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Nécessité fait loi

par K. Selim

Ceux qui ont écouté hier le ministre algérien des Affaires étrangères parler de l'accord d'association et des relations avec l'Europe ont dû remarquer son «attitude positive», qui tranche avec le discours acide, voire véhément que l'on a pris l'habitude d'entendre en Algérie. Et pas seulement dans la bouche des patrons algériens, qui eux ont quelques raisons concrètes de ne pas aimer l'accord d'association.

Bien entendu, M. Medelci est trop intelligent pour ne pas ignorer des réalités « préoccupantes» comme la faiblesse, voire la quasi-inexistence des exportations algériennes hors hydrocarbures et le peu d'entrain des investisseurs européens à venir produire chez nous. L'appréciation très positive, chaleureuse même, qu'il a faite de la 4e réunion du Conseil d'association entre l'Algérie et l'Union européenne n'est pas un simple exercice diplomatique. Elle correspond au fond à l'appréciation initiale du pouvoir algérien au moment de la conclusion de l'accord : ses avantages l'emportent sur ses inconvénients.

Si quatre ans après la conclusion de l'accord, on a tendance à mettre en avant les inconvénients, M. Medelci est venu rappeler les avantages escomptés : de l'investissement pour développer en Algérie la production des biens et des services. C'est bien l'objectif, celui qui devait permettre une diversification de l'économie, créer des emplois durables..., mais qui ne s'est pas réalisé. Le pouvait-il d'ailleurs dans un laps de temps aussi bref ?

Mécaniquement, les démantèlements tarifaires ont entraîné un gonflement de la facture des importations sans stimuler l'arrivée des investissements. Pourquoi investir quand on peut dégager de meilleures marges en ne s'impliquant que dans la distribution ? Mais Medelci semble espérer qu'ils finiront par venir. Un forum des investisseurs européens en Algérie devrait se tenir dans les prochains mois afin, sans doute, de mieux «vendre» la destination Algérie.

Mais il ne faut pas vraiment se bercer d'illusions. Les investisseurs potentiels n'attendent pas ce genre de rencontre pour s'informer des opportunités et des contraintes qui prévalent sur le marché qu'ils ciblent. Ces derniers mois, ils ont eu tendance, en réponse à des mesures de cadrage du gouvernement destinées à brider les importations et les transferts, à mettre en avant un problème « d'instabilité juridique». Avant ces mesures de cadrage, les investissements européens ne couraient pas les rues du pays. L'argument est venu a posteriori apporter une réponse aux critiques algériennes.

Il faut aussi noter que des experts algériens estiment que l'approche systématique n'est guère judicieuse : imposer la règle des 51/49% dans tous les domaines d'activité n'est une garantie d'efficacité. On aurait aimé savoir - la question ne lui a pas été posée - ce que les Européens ont dit à Medelci au sujet des mesures d'encadrement de l'investissement étranger décidées par le gouvernement algérien. Mais de ce qu'on a entendu des propos ministériels, on sait clairement que l'Algérie reste engagée dans l'accord d'association. Par nécessité plus que par choix...