Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Alors que le nombre des sociétés privées est en hausse: Prendre un taxi à Oran: quelle galère !

par Sofiane M.

Le secteur des transports s'engouffre dans l'anarchie totale à Oran. Les usagers sont dans le cœur de la tourmente. Ils sont trimballés d'un bus à l'autre, agressés verbalement et parfois physiquement, victimes des pickpockets et arnaqués par des chauffeurs de taxis sans scrupules. Dans ce dangereux désordre, la direction, responsable de ce secteur névralgique, est aux abonnés absents. Tout le monde a constaté, sans aucun doute, la grave dégradation des prestations de services des taxis à Oran. Le nombre des sociétés de taxis va certes crescendo mais au détriment de la qualité de services. Les usagers se plaignent généralement des chauffeurs des nouvelles sociétés privées de taxis du tissu urbain. Les droits des usagers sont totalement bafoués par les chauffeurs de taxis qui ne respectent aucune règle de bonne conduite.

La scène se passe à Oran Est : un jeune couple, avec deux enfants en bas âge, hèle un premier taxi inoccupé. Le chauffeur ne daigne même pas s'arrêter. Il réduit sa vitesse et apostrophe vulgairement le père de famille : «wine !». L'homme un peu désabusé répond : «centre-ville». Le chauffeur de taxi accélère tout en agitant sa main droite pour dire non. Un deuxième, un troisième puis un quatrième taxi, tous sont bien sûr inoccupés. A Chaque fois c'est la même scène qui se reproduit. La famille est laissée en rade sous un soleil de plomb. Au bout d'une demi-heure, le père de famille décide de changer de stratégie. Il hèle un taxi sans préciser la destination. Enfin un taxi s'arrête. La famille monte à bord. «wine?», lance le chauffeur. «Centre-ville», rétorque l'usager. «Ah ! Si je savais que vous alliez au centre-ville je ne me serais jamais arrêté. La circulation est infernale à cette heure de la journée. Je peux vous déposer seulement près du lycée Lotfi», déclare le chauffeur. «Lycée Lotfi?mais c'est loin khouya. Je veux aller au boulevard de la Soummam». Après plusieurs tractations, le chauffeur accepte. «Je vais vous faire une faveur pour tes deux enfants. Je te dépose à Front de mer», déclare le «taxieur». Et pourtant la réglementation est claire : un taxi en service ne doit pas vous refuser la prise en charge, sauf s'il est occupé. Le père de famille cède finalement à la volonté du chauffeur de taxi. La voiture démarre. Le calvaire de cette famille n'est cependant pas fini. Au lieu de prendre le chemin le plus direct, le «taxieur» fait un long détour pour rejoindre le boulevard de l'ALN. Il serre à droite et roule à vitesse réduite dans l'espoir d'embarquer d'autres clients. A chaque fois que quelqu'un lève la main, le taxi freine énergiquement sans se soucier du bien-être de ses clients. Finalement, la petite famille arrive à bon port. «Combien?», s'interroge le père de famille. «120 dinars !», rétorque le chauffard.

Le client résigné paye la course. Il descend en colère du taxi. Il s'adresse à sa femme : «Je prends régulièrement ce trajet. Le tarif de la course ne dépasse guère les 80 dinars». Le chauffeur de taxi doit en fait prendre le chemin le plus direct, ou alors suivre le trajet indiqué par le client. La mésaventure de cette petite famille n'est pas une exception mais elle tend à devenir la règle dans un secteur livré à l'anarchie. Les clients des taxis ne cessent de se plaindre des «tarifs abusifs» affichés par les compteurs électroniques pour des courses de courte distance. La quasi-totalité des plaintes des usagers concernent les chauffeurs de certaines sociétés de taxis privées qui recourent à des moyens détournés pour surtaxer leurs services. Les sociétés de taxis appliquent le «système de quotas» à leurs chauffeurs qui sont contraints de ramener quotidiennement des recettes entre 1.500 et 2.000 dinars. Les dysfonctionnements des compteurs électroniques sont à l'origine de plusieurs prises de becs entre «taxieurs» et clients.

Une situation due à une concurrence acharnée et aux conditions difficiles dans lesquelles exercent les chauffeurs des sociétés privées de taxis qui obligent leurs personnels à verser des recettes quotidiennes, avant de prendre leur bénéfice. Les usagers se plaignent également des comportements inadmissibles de certains chauffeurs de taxis qui manquent terriblement de professionnalisme.