), près de la frontière avec l'Algérie, où se déroulent les combats les plus durs contre les groupes terroristes d'Aqmi et autres Ansar Dine et Mujao. Réaffirmant que le retrait des soldats français se fera à partir du mois d'avril, il a assuré qu'il ne reste que «deux poches» de résistance des islamistes dans le Nord et «à sécuriser» la zone de Gao, a-t-il affirmé également à la radio Europe 1. «Les combattants sont pratiquement face à face, ils se voient, et donc, c'est à portée d'hommes, ça se passe au sol dans des conditions extrêmement dures», précise-t-il. Enfin, un second terroriste franco-malien, capturé lors de combats dans le nord du Mali, a été transféré jeudi soir vers Paris.