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Les fausses notes d'un festival

par El Kébir A.

C'est ce soir qu'aura lieu la clôture du festival de la musique et de la chanson oranaises. Le but premier de la tenue même de cet évènement est de faire promouvoir la chanson oranaise, trop longtemps délaissée au profit de la mouvance raï. Effectivement, la chanson oranaise a été, d'année en année, de moins en moins connue des habitants même d'Oran avant de n'être, au final, qu'un vieux souvenir ridé. Cela est un fait, et l'idée même de la création de ce festival, qui signe sa troisième édition, est de tenter de redorer le blason à ce genre de musique, presque inconnue au bataillon de la nouvelle génération de mélomanes et de la réhabiliter donc quelque peu. Ceci dit, en cette année où le festival de la musique et de la chanson oranaises se met plus ou moins à mûrir, avec déjà ses trois ans d'âge, il nous est permis d'émettre quelques petites critiques.

Tout d'abord, la première fausse note qu'on peut relever est la centralisation de la totalité des soirées que compte le festival dans la seule enceinte du théâtre de Verdure. Certes, ce lieu est assez vaste pour pouvoir contenir trois mille places assises mais, ce qu'on aurait aimé voir, c'est un festival où les soirées musicales soient décentralisées et propagées ici et là un peu partout dans la ville d'Oran; c'est-à-dire un évènement au Théâtre régional d'Oran, un autre au Conservatoire, un autre au Colisée, et ainsi de suite.

Et puis, pourquoi consacrer le théâtre de Verdure uniquement pour les soirées en apothéose. Il est à noter à ce propos que le cinéma Maghreb (l'ex-Régent), fraîchement rénové, a jusqu'à cette heure toujours les portes closes, alors que cela aurait été une occasion en or d'inaugurer, par le biais du festival, la reprise de ses activités. Un festival, quel qu'il soit, doit faire en sorte que la ville entière où il se déroule vive à son rythme. Or, on a la nette impression que le festival de la musique et de la chanson oranaises, au lieu d'avoir lieu à Oran, a lieu au théâtre de Verdure uniquement.      Quand on a soumis ces quelques petites critiques à l'un des responsables, il nous a donné raison, mais n'a pas manqué d'ajouter que le problème majeur qui se pose est tout d'abord un problème de budget. «Certes, nous avait-il dit, tout n'est pas parfait dans ce festival, mais je pense qu'il faut relativiser.

Déjà, par rapport à celui de l'année dernière, et de l'année d'avant, on peut noter maintes améliorations; j'espère que celui de l'année prochaine sera encore meilleur que celui-ci; et, soit dit en passant, je trouve bonne l'idée de décentraliser le festival un peu partout, et j'espère que cela se fera dès l'été prochain». Ceci dit, notons au passage, qu'avant-hier, la quatrième soirée du festival, le théâtre de Verdure était tout de même plein à craquer, et cela, notamment du fait que l'accès était gratuit. Effectivement, on pouvait noter sans peine la présence d'au moins trois mille cinq cents personnes, sinon plus. Il s'agissait en fait, d'une façon générale, d'un public assez jeune, composé des deux sexes. Mais on pouvait également noter la présence, de temps à autre, de familles entières, y compris de vieilles personnes venues se remémorer les mélodies d'antan. Pour cette quatrième soirée, le public a eu droit à des chanteurs tels que Sid Ahmed Kataoui, Saïd Wahrani, Omar Ben Chareb et Cheïkh Bendenia venu spécialement de Chlef pour l'occasion, et qui a chanté du Bédoui.

Mais encore, on peut noter la présence d'Amel Atbi, Ahmed Ben Mohamed ainsi que le chanteur Mazouzi.

Le public a eu aussi droit à un duo composé de Karim Mesbah et Naïma qui ont interprété deux chansons.

Et puis, bien sûr, pour ne pas déroger à la règle, des dictons et du medh ont aussi été déclamés, cette fois-ci, par Issad Abdelkader.