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De la crise diplomatique à la confrontation économique

par Kharroubi Habib

Il ne fait aucun doute queles rapports économiques algéro-égyptiens seront, comme écrit par notre consoeur Safia Barkouk dans «El Watan Economie», les grandes victimes du pourrissement que sont en train de connaître les relations entre les deux pays. L'on n'imagine pas en effet que l'Algérie et l'Egypte vont continuer leur partenariat économique comme si de rien n'était. Les dégâts d'une rupture entre les deux pays en ce domaine seront plus lourds pour la partie égyptienne. Pour la bonne raison que depuis quelques années, l'Egypte s'est taillée une place de choix sur la place algérienne, tant en terme d'investissements que du chiffre d'affaires que ses opérateurs économiques y réalisent. Alors que la présence algérienne sur le marché égyptien est pratiquement réduite à sa plus simple expression.

 Pour aussi inévitable que sera la détérioration annoncée des rapports économiques algéro-égyptiens, il faudra cependant raison garder à nos décideurs pour ne pas donner motif aux autorités égyptiennes à conforter par leur propagande l'image d'une Algérie imprévisible dans ses comportements et sans respect pour le droit et les règles qui codifient le partenariat économique international, comme cela est déjà claironné par des milieux d'affaires étrangers dont les intérêts sont contrariés dans notre pays.

 Ce qu'il nous faut éviter, c'est que l'Algérie apparaisse comme un Etat dont on ne peut se fier aux engagements, pour la raison que toute crise diplomatique avec lui affecte inévitablement les intérêts économiques étrangers sur son territoire. Il est bien entendu du droit de l'Algérie de reconsidérer ses rapports économiques avec l'Egypte, notamment en mettant un terme aux facilités et autres avantages qu'elle a consentis à ses hommes d'affaires en considération de la «fraternité et de l'amitié» unissant les deux pays. Mais que cela soit fait en toute clarté et sans spoliation inacceptable au regard du droit.

 Les avanies subies dans notre pays, après les évènements qui ont marqué le match du 14 novembre au Caire, par Orascom Télécom Algérie (OTA), filiale du groupe égyptien Orascom Télécom Holding, sont le type de dépassements que les autorités du pays auraient dû tout faire pour les empêcher de se produire. Le contexte d'indignation populaire contre les exactions commises en Egypte sur nos compatriotes au Caire a certes joué dans cette affaire. Pour autant, cela a produit un signal dans le monde des affaires à l'étranger, qui a quelque peu dévalué l'appréciation positive qu'il accordait à l'Etat algérien en terme de sécurité des investissements étrangers dans son territoire.

 Oui, «l'Algérie doit être respectée sur tous les plans», comme l'a déclaré le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Les Egyptiens auraient dû prendre en considération l'importance de leurs intérêts économiques dans ce pays quand ils ont dressé leur machiavélique plan d'agression et de provocation contre lui. Mais notre réponse doit être en tout réfléchie et en accord avec la loi, les règles et la morale qui fondent la légalité internationale.