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La terre agricole «bétonnée»

par Belkacem Ahcene Djaballah

Depuis un certain temps, on note que pas mal de walis, entre autres, s'emportent contre les constructions illicites. Tout particulièrement dans et autour des villes, villages et nouvelles cités. Un certain moment, ils y étaient allé «franco» et il a fallu que le Chef de l'Etat y mette le holà, en Conseil des ministres (dont le Cm en date du 30 avril 2023) demandant tout simplement de respecter les usages (ex: pas d'expulsion en période hivernale) et surtout de ne pas commettre d'impair, des innocents payant pour et/ou avec les coupables. Les constructions illicites ont foisonné, tout particulièrement durant les années 90 et 2000, bien des Apc (suivez mon regard !) et des Dec ayant autorisé les excroissances, le plus souvent hideuses, ou fermé les yeux, parfois contre on ne sait quels « avantages » politiciens ou matériels. Et, peu de réclamations ou protestations des habitants et des commerçants « légaux » ont réussi à faire sauter les verrous bureaucratiques de l'Administration, des Autorités ou de la Justice, parfois chacun se rejetant la balle.

On se retrouve donc, aujourd'hui, avec un paysage urbain et suburbain, allant des Hauts-plateaux au littoral, défiguré, assez difficile -mais, pas impossible- à « relooker ». A l'image de toutes ces constructions non « terminées » où le rouge des briques nues domine! A l'image de toutes ces constructions, parfois luxueuses, « terminées » mais non « finies » avec, toujours, une façade abandonnée! A l'image de tous ces commerces assez intéressés par les affluences consuméristes mais pas du tout concernés par leurs façades en détresse ou crasseuses et leurs proches trottoirs non nettoyés. Cela fait que tous les efforts entrepris par l'Etat dans le cadre de la rénovation d'immeubles, de cités et de quartiers, sans la relève citoyenne, sont vains au bout d'une petite période de grâce. Mais le plus grave n'est pas, n'est plus là. Le plus grave est dans la « colonisation » bétonnière des terres à vocation agricole. Et ce, malgré des lois et des instruments d'urbanisme, à commencer par le Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT), qui insistent sur l'impératif de préserver ce foncier. Il est vrai que les demandes sont multiples et la croissance économique et industrielle pressante, mais tout ceci ne devait et ne devrait, en aucun cas, menacer notre sécurité alimentaire, l'agriculture étant sa part sinon vitale du moins essentielle. Que de terres fertiles ont été occupées et bétonnées et que de piémonts infertiles et parfois caillouteux, mais constructibles, ont été ignorés. Pourvu que? ça ne dure pas! A vrai dire, si les choses avaient été faites correctement, on ne serait pas en train de (trop) fantasmer autour de l'agriculture saharienne qui a, certes, ses bons rapports (surtout à court terme) à condition qu'il y ait un bon usage de la ressource hydrique souterraine, mais aussi ses lourdeurs et ses limites.