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Des centaines d'abonnés déconnectés: Les voleurs de cuivre ciblent les quartiers résidentiels

par Sofiane M.

Les bandes spécialisées dans le vol des câbles de cuivre, qui sévis saient généralement dans les communes périphériques, à l'exemple d'Es Senia, Sidi Chahmi, El Kerma et leurs hameaux, osent désormais s'attaquer au réseau téléphonique de la ville, profitant du «relâchement sécuritaire», à El Bahia. Sinon comment expliquer que des voleurs de cuivre réussissent à emporter des centaines de mètres de câbles téléphoniques à Haï Es Salam (ex St Hubert), St Charles, cité Monté Carlo et cité Mouloud Feraoun (ex Perret) ? Conséquence directe de cette progression des vols de câbles téléphoniques, des centaines voire des milliers d'abonnés sont déconnectées, depuis plusieurs semaines à travers le territoire de la wilaya. Le préjudice financier, technique et moral est énorme pour Algérie Télécom et ses abonnés professionnels : les commerçants, les multiservices, les sociétés et autres activités professionnelles pour qui une ligne de téléphone et la connexion à Internet sont indispensables. La situation est devenue insoutenable pour la quasi-totalité des abonnés vu que la moyenne de réparer une coupure de la ligne téléphonique est de deux semaines. La suspension des exportations des déchets ferreux et non ferreux, et en particulier le cuivre, depuis fin 2010 à l'établissement portuaire d'Oran, ne semble aucunement dissuader la mafia du cuivre. Bien au contraire on assiste, ces derniers mois, non seulement à une hausse des vols de câbles téléphoniques et électriques mais aussi à une expansion géographique de ce phénomène. De nombreux équipements nouvellement installés par Algérie télécom ont été ainsi cambriolés aussitôt après leur mise en place dans les zones et les quartiers qui étaient épargnés jusqu'ici par la mafia du cuivre.

La deuxième ville du pays reste ainsi la proie à ces bandes spécialisées qui arpentent les rues en toute quiétude avec leurs véhicules hippomobiles, dès la tombée de la nuit. Où sont passées les patrouilles de nuit de la police et de la gendarmerie? s'interroge le citoyen lambda. Comment des jeunes voyous avec peu de moyens peuvent-ils déconnecter des zones entières de la wilaya (Arzew, Aïn El Beida, El Kerma?) ? Où sont passés les services de contrôle et de répression? Autant de questions sans réponses qui taraudent les esprits des Oranais. La wilaya d'Oran détient le triste record en matière de vols de câbles téléphoniques, rappelle-t-on. Elle est classée première au niveau national avant Annaba et Alger. Au total, c'est plus de 33 km linéaires de câbles téléphoniques qui ont été emportés en 2011 par la mafia du cuivre. Il s'agit d'une véritable razzia à laquelle se livrent ces bandes de malfaiteurs, très bien organisées et qui ont leurs receleurs bien installés, à qui ils revendent pour 120 à 150 DA le kg, le cuivre qu'ils extraient des gaines des câbles qu'ils pillent.

Tous les équipements à base de cuivre sont convoités par les réseaux mafieux (câbles électriques et téléphoniques, compteurs d'eau, canalisations?).

La tonne de cuivre coûte 500.000 voire 600.000 DA sur le marché local. Malgré le démantèlement par les services de sécurité de plusieurs filières versées dans le trafic illégal de câbles de cuivre, le vol de ce produit prospère à Oran. Il est à noter que l'année dernière l'opérateur public des Télécommunications a subi de lourdes pertes à cause des vols des câbles de cuivre.

AT a ainsi déposé plus de 210 plaintes contre X, devant la justice en 2011. Les pertes de l'opérateur sont estimées, selon des sources bien informées, à plus de 16 milliards de centimes. L'opérateur a aussi recensé 40 cas de piétinement sur le réseau téléphonique à cause des travaux menés par des sociétés de prestations de services et en particulier Tramnour, Sonelgaz et la SEOR.