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Le phénomène prend des proportions alarmantes: 420 femmes victimes de violences prises en charge en 2012

par J. Boukraâ



Une table ronde sur la violence contre les femmes a été organisée jeudi par la direction de l'action sociale. A l'occasion de cette rencontre animée à la maison de jeunes de haï Seddikia (USTO), les représentants de cette institution ont indiqué que près de 420 femmes en difficulté ont bénéficié d'une prise en charge et d'une orientation spécifique contre 325 femmes prises en charge en 2011. Il s'agit de soutien psychologique, juridique ou financier selon chaque cas. Aussi, une trentaine de cas de violence sur ascendant (fils contre mère) ont été enregistrés parmi les cas traités au niveau de la cellule d'écoute psychologique de la DAS. Selon le bilan communiqué par la DAS, la cause de la détresse recensée par les services spécialisés est «la violence sous toutes ses formes». Violence morale (insultes, maltraitance, harcèlement dans le milieu familial, professionnel ou dans la rue), physique (gifles, coups de poing, de pied, brûlures, étouffement).

 Ces chiffres sont loin de la réalité. Des milliers de femmes souffrent en silence, gardant le secret de la violence qu'elles subissent et n'osent pas le dire même à leurs proches et à leurs amies. Dans la plupart des cas, ce silence s'explique par une certaine mentalité et les coutumes qui sont des obstacles majeurs les empêchant de se plaindre. Le statut de la femme battue est toujours plus infamant que celui de l'homme violent et, longtemps, les femmes victimes de violences ont été tenues pour principales responsables de leur sort. Selon les sociologues, une violence qui trouve son origine dans la situation économique, le chômage, la crise du logement, le retard de l'âge de mariage et bien d'autres aspects.

 Le service de la médecine légale du centre hospitalo-universitaire d'Oran reçoit, chaque mois, entre 35 et 45 femmes victimes de violences domestiques qui viennent se faire délivrer des certificats médicaux. La moitié des lésions constatées sont des ecchymoses, mais il y a également des hématomes, des fractures et des brûlures. En général, 82% des cas nécessitent des soins légers, alors que 11% nécessitent des sutures, entre autres. Les trois quarts des femmes venant se soigner ne sont pas à leur première expérience. Leurs «agresseurs» n'ont jamais été condamnés, bien que la plupart d'entre eux soit «récidivistes» en matière de coups et blessures.