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Décharge publique: Les habitants d'El Kerma protestent

par Salah C.

«Après le 28 avril, il sera interdit à tout camion de déverser les déchets à la décharge publique».

C'est ce qu'a tenu à affirmer Mohamed Bouaza, président de l'APC d'El Kerma, lors d'un point de presse organisé à l'issue du sit-in de plus d'une centaine d'habitants de cette localité afin d'exiger la fermeture de la décharge publique d'El Kerma.

Le premier responsable communal a révélé que cette date a été prise comme un engagement de la part de la direction de l'Environnement en charge du projet de l'éradication de ce site, vieux de 30 ans, et de son transfert vers le Centre d'enfouissement technique (CET) de Hassi Bounif. Le maire a rappelé que cette tache noire à laquelle est venue se greffer une autre, certes difficile à transférer, à savoir la station d'épuration des eaux usées (STEP), a été de tout temps une priorité pour les responsables locaux.

Toutefois, M. Bouaza s'est montré intransigeant sur la nécessité d'en finir, une fois pour toutes, avec cette décharge qui de par son caractère incontrôlable est un véritable casse-tête. «Mais, dans l'immédiat il s'agit de mette un terme au déversement des déchets du groupement d'Oran, avant d'entrevoir son éradication». A ce propos, on apprend que lors de la réunion commune tenue avec la direction de l'Environnement, en présence de membres du mouvement associatif, il a été révélé en plus de la date de la fermeture, le lancement prochain d'une étude confiée à un bureau d'études tuniso-allemand pour l'éradication du site.

Le maire a mis l'accent dans son introduction sur les maladies engendrées par les effets néfastes de la décharge notamment les fumées. A ce propos, des statistiques communiquées récemment par les services sanitaires locaux font état de pas moins de 4.000 cas de pathologies respiratoires et allergiques. Le dernier en date est celui d'un nourrisson de 3 mois, hospitalisé pour les mêmes raisons, devait déplorer le maire.

Ce dernier a rappelé que le wali d'Oran fait de ce dossier une priorité également et à chaque briefing il suit son évolution. «Pour nous l'état d'avancement du projet du CET de Hassi Bounif ne nous intéresse pas car il ne relève pas de nos compétences, mais le directeur de l'Environnement a été amené à s'engager jeudi dernier, solennellement sur la date de la fermeture de la décharge», a souligné le maire. Concernant les moyens à mettre en œuvre pour concrétiser cette mesure, il appartient à la municipalité de les définir et ce, à partir de la fin du mois en cours, a également expliqué M. Bouaza. Abordant l'autre préoccupation de la population locale à savoir la station d'épuration, le même responsable, tout en reconnaissant l'existence d'odeurs nauséabondes qui se dégagent quotidiennement, a relaté les explications techniques de la SEOR, mais en mettant cette dernière devant ses responsabilités afin de trouver les solutions adéquates et dans les plus brefs délais. Il est à rappeler que cette question a été également débattue lors d'un briefing et la SEOR a été sommée de recourir à des produits afin d'atténuer de l'ampleur de ces dégagements, notamment à l'approche de la saison estivale. A ce propos, un membre du mouvement associatif dira que cet équipement n'a apporté que des désagréments aux habitants d'El Kerma, car concernant l'emploi, tout le personnel recruté venait d'ailleurs. Le maire a estimé qu'après la fermeture de la décharge, il est indispensable de construire une clôture en dur afin de dissuader les dizaines de chiffonniers d'investir les lieux et d'y mettre le feu pour rechercher les déchets ferreux et non ferreux. Selon des estimations, le volume des déchets a atteint 7 millions de tonnes avec un déversement quotidien de 200 tonnes.

Durant le sit-in, les habitants ont affiché leur colère devant le laxisme qui a caractérisé la gestion du projet de la fermeture de la décharge étant donné que plusieurs dates ont été avancées et n'ont jamais été respectées. «Chaque report est synonyme de dizaines de malades en plus», cria un habitant qui nous apprend que la décharge, en raison de l'absence d'une enceinte murale tend à déborder et les terres avoisinantes d'une exploitation agricole se retrouvent encombrées.

Dans leurs déclarations, les habitants ont été unanimes pour désigner, comme responsables de cette situation, les élus locaux étant donné que ce sont eux qui devaient faire les démarches nécessaires pour éradiquer cette décharge qui a terni l'image de leur localité. A ce titre, il faut rappeler qu'un autre projet de réalisation d'un incinérateur de déchets médicaux a été annulé à la suite de plusieurs actions de protestation menées par les habitants.