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Droits de l'homme : Washington accuse, Alger récuse

par Mahrez Ilies

Le dernier rapport 2008 sur les droits de l'homme en Algérie, rendu public le 25 février par le département d'état américain, a soulevé l'ire du ministre de l'intérieur, M.Nouredine Yazid Zerhouni, qui conteste la majeure partie du document. «Nous démentons formellement l'essentiel des éléments négatifs dans ce rapport», a souligné M. Zerhouni, cité par l'APS. Le rapport du département d'état, très bien documenté, revient largement sur la liberté de presse, les détentions et arrestations arbitraires, les dénis de justice, l'accès à internet. Grosso modo, le département d'état US revient sur l'état des droits de l'homme en Algérie qui gagneraient à être améliorés. Le même rapport aborde également la torture et les détentions arbitraires liées à la lutte antiterroriste. Bref, un rapport qui ne donne pas que de bons points à l'Algérie en matière de droits de l'homme, particulièrement pour la liberté d'opinion, de presse et d'accès à internet, et dans la lutte contre le terrorisme.

Zerhouni, naturellement, n'apprécie pas : ''que les gens nettoient devant leurs portes», a-t-il dit. Mais, plus ''diplomate'', il estime encore que dans ce rapport, «il y a énormément d'éléments positifs» sur l'Algérie. «Je ne crois pas que l'Algérie a de leçons à recevoir de la part d'un certain nombre d'observateurs», a-t-il encore ajouté. Il ajoutera, en lançant que «c'est aux Américains de nous parler de ce qui se passe à la prison de Guantanamo». «Toutes nos prisons sont ouvertes aux organisations des droits de l'homme et qui sont reparties convaincues que l'Algérie est un Etat de droit», a encore ajouté le ministre de l'intérieur visiblement irrité par le rapport US sur les droits de l'homme en Algérie. Selon ce rapport, les services de sécurité algériens ont abattu, blessé ou arrêté en 2008, 1000 terroristes, dont 321 sont morts. Le même rapport revient sur les attentats terroristes à Alger et dans les banlieues algéroises, ainsi que sur les assassinats de civils.

Le même rapport a, en outre, fait réagir Mohamed Saïd, candidat à l'élection présidentielle. Dans un communiqué, il estime que ce rapport ''confirme si besoin en était l'absence de neutralité et d'objectivité quand il s'agit de certains alliés des USA dans le monde''. Il citera ainsi le cas de la dernière agression d'Israël contre les palestiniens à Ghaza, parlant de crimes contre l'humanité. Pour lui, les Etats-Unis ne sont pas bien placés pour parler de respect des droits de l'homme quand ils ferment les yeux sur ''les crimes contre l'humanité commis par Israël en Palestine occupée, ou bien les bombardements de civils en Afghanistan par l'aviation américaine qui sont passés sous silence''. Tout en relevant que le rapport du département d'état passe sous silence le grave scandale qui avait éclaboussé l'ancien chef d'antenne de la CIA en Algérie, accusé de viols sur des femmes algériennes qu'il droguait auparavant, il relève cependant que ce rapport, en revanche, se fait fort ''d'épingler l'Algérie sur la situation des droits de l'homme qui prévaut actuellement dans le pays. Pour Mohamed Said, ''les accusations portées, quel que soit leur degré de gravité, interpellent toutes les forces politiques vives pour s'unir afin de transformer la construction de l'Etat de droit en réalité tangible sur le terrain'' appelant ''les forces vives du pays à unir leurs efforts pour imposer le respect des libertés fondamentales, des droits de l'homme et du citoyen, et obtenir la levée de l'État d'urgence''. Le rapport US, s'il revient sur la situation globale des droits de l'homme en Algérie, n'en relève pas moins les dissonances criardes sur ce dossier, qui a toujours constitué un pain béni pour l'opposition politique et les états qui se réclament de la démocratie.