Pourquoi fait-on agiter régulièrement, ces dernières
années, le spectre de l'augmentation des tarifs de consommation d'électricité
et de gaz ? Depuis au moins 7 ans, on a droit à des sorties cycliques des
ministres en charge du secteur pour venir tranquilliser les Algériens, en
apportant un démenti aux rumeurs en circulation qui font état, elles, d'une
hausse des tarifs en question. Si rumeur il y a, elle est
de
très faible impact avant qu'un ministre ne vienne la répercuter et lui donner
un statut officiel. Ainsi, faisant perpétuer ce qui est devenu une tradition,
le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, a mis fin hier aux spéculations,
circulant de façon épisodique, sur une éventuelle augmentation des tarifs de
l'électricité et du gaz pour les ménages. Affirmant que «l'augmentation des tarifs
de l'électricité et du gaz pour les ménages n'est pas à l'ordre du jour». Mais
dans la foulée, il confirmera qu'il y a bel et bien un réajustement des prix
qui sera appliqué aux gros consommateurs, à l'image des grands hôtels et autres
complexes touristiques. Si l'annonce est faite pour rassurer les ménages, les
professionnels du secteur, déjà très mal en point suite à l'arrêt de leurs
activités durant la haute saison à cause de la pandémie du Covid-19, peuvent
s'arracher les cheveux. Au moment où ces derniers s'attendent à des soutiens de
la part des pouvoirs publics pour encaisser le choc dû à la paralysie quasi
totale des activités du tourisme, on vient les assommer avec l'augmentation des
tarifs de consommation d'électricité et de gaz ! C'est vrai que les prix réels
de l'énergie électrique sont plus importants que ceux appliqués sur les
factures, car en réalité, ces prix oscillent entre 8-12 DA/kWh, alors qu'ils
sont facturés actuellement à 4,2 DA/kWh, comme l'a rappelé le ministre de
l'Energie par la même occasion, non sans souligner le grand préjudice pour
l'Etat creusé par cet écart. La hausse des tarifs de l'électricité et de gaz,
source de mécontentement des ménages, qui voient que les factures sont assez
salées sans qu'on aille plus loin, ne peut pas échapper à l'exploitation par
ceux qui soufflent sur la braise des tensions sociales. On a vécu cela par le
passé, chose qui peut expliquer ces sorties successives des ministres en poste,
pour contrer la rumeur et rassurer les citoyens. Mais là n'est pas toute
l'explication, car le spectre de la hausse des tarifs de consommation
d'électricité et de gaz sert aussi d'appel aux autorités centrales, ou de
pression, pour les pousser à allonger des enveloppes financières, en tant que
subventions à la société afin de couvrir ses pertes entre les prix réels et
ceux moitié moins chers appliqués, et lui permettre de réaliser son imposant
programme d'investissement. L'un des anciens ministres de l'Energie, en poste
en 2017, avait clairement avoué, sans agiter aucune rumeur malveillante,
qu'éviter d'augmenter les tarifs d'électricité et de gaz mettrait la Sonelgaz en péril et forcerait le gouvernement à mettre la
main à la poche. Comment éviter alors ces analogues retours sur scènes ? Le
solaire constitue la solution idoine, qui pourrait à terme non pas de réduire
seulement le prix de la consommation d'électricité (sans le gaz) mais le rendre
gratuit par phases de surplus de production. Une éventualité très plausible
dans un pays couvert de soleil à longueur d'année.