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Tlemcen: Des oliviers menacés

par Khaled Boumediene

Les bons gestes ancestraux de la cueillette des olives semblent de plus en plus disparaître. En effet, de nombreux jeunes et adolescents en difficulté s'adonnent ces jours-ci à la cueillette des olives vertes encore un peu jeunes aux abords des routes.

Ces jeunes grimpent aux arbres, scient et font tomber des branches chargées d'olives pour les ramasser ensuite à la main. Ce qui soulève de nombreuses réactions de la part de certains habitants, qui dénoncent un acte de malveillance incompréhensible et inacceptable : «Je suis vraiment écœuré par ces nombreux groupes de jeunes qui sectionnent et coupent les branches, au vu au su de tout le monde, et ramassent leurs olives où l'huile est à son minimum dans les fruits ! Ce qui est étonnant, c'est que personne ne s'oppose à ces pratiques nuisant aux oliviers d'ornement plantés aux abords des routes nationales et chemins de wilaya ou empêche ces indu-cueilleurs lorsqu'ils sont à l'œuvre ! Le préjudice est estimé à plusieurs centaines d'arbres endommagés», souligne Djillali Lahcène, un enseignant retraité, habitué des randonnées pédestres à travers les champs agricoles de Hennaya où se dressent de nombreux oliviers de petites et grandes tailles le long des routes de Sidi-Abdelli, Remchi, Ain Youcef, Amieur et Bensekrane. Ce dernier montre du doigt le laxisme de certains responsables qui ne font rien pour sauvegarder ces arbres abandonnés mais qui peuvent constituer une source de revenus supplémentaires pour le secteur de l'agriculture ou les collectivités locales, si un intérêt leur est seulement accordé. «Je suis toujours étonné de voir que d'année en année, le ramassage des olives a lieu de plus en plus tôt, alors que les olives sont encore vertes parfois. Contrairement aux oliviers des champs et des exploitations agricoles qui sont bien surveillés par leurs propriétaires, ces oliviers se trouvant en dehors des exploitations agricoles et des oliveraies n'appartiennent pas à des agriculteurs ou au secteur agricole. Ils sont laissés à leur sort depuis des années. C'est pour cela, qu'ils sont en proie à de fortes dégradations de la part de ces jeunes et adolescents dont le souci est la consommation ou la vente des fruits à certains collecteurs d'olives ambulants pour les revendre aux moulins et huileries. Actuellement ces olives avant maturité sont cédés à 70 DA le kilogramme pour en faire des olives de table noircies avec des colorants acides», précise Djillali Lahcène.

Selon un responsable de la chambre agricole de Tlemcen, «des actions de sensibilisation doivent être menées en direction des jeunes et adolescents pour les convaincre d'éviter de tels actes nuisibles aux oliviers situés aux abords des routes. Ces arbres une fois endommagés ne peuvent plus produire leurs olives les années prochaines. Il faut retenir aussi que pour obtenir le meilleur rendement, les olives doivent être idéalement ramassées en novembre ou décembre avant que les températures ne descendent en dessous de 5 °, et en dehors des périodes de pluie. Chez l'olive, la véraison s'étale sur plusieurs mois. Les olives vertes commencent alors à virer au brun rougeâtre, puis au brun violacé avant de devenir progressivement noires, signe qu'elles sont arrivées à maturité».