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Un stage pas comme les autres à l'Institut Cervantès: Des dessins animés réalisés par des enfants

par Ziad Salah

Depuis samedi dernier, une vingtaine de jeunes filles et garçons suivent un stage de formation de dessins animés à l'Institut Cervantès d'Oran. Ce stage, qui doit durer jusqu'à aujourd'hui, est assuré par une équipe venue d'Espagne composée de trois spécialistes. La langue de communication ne semble pas poser un grand fossé entre les enfants et les formateurs, puisque la plupart des enfants suivent des cours d'espagnol dans ce centre. L'équipe des formateurs porte le nom de PDA (Petits Dessins Animés). Avant de séjourner à Oran, cette équipe a effectué le même stage à Amman, en Jordanie, et un stage similaire à Prague, en Tchéquie. On nous a assuré que les produits finis de ces stages seront projetés au niveau de la télévision espagnole. Notons que le centre Cervantès a assuré le matériel pour le stage : des crayons de couleurs, du papier, de la craie en cire et des tableaux. L'équipement audiovisuel est fourni par les hôtes d'Oran.

Mais, avant d'entamer à proprement dire le stage, les enfants ont été invités à imaginer une sorte de scénario. Chacun d'eux a pris part à cette entreprise en fournissant une idée formulée dans une phrase. L'exercice, très spontané, laisse clairement transparaître les préoccupations de nos gosses. L'encombrement des voies de circulation et le bruit figurent en bonne place de leurs préoccupations, apparemment acquises à l'écologie. D'ailleurs, parmi les planches réalisées, une se rapporte à ce sujet, puisqu'elle représente le grand encombrement des voies de communication de la cité. L'eau semble elle aussi bénéficier de l'intérêt des bambins. Dans cet ordre d'idées, un des encadreurs nous confiera que les enfants oranais semblent plus critiques que ceux d'Amman et moins «inondés» d'images et d'informations que ceux de Prague. La lecture du document ayant servi de base pour l'élaboration du scénario est très instructive. Un des enfants parlera de son amour pour son grand-père, perçu comme étant très fort puisqu'il a tué vingt-quatre soldats lors de la guerre de Libération. Un autre exprimera en des termes très simples le chômage sévissant dans le pays en parlant de son frère aîné, à qui il voue de l'amour, mais qui ne travaille pas. La violence à l'école est elle aussi présente dans les remarques des petits, puisque l'un d'eux s'interroge sur les coups qu'il reçoit de la part d'une de ses enseignantes. La religion et la famille sont des repères marquants et liés dans l'imaginaire de ces enfants : plus d'un a évoqué ses parents et la prière qu'accomplit soit sa mère ou son père.

Mais, au-delà de ces renseignements, ce stage a une grande valeur pédagogique pour des enfants gros consommateurs de ce genre de production culturelle dispensée par toutes les télévisions. Dans la grande salle de conférence du centre Cervantès, transformée en atelier, les enfants semblent dans leur élément. Ils ont découvert que grâce à des caméras de plus en plus miniaturisées, un ordinateur et quelques bricoles, ils peuvent s'inscrire dans un processus de création. Voilà une des premières leçons de ce stage...