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Programme électoral du RND : Le parti d'Ouyahia revendique sa part dans les réalisations des dernières années

par Ziad Salah

Consultable sur le site du parti, le programme électoral du RND se divise en deux parties.

La première est un rappel de l'apport de la formation que dirige le premier ministre dans les grandes réalisations de l'Algérie ces cinq dernières années, réalisations présentées souvent par Ouyahia lui-même comme étant le programme du Président de la République. Ainsi, le texte évoque, dès les premières pages, les 140 propositions avancées lors des législatives de 2007, dont une cinquantaine ont été retenues et mises en œuvre. Probablement, pour éviter toute interprétation d'appropriation du programme du chef de l'Etat et partant de l'Alliance présidentielle, le texte précise que le RND a soutenu Bouteflika depuis 1999 et qu'il continue à soutenir sa démarche et ses efforts. Mais, il devient plus clair en formulant l'apport du RND dans la réalisation: du million de logements les cinq dernières années, les centaines de milliers de postes de travail créés lors de la même période, le renforcement des capacités de formation à tous les niveaux, le renforcement des infrastructures de base du pays?.. Et de conclure que le parti s'engage pour les cinq ans à venir à renforcer ces acquis.

Ainsi donc, pour la prochaine législature, le RND s'est fixé «six défis» autour desquels s'articule son programme électoral. Le premier de ces défis est «la préservation d'une Algérie unie dans son territoire et dans son peuple». Et le texte rappelle explicitement la situation dans le Sahel qui constitue une menace pour l'intégrité de l'Algérie. Le second se rapporte à «la consolidation de la stabilité et de la cohésion sociales». A ce niveau le RND repère deux épouvantails: l'utilisation de la religion à des fins politiciennes et l'exploitation de la jeunesse par des puissances étrangères. Probablement les auteurs du texte visent ici ce qu'on a nommé un moment donné «la jeunesse du facebook». Le troisième défi que se fixe le parti d'Ouyahia est «le renforcement d'une économie algérienne souveraine, productive et compétitive». En brandissant de nouveau le «nationalisme économique» Ouyahia cherche à se démarquer de ceux qui l'accusent d'être derrière le démantèlement du tissu industriel acquis durant la période boumedienienne. C'est pour cette raison que le texte rappelle les difficultés économiques qu'a vécu l'Algérie à la fin des années 80. Le programme prône une économie nationale sans distinction entre le public et le privé, tourné vers la satisfaction du marché intérieur et ouverte au partenariat avec l'étranger, un partenariat qui doit apporter au moins le savoir faire pour le partenaire national. Le quatrième défi évoque la jeunesse algérienne présentée comme un atout majeur pour l'avenir du pays. Le cinquième soulève la question de «la pérennisation et la rationalisation de la politique sociale». Sur ce point, la question de la faillite des caisses de retraite et autres dispositifs d'aide sociale est effleurée. Le sixième défi pointe la nécessité de «modernisation de l'administration» et «l'application juste de la loi» pour tous les citoyens. Sur ce chapitre, le parti du premier ministre reconnait l'existence «de réseaux maffieux qui saignent l'économie et les citoyens». Aussi, il reconnait la prolifération des maux sociaux tel que le banditisme et la consommation de la drogue.

 Encore une fois, le texte revient sur le soutien du RND au président de la République, soutien érigé en «constante» du parti. Juste après, le texte aligne des chiffres déjà connus, et qui figurent dans le programme dit du Président de la République, couvrant la période 2010-2014. Ainsi, le texte parle des 2 millions de logements programmés pour les cinq à venir, des 500 lycées, des 800 collèges ; des 1000 écoles; (?.) des 30 barrages ; des 300 bibliothèques locales et des 3000 infrastructures sportives pour les jeunes. Bref, la lecture de ce programme donne clairement l'impression qu'Ouyahia et son parti s'approprient le travail de toute l'équipe gouvernementale qu'il dirige et surtout le programme du Chef de l'Etat.

Concrètement, sur le plan politique, le RND se déclare pour un régime présidentiel tout en plaidant pour le renforcement du rôle de contrôle du parlement. Mieux, il est favorable à ce que le premier ministre soit issu du parti ou de la coalition des partis majoritaires au Parlement. Sur le plan des libertés, le RND assortit l'ouverture de l'audiovisuel à la condition d'association du capital privé avec le capital public. Du moins pour une période transitoire. Pour le parti d'Ouyahia, «le mouvement associatif doit demeurer indépendant de la politique et des partis politiques». De même, «la mosquée doit rester sous le contrôle de la puissance publique». Sur le plan culturel, le RND propose l'octroi des crédits bonifiés à long terme aux éditeurs et propose l'acquisition de 3000 livres par l'Etat de tout ouvrage publié pour encourager la production intellectuelle. Aussi, il préconise l'accord de subvention allant jusqu'à 50% du montant des productions cinématographiques. Sur le volet économique, une formule retient l'attention. «Nous préserverons la stabilité de la législation sur l'investissement durant les 5 prochaines ans». Probablement le RND vise la règle dite des 51/49 instaurée par la loi des finances complémentaires de 2009 et qui a suscité beaucoup de commentaires et de contestations. Le texte réitère par la suite toutes les dispositions déjà en vigueur concernant l'octroi des concessions du foncier industriel et l'allègement des charges des entreprises. Concernant la PME, le texte affirme la disposition du parti à discuter avec le patronat d'autres facilitations. Le RND estime que l'ouverture totale du marché national est possible à l'horizon 2020. Concernant l'agriculture, le programme du RND se dit favorable au maintien de l'aide de l'Etat accordé à ce secteur et qui atteint la somme de 200 Milliards de DA par an. Il se déclare aussi en faveur du maintien de la mise en valeur des terres agricoles au niveau du sud et des hauts plateaux, entreprise qui coûte au Trésor public 50 Milliards de DA.

Le texte consacre tout un volet à la lutte contre la fraude, l'informel et le crime économique. «La violation de la loi dans le champ économique» présenté comme une dérive fait au moins trois victimes, selon le texte. La première est l'entreprise publique, la seconde est l'entreprise privée parce qu'elle est incapable de résister devant l'importation frauduleuse, et en dernier lieu le consommateur lui-même. A l'endroit des «crimes économiques majeurs tels que les grands détournements, le commerce de la drogue et les trafics commerciaux substantiels» le RND préconise des sanctions exemplaires.

Le reste du texte constitue des professions de foi se rapportant à la jeunesse, au logement et autres sujets déjà évoqués. Ce que nous retiendrons de la lecture de ce programme c'est l'usage des données officielles dont dispose Ouyahia en sa qualité de premier ministre et de membre de l'exécutif depuis plus de dix ans. Autrement dit, ceux qui n'ont pas la possibilité d'y accéder n'ont aucune chance d'élaborer un programme électoral chiffré et se contenteront de «verbiage». Par ailleurs, le programme ne pipe pas un mot sur l'environnement et l'écologie et sur les nouvelles technologies, notamment les NTIC. Aux énergies renouvelables, désormais un enjeu de ce siècle, le programme consacre à peine une phrase.