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Condamné en France, il se confie au Quotidien d'Oran: «Je n'ai rien à voir avec l'affaire Mami»

par Djamel B.

Condamné par contumace par le tribunal de Bobigny à six années de prison dans le cadre de l'affaire Cheb Mami, Lallali Abdelkader, présenté lors du procès comme l'«homme de main» de Cheb Mami, nie toute implication dans cette affaire, et affirme que la justice française n'est pas allée au plus profond des choses, laissant ainsi place à beaucoup de zones d'ombre dans cette affaire.

Lors de son passage à notre rédaction, il a tenu à donner sa version des faits. « La plaignante parle d'un certain Kader, sans aucune précision. Qui peut prouver qu'il s'agit bel et bien de moi ? C'est Mami qui a décliné mon identité et qui m'a cité, lors de son audition. Moi je m'appelle Abdelkader et le gens m'appellent Kada », affirme M. Lallali. «Dans l'entourage de Cheb Mami, il y a un certain Kader (il cite son nom et son prénom), mais ce n'est pas moi».

Revenant sur ses relations avec la star du raï, notre interlocuteur souligne que Cheb Mami était certes un ami à lui, mais a aucun moment il n'a été chargé de gérer ses affaires. « C'était un ami à moi, j'étais son accompagnateur, mais je me suis occupé uniquement de ses affaires liées à l'immobilier. A aucun moment, il n'y a eu entre nous un acte notarié me chargeant de ses affaires, et s'il possède un tel acte, qu'il le présente », ajoute M. Lallali. Il affirme ne s'être jamais immiscé dans les affaires privées ou intimes de la star du raï. « Mami est quelqu'un de très réservé qui ne faisait confiance qu'à sa famille. D'ailleurs, il a tout fait pour m'impliquer dans cette affaire et préserver des membres de sa famille la plus proche qui sont impliqués », dit Abdelkader Lallali. Ce dernier insiste surtout sur les contradictions dans certaines déclarations, notamment celles de la victime. « La plaignante dit qu'elle avait les yeux bandés lorsqu'elle avait été ramenée dans la villa (interview du Parisien, mai 2009). Comment peut-elle savoir qu'il s'agissait de moi ? Elle dit encore qu'elle était dans un bungalow, puis emmenée dans un taxi. Comment peut-on faire monter une femme les yeux bandés dans un taxi sans que le chauffeur ne réagisse, sauf si, bien sûr, ce chauffeur est un complice ? Et dans ce cas, pourquoi n'a-t-il pas été cité ? Et puis on parle de trois femmes qui ont retenu la victime. Pourquoi elles ne sont pas citées ? Ont-elles été identifiées ? La justice française se devait de compléter son enquête et d'éclaircir ces zones d'ombre », insiste notre interlocuteur.

Il affirme avoir coupé toute relation avec Mami en avril 2005, pour des raisons liées à des dettes d'argent. « Malgré cela, Michel Lévy m'a contacté en juillet 2005, soit plus de deux mois après avoir mis fin à ma relation avec l'artiste, et m'a informé qu'Isabelle Simone (la victime) était enceinte, qu'elle voulait garder l'enfant et que Mami était très en colère. Lévy m'a affirmé que toutes les tentatives pour convaincre Simone d'avorter se sont avérées vaines. Michel m'a en outre révélé qu'il y a eu une autre tentative de la faire avorter, sans son consentement, dans un pays voisin, mais le médecin s'est désisté à la dernière minute...

Là aussi, le passeport de la plaignante a-t-il été vérifié ? J'ai répondu à Lévy clairement qu'il était quasiment impossible de la faire avorter en Algérie, avec ou sans son consentement, les lois étant claires à ce sujet. Lorsque j'ai dit non, Mami m'a contacté pour me dire qu'il n'avait pas besoin de mes services... », déclare M. Lallali, qui se demande en outre pourquoi la plaignante n'a pas déposé plainte en Algérie, puisque les faits se sont déroulés sur le sol algérien. « Pourquoi avoir attendu plus d'une année, entre août 2005 et septembre 2006, pour déposer plainte en France. Y avait-il négociation entre les deux parties entre-temps ? ».

M. Lallali soutient qu'il « n'a jamais été convoqué par la justice française. Cela veut dire que j'ai été cité à la dernière minute. Du 28 au 29 août 2005, j'étais avec deux amis qui sont prêts à témoigner à tout moment...», déclare encore Abdelkader.

Concernant sa condamnation, M. Lallali indique avoir engagé un avocat en France « qui va prouver mon innocence, tout en soulevant les vices de forme dans cette affaire.

Je lui ai demandé de faire appel, ce qu'il a d'ailleurs fait. Je lui ai aussi demandé que mon dossier soit transféré à la justice algérienne, car j'ai confiance en la justice de mon pays et puis je suis algérien... », ajoute le même interlocuteur.

Pour conclure, M. Lallali affirme que tout a été fait pour l'impliquer dans cette affaire. « Je n'ai jamais parlé de la vie de Mami, ni lui fait du mal. Je l'ai toujours soutenu, j'ai été derrière toutes ses actions caritatives, que ce soit au profit des victimes des inondations de Bab el-Oued ou ceux du séisme de Boumerdès, et on me montre comme un diable. Aujourd'hui, malheureusement, il m'oblige à me défendre, car moi aussi j'ai une famille, une belle-famille et une image à préserver. En tout cas, mon avocat d'Alger tiendra incessamment un point de presse à travers lequel il s'étalera sur tous les points de ce dossier », conclut M. Lallali Abdelkader.