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Conférence nationale des chefs d'établissements universitaires: Rumeurs et démentis

par Mohamed Mehdi

«Les rumeurs sont la cause de ce malaise», a déclaré hier, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), Rachid Harraoubia, à l'ouverture de la Conférence nationale des chefs d'établissements universitaires, qui s'est tenue à l'Université des sciences et de la technologie Houari Boumediène (USTHB).

Pour le MESRS, le décret abrogé, qui figurait parmi les principales revendications des étudiants qui ont observé une grève pendant près d'un mois, «ne touchait les intérêts d'aucune catégorie des diplômés de l'Enseignement supérieur». Bien au contraire, le département de Harraoubia, explique que si des échelons et des catégories ont été revus à la baisse, «il y a eu hausse de salaires, d'indices de base et d'indices d'échelon».

Un responsable au sein du département de M. Harraoubia a expliqué chiffres à l'appui, comment la nouvelle grille salariale a été bénéfique pour toutes les catégories. Un exemple, celui d'un ingénieur d'Etat à la fonction publique dont la classification, dans l'ancienne grille salariale, était à 16-1 (échelon 5) avec un salaire de 18.821 DA, qui passe la classification 13 (échelon 6) avec un rémunération de 37.596 DA.

Autre élément évoqué par le ministre, la «rumeur faisant état de l'annulation de certains diplômes et l'attribution de titres «d'intellectuels» aux diplômés du nouveau système». «Nous n'avons supprimé aucun diplôme et tout ce qui a été dit est faux»

Concernant les travaux de cette conférence, Harraoubia a mis l'accent sur la nécessité de déboucher sur des recommandations «justifiées scientifiquement». «Les choix ne doivent pas être temporaires. Il est question de baliser le terrain aux générations futures, sur des bases pédagogiques et scientifiques, loin de tous litiges ou débats politiciens», ajoute le MESRS.

Au cours de son intervention inaugurale, le ministre n'a pas caché sa désapprobation de voir certaines revendications estudiantines «aller bien au-delà de l'aspect pédagogique», voire de «créer des oppositions entre les étudiants de l'ancien et du nouveau système».

Rachid Harraoubia a rappelé le contexte du lancement, en 2001, de la réforme de l'Enseignement supérieur. «Nous faisions face à un taux d'échecs qui atteignait parfois les 80%, en plus du très grand nombre d'étudiants. Nous avions des programmes rigides, et il y avait une absence totale, aussi bien de la relation avec le monde économique que de la lisibilité des diplômes», a-t-il déclaré.

«Contrairement aux pays voisins, la réforme de l'Enseignement supérieur n'a pas été appliquée de manière brutale. Les établissements universitaires ont tout le temps de s'y conformer. Résultat, il y a une meilleure visibilité de nos diplômes à l'étrangers (?) et nos universités sont mieux classées», dit-il encore.

Selon lui l'USTHB arrive à la 1.396ème place parmi 30.000 universités dans le monde, et «sur les 25 universités du Maghreb, celle de Constantine vient au 1er rang, alors que d'autres établissements universitaires algériens sont parmi les 13 premiers», ajoute-t-il.

Lors du point de presse organisé à la fin de la séance d'ouverture, le ministre a expliqué le retard de la réaction de son département aux revendications des étudiants et, à ce qu'il qualifie lui-même de «rumeurs», à la différence de fonctionnement de son ministère. «Le ministère de l'enseignement supérieur diffère totalement des autres départements. Son rôle est d'assurer la coordination entre les 90 établissements, qui détiennent une certaine autonomie depuis la réforme, et ont donc le cadre adéquat pour régler certains problèmes scientifiques et pédagogiques. Le ministre ne peut donc pas préjuger d'un acte pédagogique et scientifique sans avoir, au préalable consulter toute la communauté universitaire. Parce qu'il ne s'agit pas d'une décision administrative mais d'un acte pédagogique».

Le ministre a été également interrogé sur d'autres revendications qui ne figurent pas au menu des travaux de cette conférence, comme la «démocratisation de l'université» et «le manque de moyens» soulevé par les étudiants du nouveau système. Concernant le premier point, Harraoubia affirme : «nous avons préféré la démocratisation de la gestion universitaire», au lieu de l'élection des recteurs. Pour lui, «en face d'une dizaine de doyens, il y a autant d'enseignants élus pour représenter la communauté universitaire». Ajoutant que «les Conseils scientifiques sont totalement souverains».

A lui de s'interroger : «est-ce que le fait d'élire des gens fait qu'ils se comportent de manière démocratique ?», dit-il encore à ce sujet.

Quant à la question des moyens, le ministre a affirmé que l'argent existe pour l'achat des équipements, et que son département prendra en charge toute commande en ce sens. Pour ce qui est de la documentation scientifique, Harraoubia affirme que le ministère a débloqué 1,6 milliard de dinars pour des abonnements à des revues scientifiques et autres périodiques disponibles en téléchargements. Les travaux de la Conférence nationale des chefs d'établissements universitaires se sont organisés autour de trois commissions. L'une devant plancher sur «les passerelles à établir entre l'ancien et le nouveau système universitaire», la seconde concerne «correspondance entre les diplômes», devant déterminer la grille salariale de chaque catégorie, et la troisième sur «l'accompagnement pédagogique des étudiants du système LMD». Les résultats de cette conférence devraient être annoncés aujourd'hui ou dans les jours qui suivent.