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Un autre «hirak» !

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Selon un spécialiste en «transformation et maturation numérique», l'Algérie a (déjà) investi des dizaines de milliards de dollars dans le secteur des Tic durant les 20 dernières années. Nous avons, selon lui, le plus grand réseau de fibre optique du continent. Nous disposons d'une télé-densité mobile de + 103% et une pénétration internet proche de + 90 % (fixe + mobile). Quelle belle «autoroute de l'information !» Nous avons..., nous avons... Mais, sommes-nous ?

Un paysage et un discours que l'on pourrait transposer à d'autres domaines. Ainsi pour décrire celui des Tp avec son « autoroute ( ?) automobile ». Ainsi...

Et pourtant, on se retrouve, ici et là, et presque tout le temps, sur le plan international, mal classés. Dépassés souvent par des pays ayant bien moins de moyens matériels et financiers. Peut-être, toujours, selon le spécialiste, parce que les organismes se chargeant de cela - l'internet - « basent leurs mesures et calculs sur l'utilisation et l'appropriation de l'internet fixe et sur le principe que seule sa démocratisation permet au citoyen, quelle que soit sa condition, de pouvoir s'informer et d'accéder aux services en ligne au moindre coût ».

L'internet, levier de croissance par excellence de toute économie ! Elémentaire !

Avec le nouveau gouvernement (qui comprend - enfin - en son sein un ministère chargé de la Numérisation, un ministère de la Poste qui revient -enfin - à ses missions premières et un ministère du Commerce qui se soucie, enfin, du e-paiement), il est à espérer que les vœux des uns et des autres ne restent pas pieux face aux « mauvaises » habitudes (à l'exemple l'utilisation, actuellement, d'un appareil téléphonique mobile (?3aich la vie ») et d'un micro plus à valeur-loisir qu'à valeur-utilitaire à l'image du conducteur automobile qui voit et utilise l'autoroute (sic !), comme une route nationale ou, pire, de wilaya plus rapide seulement) bien implantées chez le citoyen commerçant ou consommateur.

Il est vrai qu'en Algérie, en matière d'usage « utile » des Tic (depuis l'apparition de la télé satellitaire jusqu'au téléphone portable en passant par le photocopieur et le télécopieur et la radio transistor qui date de l'époque coloniale), nous avons toujours été en retard d'une révolution technologique.

Nous ? Pas le citoyen toujours à l'affût de la nouveauté pour contourner les contrôles et toujours en « avance » d'une technologie. Pas le fabricant ou le « monteur » de la quincaillerie (algérien ou étranger) toujours à l'affût d'un client, l'informel et le « cabas » faisant le reste. Plutôt Elle !

L'A.d.m.i.n.i.s.t.r.a.t.i.o.n et ses entreprises publiques et leurs comportements bureaucratiques, autoritaristes, « contrôlaristes » (ce qui pose, encore, le problème des statistiques, base de toute vision prospective sérieuse), « affairistes » ces dernières décennies favorisant l'achat de gros équipements inutilisables (ou le lancement de travaux « pharaoniques »), comportements tous castrateurs ou, au minimum, retardateurs. Résultat des « courses » (sic !) : des rapports et des projets sans lendemain, du contenu sans épaisseur, du contenant sans contenu, des grands « machins » aux personnels pléthoriques, de la quincaillerie inutilisée et, obsolescence oblige, rapidement inutilisable, des cadres formés à bonne école qui font le bonheur de pays étrangers.

Vivement un « Hirak » administratif anti-bureaucratique !