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Chavez a bien mérité le respect et l'attachement

par Kharroubi Habib

Mort, Hugo Chavez ne verra pas l'accomplissement irréversible de la révolution bolivarienne dont il a semé le grain dans son pays le Venezuela, mais aussi dans toute l'Amérique latine. Son accomplissement est désormais la tâche de son successeur à la tête de l'Etat vénézuélien et des leaders latino-américains ayant accédé au pouvoir avec pour engagement de réaliser cette révolution. Hugo Chavez leur manquera car on ne remplace pas aisément un leader de sa trempe au charisme et à l'énergie battante hors du commun.

 Ce vide, créé par sa disparition, dans le camp des bolivaristes vénézuéliens et latino-américains va être à n'en point douter exploité par leurs ennemis locaux et internationaux pour tenter de mettre un terme à la poursuite du projet révolutionnaire dont Chavez en fut l'inspirateur et l'âme irréductible. Le soulagement indécent et choquant que des adversaires de Chavez et de la révolution bolivariste ont exprimé à l'annonce de son décès, montre qu'ils espèrent que celle-ci va être plus facilement mise en échec lui disparu. Il leur faudra néanmoins compter avec les peuples vénézuélien et latino-américains qui ont exprimé de façon extraordinaire leur attachement à l'héritage doctrinal que leur a légué le «commandante».

 L'immense vague de tristesse et de consternation qui a déferlé au Venezuela et dans les autres pays du continent à l'annonce de sa disparition ne se réduit pas à la démonstration d'un culte de la personnalité excluant la conviction, comme se complaisent à l'affirmer les détracteurs de Chavez. Chavez est sincèrement pleuré par le petit peuple du Venezuela et de tout le continent sud-américain parce qu'il voit en lui celui qui lui a redonné dignité et prouvé qu'il n'y a pas fatalité pour lui dans la misère, la pauvreté et l'exploitation qui ont été son lot avec des régimes politiques asservis à l'hégémonie impérialiste nord-américaine et aux intérêts de ses sociétés économiques et de son milieu financier.

 Au Venezuela, Chavez a réussi à traduire la révolution bolivarienne par des actes concrets qui ont fait reculer misère et pauvreté de façon si probante que même ses plus féroces détracteurs sont obligés d'en reconnaître la réalité. Sans pour autant s'en prévaloir comme accusé à tort d'avoir instauré un régime dictatorial étouffant des aspirations à la démocratie de son peuple. Et c'est en cela qu'il a été un danger que les Etats-Unis et leurs affidés dans le continent ont combattu avec hargne de son vivant. Lui disparu, ils vont redoubler leurs attaques pour tenter de discréditer son bilan et détourner de son héritage les peuples latino-américains. C'est à la patrie de Chavez de démontrer que cet héritage ne mourra pas avec lui. En donnant au successeur qu'il leur a recommandé quand il a compris que son terme était proche, la légitimité qui lui permettra de faire échec aux inévitables manœuvres de déstabilisation dont le Venezuela va être la cible.

 A ce successeur d'inscrire son action dans la voie tracée par l'extraordinaire et irremplaçable semeur de convictions révolutionnaires qu'a été Chavez. Ce n'est qu'à ces conditions que se perpétuera au Venezuela et en Amérique latine l'œuvre immense commencée par le «commandante».