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Mourir en vrac !

par El-Houari Dilmi

Sujet beaucoup plus alarmant que le sachet de lait pasteurisé qui capte l'attention du gouvernement, à quelques semaines du mois de tous les soucis, s'il est une première marche du podium que l'Algérie mériterait amplement, c'est bien celle du terrorisme routier. Seul pays au monde où ses citoyens meurent en vrac ou restent handicapés à vie, près de 25.000 accidents et plus de 3.000 morts, chaque année, plus qu'un bilan de guerre ou une catastrophe naturelle. Une situation si dramatique que même le Conseil des ministres s'est penché sur le sujet, pour tenter de sauver des vies de la mort la plus atroce qui soit.

Comme une pilule de suicide, mais pourquoi les Algériens veulent « s'euthanasier » sur nos routes défoncées, puisque, selon les pouvoirs publics, la dimension psychologique, voire psychiatrique, est largement mise en cause chez le commun des conducteurs algériens.

Avec une lourde ardoise de 100 milliards de dinars, annuellement, le Conseil des ministres est allé jusqu'à estimer que les accidents de la route sont devenus « un enjeu majeur », surtout que « toutes les mesures préventives et dissuasives prises jusqu'à présent pour mettre fin à ce phénomène ont montré leurs limites ». Ainsi, le Président Tebboune pense avoir trouvé le moyen en criminalisant « tout comportement dans la conduite, notamment en ce qui concerne les moyens de transport collectif et scolaire ».

Parce qu'il s'agit, d'abord, du facteur humain responsable de la quasi-totalité des accidents mortels, même les imams seront, - pour la énième fois -, mis à contribution pour aider à la sensibilisation, lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres qui menace de « sanctionner les employeurs qui recrutent des conducteurs sans s'assurer, au préalable, de leur état de santé psychologique et psychiatrique et de leur parcours professionnel ». Mais tout ça risque bien de rester de la simple rhétorique dans un pays où, il est vrai, la santé mentale de l'Algérien est à l'origine de beaucoup de dérèglements dans notre vie sociétale, du préscolaire jusqu'à l'université, de l'épicier jusqu'à l'imam, du petit bureaucrate jusqu'au plus gradé des cols blancs !