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Salon de l'équipement médical: Les Chinois, le produit algérien et la main-d'œuvre qualifiée

par Mokhtaria Bensaâd

Le Salon du médicament et de l'équipement médical (SIMEM) s'est clôturé hier après quatre jours d'exposition et de contacts entre opérateurs économiques, importateurs et fabricants de matériel médical et professionnels de la santé, médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, laborantins, paramédicaux et étudiants? Si pour les premiers cette manifestation a été l'occasion de faire connaître leurs produits, pour la première fois, dans la région de l'Ouest, pour les seconds, ce salon a été une découverte des nouveautés dans le domaine de la santé, devenu un marché ouvert aux investissements nationaux et étrangers. La forte présence des entreprises chinoises au SIMEM, 49 au total, a, toutefois, incité la curiosité des visiteurs qui n'ont pas caché leur suspicion envers les produits chinois. Pour les professionnels de la santé, spécialement les médecins rencontrés lors de ce salon, l'équipement médical chinois n'emballe pas tout le monde. Leurs regards ont été orientés vers les produits français, italiens, espagnols et japonais, leurs fournisseurs classiques. «Pour les Chinois, on verra», disaient-ils.

Cette réticence envers les produits de ce pays asiatique s'explique par la réputation qui colle aux Chinois d'être un pays connu pour la contrefaçon. Une image que les exposants chinois ont voulu changer en présentant du matériel médical certifié par les Etats-Unis et les Européens. Une preuve de garantie pour convaincre les Algériens. Bien qu'ils aient eu du mal à aborder avec nous le sujet, les exposants chinois ont tenu à donner leur vision des choses en avançant l'argument qu' «en Chine, vous pouvez trouver des produits de haute qualité et d'autres de qualité médiocre. Les clients sont libres de choisir entre le bon produit et pour lequel il faut mettre le prix et le bas de gamme à un prix très concurrentiel». Certains d'entre eux et notamment General Meditech, spécialisée dans la fabrication de moniteurs de surveillance, et Dirui, spécialisée dans la fabrication d'équipements de laboratoire et de diagnostic in vitro, affirment que «les équipements médicaux que nous exposons ont des certificats de garantie américains FDA et européens CE. Nos produits sont distribués aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie, au Brésil et aussi en Turquie». Sur leur présence au SIMEM, ils soulignent qu'ils sont à la recherche de partenaires algériens pour la distribution de leurs produits.

Le même avis est donné par le distributeur à Sétif des trois marques asiatiques, «Aloka», leader japonais mondial en imagerie médicale, et «Minray» et «Sonoscape», leader asiatique chinois en imagerie médicale et écographie portable. Il argumente : «Je suis le fournisseur d'Aloka, Minray et Sonoscape et sur le plan qualité, je peux vous dire que mes clients sont satisfaits». «C'est vrai, dira-t-il, que les Chinois sont connus pour la contrefaçon, mais il faut savoir une chose, si sur le marché algérien on trouve des produits de mauvaise qualité, cela incombe à nos importateurs qui optent pour le bas prix même si la qualité laisse à désirer». Concernant le matériel médical, il ajoute : «En Chine, il est très rare, si ce n'est impossible de trouver un fournisseur qui accepte de fabriquer de l'équipement médical ne répondant pas aux normes internationales. La preuve, le matériel chinois qui est exposé au salon est certifié par les agences de garantie de notoriété mondiale».

Quant aux entreprises nationales, elles sont très rares dans la fabrication de matériel médical. Plus nombreuses sont celles qui importent ce genre de matériel. Ces importateurs sont soumis, toutefois, à l'obligation de devenir producteur après 2 ans d'activités. Pour certains, ce pas reste difficile à faire car malgré toutes les facilités accordées, le problème du personnel qualifié se pose avec acuité. C'est l'avis du représentant de la SARL Equilab, spécialisée dans l'équipement, matériel et produits chimiques de laboratoire. Cette entreprise fait actuellement dans l'importation et la distribution de produits fournis à 85% par les Allemands. «Nous avons peur de nous lancer dans la production et d'investir alors que nous ne sommes pas sûrs que la main-d'oeuvre pour faire marcher notre usine est assurée. Nous avons, déjà, fait l'expérience avec des compétences algériennes pour laquelle nous avons investi dans la formation mais au bout d'un certain temps, nous avons perdu ces compétences qui ont choisi de quitter le pays pour travailler ailleurs. L'instabilité de la main-d'œuvre est notre plus grand souci actuellement», dira le représentant de Equilab. Pour sa part, le représentant de Bioforum, entreprise algérienne spécialisée dans l'importation d'équipements médico-chirurgicaux et consommables, estime que «toutes les facilités sont accordées pour aider les importateurs pour devenir producteurs. C'est l'expérience que nous comptons mener d'ici trois ans pour la fabrication du dispositif stérile. Actuellement nous sommes en prospection en attendant de se lancer dans le projet».

UNE ENTREPRISE ALGERIENNE POUR LE TRAITEMENT DE L'AMIANTE

Quant à Vital Energie, une entreprise algérienne, détenant un brevet d'invention d'un appareil banaliseur de déchets, elle est actuellement installée en France et compte prochainement construire une usine en Algérie. L'appareil inventé par cette entreprise consiste à stériliser les déchets d'activité de soins à risque infectieux (DASRI), de les broyer ensuite pour les transformer en déchets domestiques. Il s'agit d'un appareil simple qui ne demande pas une installation complexe et qui peut remplacer l'incinérateur. Avec le ministère de la Santé, il est prévu la signature d'une convention pour équiper tous les établissements hospitaliers de cet appareil. Vital Energy a aussi un autre projet en perspective, celui du projet d'une machine pour traiter l'amiante par le procédé de micro-ondes. Cet appareil breveté aussi consiste à transformer l'amiante en cristaux commercialisables pour l'artisanat et avec la couleur de son choix. La réalisation de ce projet, nous confie M. Azzeddine Belhebib, commercial à Vital Energy, dépend de la quantité d'amiante existante en Algérie car il s'agit d'un lourd investissement qui demande une longue réflexion avant de le lancer. Il faut que la quantité d'amiante en Algérie mérite cet investissement. Actuellement, la seule entreprise spécialisée dans l'élimination de l'amiante est EDF qui traite la tonne à 1.700 euros. «Le mois dernier nous avons participé au salon de l'environnement à Alger et à notre grand étonnement nous avons rencontré des sociétés algériennes qui envoient de l'amiante à traiter en France à 3.116 euros la tonne. Alors qu'avec notre appareil, nous arriverons à 900 euros la tonne au maximum».

Le SIMEM a aussi reçu la visite, vendredi, de deux délégations étrangère, espagnole et polonaise. Toutes les deux ont exprimé leur volonté de coopérer avec les Algériens dans des projets d'investissement. Un partenariat gagnant-gagnant.