Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

«Des solutions se dessinent», selon son PDG: Sonelgaz face à la «paix électrique»

par M. Saâdoune

Un programme d'investissement ambitieux de 3.000 milliards de dinars, soit 30 milliards d'euros, des fonds propres limités et des augmentations de tarifs constamment reportées par le gouvernement, c'est la quadrature du cercle dans laquelle est dangereusement enfermé le groupe Sonelgaz. La situation financière est intenable et les dirigeants du groupe multiplient régulièrement, à demi-mot, les alertes.            Le recours aux banques et aux emprunts obligataires pour financer l'ambitieux programme de développement a gonflé dangereusement la dette de l'entreprise qui, selon son président-directeur général, M. Nourredine Bouterfa, a atteint la somme de 350 milliards de dinars. Le fait que l'entreprise détienne des créances de l'ordre de 30 milliards de dinars à recouvrer notamment des clients de basse tension, n'atténue pas l'importance de la dette. Le problème de Sonelgaz est avec... l'Etat. Pour financer le programme d'investissement, ses responsables demandaient une augmentation des tarifs de l'électricité de l'ordre de 10 à 15%. Cela aurait permis à Sonelgaz d'atteindre un niveau d'autofinancement propre de 30%. Mais cette demande a été constamment rejetée ou reportée - M. Bouterfa estime qu'on y viendra tôt ou tard - par le gouvernement qui ne veut pas mettre de l'électricité sur une situation sociale problématique.

 Le groupe Sonelgaz a eu cependant l'appui constant du ministre de tutelle, Chakib Khelil, qui a estimé qu'il n'existe pas mille solutions mais deux seulement: ou bien les tarifs de l'électricité doivent correspondre aux coûts réels et donc ils doivent augmenter, ou alors il revient à l'Etat de faire un «apport de capital pour équilibrer les comptes de Sonelgaz».

 Il est clair que rester dans l'indécision alors que la dette de l'entreprise grossit et que ses dépenses d'investissements dépassent de deux fois son chiffre d'affaires est intenable. L'insistance ouverte de Chakib Khelil et celle, plus sibylline, de Nourredine Bouterfa, a-t-elle fini par décider le gouvernement ? Le PDG de Sonelgaz a, en effet, indiqué, hier, que les pouvoirs publics examinaient un possible financement de l'entreprise pour lui permettre de poursuivre son programme d'investissement à moyen terme. «Sonelgaz discute actuellement avec le ministère des Finances et celui de l'Energie et des Mines pour trouver des solutions (au problème de financement) au moins à moyen terme, c'est-à-dire d'ici 2013-2014», a-t-il déclaré à la radio nationale. Selon lui, des «solutions se dessinent» pour résoudre le problème. Comment ? «Le financement du groupe doit être supporté par l'Etat et par les consommateurs», a indiqué M. Bouterfa. Si l'apport de l'Etat paraît dans l'ordre des choses, le financement par les consommateurs ne peut signifier qu'une seule chose: une augmentation des tarifs de l'électricité.

 Le gouvernement n'a sans doute pas définitivement tranché mais le patron du groupe de Sonelgaz estime qu'une augmentation est inéluctable. «Tôt ou tard il y aura une augmentation des tarifs». M. Bouterfa a indiqué que son groupe compte «opter pour des financements à long terme, garantis par l'Etat pour poursuivre son programme d'investissements». 40% des 3.000 milliards d'investissements à réaliser d'ici 2019 serviront à augmenter les capacités de production, le reste sera affecté aux projets de transport et de distribution de gaz et d'électricité, selon M. Bouterfa. Selon ce dernier, l'hiver sera sans délestage en raison de la disponibilité d'une capacité additionnelle de 1.500 MW.