Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

« Motifs impérieux »

par Amine Bouali

Afin de freiner la propagation de l'épidémie de Coronavirus, la France- comme certains de ses voisins du vieux continent- a fermé, à partir de ce dimanche 31 janvier, ses frontières aux pays à l'extérieur de l'Union européenne, «sauf motif impérieux». Nous avons eu la curiosité de consulter la liste de ces «motifs impérieux» que le ministère français de l'Intérieur a divulgué hier sur Internet.

Ainsi, parmi les personnes de nationalité étrangère autorisées à rejoindre, malgré la fermeture des frontières, le territoire français, figurent - faudrait-t-il s'en étonner ?- les étudiants inscrits dans des universités françaises et titulaires d'un visa, les professeurs ou chercheurs se déplaçant à des fins d'études ou d'enseignement et, bien sûr, «les professionnels de santé concourant à la lutte contre la Covid 19».

La chasse aux cerveaux, notamment ceux des pays défavorisés, continue ! Les disciples d'Hippocrate sont particulièrement recherchés en cette période de crise sanitaire aiguë.

Des avantages très alléchants sont même mis en avant pour appâter ces compétences étrangères, y compris les plus réticentes.

À Paris, en septembre dernier, la ministre Marlène Schiappa a donné instruction d'«accélérer» et «faciliter» la naturalisation française des ressortissants étrangers «qui sont mobilisés, en première ligne, durant la pandémie de Covid-19» (elle visait sûrement, en premier lieu, les diplômés en médecine).

Comme à l'accoutumée, les pays du Nord se comportent de manière égoïste (pour ne pas employer un autre adjectif plus incisif !) en encourageant particulièrement les jeunes médecins provenant des pays du tiers-monde à rejoindre leurs hôpitaux en cette période de grave épidémie, au détriment des pays défavorisés qui ont pourtant expressément besoin de tous les praticiens qu'ils ont formés pour apporter les soins nécessaires à leur propre population.